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Benoît Berthou : "La recherche sur la bande dessinée a gagné en visibilité"

Par Thierry Lemaire le 26 novembre 2011                      Lien  
Quid de la recherche universitaire sur la bande dessinée en France ? Benoît Berthou, créateur du site "Les carnets de la bande dessinée" et de la revue scientifique en ligne "Comicalités" fait le point sur la question à travers ses initiatives.

Benoît Berthou est enseignant-chercheur. Il partage son temps entre la rédaction d’articles scientifiques et la dispense de cours à de futurs professionnels du livre (éditeurs, bibliothécaires, libraires, auteur) ou à des étudiants en lettres et en communication au sein des universités Paris 10, Paris 13 et de l’EESI d’Angoulême.

En décembre 2009, il crée Les carnets de la bande dessinée, un site (hébergé sur la plateforme Hypothèse.org, développée par le CNRS, les universités de Provence et d’Avignon) qui relaie information, appels à communication pour des colloques ou des revues et comptes-rendus de lecture. En juillet 2011, il crée Comicalités. Études de culture graphique, une revue scientifique en ligne sur la bande dessinée.

Commençons par une question de néophyte. Quel est l’intérêt de développer la recherche sur la BD ?

Pour ma part, j’ai l’impression de participer d’une reconnaissance de la bande dessinée : je concours (je ne suis pas le seul) à la présenter comme quelque chose de complexe, dont on peut sans cesse explorer l’histoire, la variété esthétique, le mode de production et le public… Et bien souvent, j’ai l’impression d’inviter des étudiants à revenir sur l’idée que l’on peut s’intéresser à l’art ou à la littérature sans jamais se pencher sur des bandes dessinées. Et dieu sait que cette position est encore aujourd’hui répandue : sur le plan culturel, la bande dessinée me semble encore relever de l’ordre du « pourquoi pas » plus que de l’ordre du nécessaire.

Le reproche qui est souvent fait par le même néophyte est que pour l’instant, la recherche sur la BD est réservée à une BD "d’auteur", dite noble. Que des artistes comme par exemple Franquin, Bourgeon ou Pratt, des phénomènes de l’édition comme, disons, Le journal de Spirou, Dargaud, voire même Soleil n’ont pas leur place.

Benoît Berthou : "La recherche sur la bande dessinée a gagné en visibilité"
Les cahiers de la bande dessinée sur Margerin

Il n’y a pas de « domaine réservé » en matière de recherche. Les Cahiers de la bande dessinée (qui ne constituaient pas une revue pleinement scientifique mais qui ont clairement un intérêt pour les chercheurs) ont consacré des dossiers à Bourgeon, Margerin, Vance, Cauvin, Macherot… On ne compte plus les travaux de recherche consacrés à Hergé et les numéros de revue s’intéressant à des auteurs « connus » : Sociétés et représentations ont consacré une livraison à Tardi, Transatlantica évoque largement Kirby ou Lee et un numéro d’Hermes (revue extrêmement exigeante) consacré à la bande dessinée s’intéresse à toutes sortes de productions.

En ce qui me concerne, j’ai travaillé sur la bande dessinée « franco-belge » et me suis intéressé dans plusieurs articles à des auteurs participant clairement d’une littérature que l’on pourrait dire « populaire » au bon sens du terme (Van Hamme, Greg, Lambil…). Quant à la revue Comicalités, il n’y a aucun parti-pris de ce type : tous les objets d’études sont recevables et je n’applique que des critères scientifiques pour décider d’une publication.

Mais je me demande si cette idée de la mise en avant d’une bande dessinée d’auteur ne repose pas également sur une méconnaissance de nos missions. Le rôle de toute institution, qu’elle produise des enseignements comme l’université ou des expositions et manifestations comme la CIBDI d’Angoulême, est tout de même d’œuvrer pour une diversité culturelle. En tant qu’enseignant, j’évoque dans mes cours les auteurs que vous citez, mais j’ai toujours tendance à inviter les étudiants à étoffer leur connaissance de la bande dessinée et à ne pas s’en tenir aux titres qu’ils trouvent relativement facilement. Par exemple, chaque année je dirige quelques mémoires sur la Fantasy : il est pour moi évident que ceux-ci doivent analyser les productions de Jean-Luc Istin, d’Arleston, de Tacito ou de François Froideval, mais j’incite également les étudiants à lire Andreas, Bran Ruz d’Auclair, Den de Richard Corben ou encore Salammbô de Druillet

En matière de recherche, c’est une autre logique qui me semble s’appliquer : si l’on traite d’un « médium » (je n’aime pas ce terme) : il est quelque part normal de s’intéresser aux travaux de ceux qui n’ont de cesse de le redéfinir, comme par exemple Ruppert et Mulot. Plus que de « noble », il faudrait ici parler d’ « avant-garde », ou plutôt d’un effort pour sans cesse repenser la façon de concevoir la bande dessinée : c’est peut-être prétentieux, mais c’est également intéressant de le relayer.

