The Bunker s’affiche ainsi d’emblée comme un récit de science-fiction mêlant voyage dans le temps et perspective apocalyptique. Il se trouve enrichi par une dimension de huis-clos psychologique puisque les relations entre les cinq héros s’avèrent au fondement de l’intrigue, entraînant péripéties et rebondissements.
Et de ce côté-là, le comics remplit son office : action et suspense sont au rendez-vous et l’on se trouve rapidement pris par le rythme soutenu, plutôt haletant. D’autant que le montage narratif, éclaté entre deux temporalités - présent et futur - et les différents personnages, rapidement séparés, renforce l’aspect mystérieux de l’intrigue.
Graphiquement, le style adopté par Joe Infurnari pourra freiner certaines lecteurs. Un trait volontairement rugueux, voire brouillon, et certaines maladresses, mais une matière qui se donne à voir aussi et confère de l’épaisseur au récit. Notamment par un travail sur l’atmosphère, inquiétante à souhait, trahissant bien le malaise des personnages, même si cela se fait parfois aux dépens de la stricte lisibilité.
Mais The Bunker nous semble parti pour affronter deux écueils d’importance. Le premier concerne le thème du voyage dans le temps et les inévitables paradoxes temporels auxquels cette histoire va se confronter. C’est risqué et il faudra une véritable maîtrise du scénario pour ne pas laisser passer certaines contradictions. D’autant que Joshua Hale Fialkov attaque fort à ce niveau.
Le second écueil, consécutif du premier, concerne le caractère hermétique, vainement compliqué de l’intrigue. Si les rebondissements s’enchainent, ils dénotent pourtant un caractère automatique et l’on sent déjà poindre les potentiels renversements de situation ou de perspectives, les "méchants" passant "gentils" et inversement.
Indéniablement The Bunker tient de la série Lost, au-delà même de la figure tutélaire que constitue le bunker lui-même, et qui est l’occasion d’ailleurs pour les personnages d’affirmer eux-mêmes ce patronage. Si l’on peut s’attendre à une aventure trépidante et pleine de rebondissements, on peut craindre aussi, au vu de certains développements de ce premier tome, une structure qui tournerait parfois à vide.
(par Aurélien Pigeat)
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