La mise en avant des scénaristes n’est pas si fréquente pour qu’on s’intéresse à celle d’Alexandro Jodorowsky en couverture de ce numéro de Mars. Sous un magnifique portrait signé de son vieux complice Moebius, le père de l’Incal et des Métabarons fait l’objet d’un dossier qui applique le principe du désormais traditionnel abécédaire. L’artiste s’est manifestement prêté de bonne grâce à cet exercice et nous invite à découvrir quelques-unes des facettes d’un auteur polyvalent, incroyable touche à tout, à la fois modeste et attachant et génial !
D’autres sont là pour compléter ce tour d’horizon : Éric Adam (Les carrés, d’Artagnan aux éditions Vents d’Ouest), Olivier Jouvray (Lincoln, chez Paquet) ou Damien Marie (Welcome to Hope, Grand Angle, Bamboo), une nouvelle génération de scénaristes qui a aussi des choses à dire et…à écrire.
Le magazine fait toujours la part belle aux auteurs du moment, et saisit l’occasion d’élargir le dialogue avec ces créateurs afin d’aller au-delà du service de presse complaisant et incolore. C’est particulièrement vrai avec une présentation consistante du très beau travail de Mathieu Gabella et Anthony Jean dont le troisième épisode de la Licorne sort ces jours–ci. Interview fleuve et croisée pour ces deux jeunes auteurs dont la revue se fait l’écho de la rentrée éditoriale fracassante.
Emmanuel Lepage (pour Oh ! les filles chez Futuropolis) et Béatrice Tillier (Le Bois des vierges) bénéficient eux aussi d’un traitement de faveur dans ces colonnes à partir d’entretiens abondamment illustrés.
Autres tendances, un peu plus loin, c’est Hélène Bruller (Madame Zep… à la ville) qui se livre aux délices de l’entretien, à propos de son récit autobiographique Hélène Bruller est une salope (eh oui, c’est le titre !) chez Vent des savanes ; la dame ne mâche pas ses mots et fait preuve d’une belle franchise mais reste assez discrète sur un projet éditorial à venir en collaboration avec le papa de Titeuf, patience !
Autre style avec Debeurme (Le grand autre édité par Cornélius) un auteur à la démarche atypique et singulière et qui ne laisse certainement pas indifférent, à découvrir !
En réduisant la part des actualités à l’essentiel, en consacrant une vingtaine de pages à l’analyse critique des nouveautés, dBD confirme son recentrage sur les auteurs en leur donnant autant que possible la parole ou … le crayon ! Soulignons encore une fois l’intérêt d’une revue qui à travers la grande qualité de ses choix iconographiques, la générosité de sa mise en page témoigne d’un profond respect des auteurs qu’elle présente. Quel meilleur moyen de lutter contre une certaine désaffection pour les « revues-papier » que de miser sur une telle mise en valeur de leur contenu ? C’est le pari de Frédéric Bosser et de son équipe, un pari audacieux par ces temps de concurrence farouche, mais qui mérite vivement d’être encouragé !
dBD n° 21, en vente dans tous les kiosques, 8,90 € et sur le web.
(par Patrice Gentilhomme)
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