Le quatrième tome fut sans conteste le plus révélateur, psychologiquement, de cette série. Car le père de Jin est un fin psychopathe, capable d’ébranler les plus solides certitudes. Même le lecteur aura émis des doutes quant au rôle de notre jeune héros… Un trouble que Carnby Kim apprivoise avec parcimonie dans son scénario pour laisser un brin d’espoir. Jin n’est pas un assassin, mais il a bel et bien aidé son père dans ses crimes.
Voilà l’aveu le plus difficile à admettre aux yeux de sa petite amie. S’il n’a jamais tué qui que ce soit, il a quand même violenté certaines victimes, assommées avec une massue pour faciliter la tâche au véritable meurtrier, depuis des années. Tellement de fois qu’il ne se souvient même pas quand cela a commencé. Pourtant, Gyeon le croit. Plus encore : elle le soutient s’il accepte de se rendre à la police.
Reste à confondre son père ! Ce que Jae-Hyeok compte bien faire, à l’insu de son ami. Avec l’aide d’un des bras armés de l’usurier qui avait jusqu’alors poursuivi Gyeon pour les dettes de ses parents, il a réussi à capturer le diable et tente de le faire parler. Un affrontement verbal qui démontre toute l’ampleur du talent du scénariste qui embrouille les esprits à plus d’une reprise. De son côté, Youngchan Hwang a décidé d’assombrir les pages en plus de son graphisme déjà teinté de glauque et de couleurs ternes… Seul le sourire carnassier de l’assassin et la colère de l’orphelin en fauteuil roulant se démarquent. Le dernier combat avant la confrontation finale entre père et fils !
Les quelques couleurs persistantes du récit s’étiolent au fil des pages quand Jin se voit contraint de plonger dans ses plus sordides souvenirs, comme l’époque où sa mère a disparu de sa vie pour le laisser seul avec le diable. Que s’est-il passé ce fameux jour où Jin est tombé du toit d’un immeuble ? Son père l’a-t-il réellement poussé ? Sur ce dernier mystère résolu, l’album se clôture dans un final presque attendu et crédible.
Une sombre affaire qui se termine au mieux pour le jeune couple, ramenant des couleurs tant dans leur vie que dans l’album qui, après tant de pages obscures, s’achèvent avec un épilogue au fond blanc et aux cases colorées par le soleil.
(par Marc Vandermeer)
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Bâtard T. 5. Scénario : Carnby Kim. Dessin : Youngchan Hwang. Editeur : Ki-oon. Sortie : le 20 janvier 2022. Prix : 15 euros.
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