Bran Ruz, une autre fantasy

Avec Les carnets de la bande dessinée, il y a une intéressante stratégie d’entrisme dans des colloques au thème un peu périphérique à la bande dessinée. Est-ce une étape classique dans le milieu de la recherche et/ou le seul moyen pour être accepté et respecté ?

C’est clairement un parti-pris que j’ai défini et posé dès la création des Carnets et qui est également au fondement de Comicalités. Je pourrais la résumer comme ça : la bande dessinée n’est pas un territoire, c’est un mode d’expression. Cela signifie que l’on ne doit pas penser la bande dessinée en terme de périmètre (en se cantonnant à des manifestations qui s’intéressent nommément à elles) mais en terme de potentialité et la question est : que peut-elle apporter à l’étude de tel objet littéraire, sociologique ou autre ? Ma conviction profonde, c’est qu’elle peut effectivement renouveler les approches de nombreuses disciplines, comme la littérature ou l’histoire de l’art : reste à permettre aux chercheurs de l’admettre et de le démontrer.

Y a-t-il beaucoup de colloques, d’appel à communication, sur le sujet précis de la BD ?

En fait, pas vraiment. Dans les deux dernières années, si je regroupe France et Belgique, je compte seulement quatre véritables colloques sur la bande dessinée : « La bande dessinée : un art sans mémoire ? » que j’ai organisé en juin 2010, « Guerres et totalitarismes dans la bande dessinée » qu’ont organisé Viviane Alary et Benoît Mitaine à la même époque, « Figures indépendantes de la bande dessinée mondiale » organisé la semaine dernière par le groupe ACME de l’université de Liège et « La bande dessinée historique » qui a lieu en ce moment à l’université de Pau.

Quand on y pense, ce n’est pas énorme, loin de là… Je ne dis pas que l’université doit se focaliser sur la bande dessinée, mais bon… Avec 80 universités, on pourrait tout de même s’attendre à voir au moins trois ou quatre manifestations par an, ce serait la moindre des choses… Le cinéma, voire les séries télévisées, suscitent par exemple un engouement supérieur. Par contre, même si la recherche sur la bande dessinée ne me semble pas forcément plus vive qu’auparavant, je pense qu’elle a clairement gagné en visibilité. Peut-être que les Carnets et Comicalités y sont pour quelque chose.

La page d’accueil des Carnets de la bande dessinée

Quel est le bilan des annonces de colloques ? Y a-t-il beaucoup de postulants ? Y a-t-il beaucoup d’intervenants sur la BD acceptés ?

Les Carnets fonctionnent plutôt bien. J’ai par exemple posté un appel intitulé « Zones humides et littératures » : franchement, ce n’est pas du tout mon domaine. Je ne suis pas chercheur en littérature et encore moins en marais. Mais, bon : la lecture de l’appel à communication m’a évoqué quelques œuvres (La Balade au bout du monde, Les Griffes du marais, La Vénéneuse aux deux éperons…) et je me suis dit que ce terrain-là n’a pas été franchement étudié en bande dessinée. L’un de mes collègues, Aurélien Pigeat, lecteur des Carnets, a trouvé l’idée intéressante et l’a reprise : il a été sélectionné.

Je crois beaucoup à ce travail d’essaimage, ou d’« entrisme » comme vous dites : il faut effectivement forcer des portes car il me semble que nous sommes à un moment charnière. Les études s’appuyant sur la bande dessinée ne sont pas rejetées, bien au contraire : il y a même un certain enthousiasme. Par contre, il manque clairement de compétences : la plupart des chercheurs ne savent pas comment l’aborder, c’est-à-dire qu’ils ne savent pas faire appel à d’autres chercheurs et encore moins évaluer leurs propositions. C’est bien compréhensible : au fond, le seul diplôme universitaire consacré à la bande dessinée est le Master qu’a conçu Thierry Smolderen à l’EESI d’Angoulême…

Avec ce lieu d’échange et d’information, est-ce que vous sentez que ça bouge, du côté des chercheurs et du côté des "organisateurs" ?

Cela bouge, oui… Ou plutôt, cela rebouge. Les liens entre université et bande dessinée ont en effet toujours été lâches, mais constants. On a tendance à l’oublier, mais ce sont des universitaires qui ont participé à l’émergence publique de la bande dessinée : Pierre Couperie était directeur d’études à l’EHESS, Francis Lacassin était professeur des universités (le plus haut grade) à Paris I, de même que Pierre Fresnault-Deruelle (qui est bien vivant, mais jeune retraité) et Gilles Ciment (actuel directeur de la CIBDI) y a longtemps enseigné. Plus proche de nous, on compte également quelques brillants chercheurs comme Éric Maigret : ayant soutenu une thèse sur la bande dessinée, il est professeur à Paris 3 où il a créé l’Institut de la Communication et des Médias.

Couverture du catalogue de la fameuse exposition de 1967 organisée par Pierre Couperie et Claude Moliterni

J’oublie de citer des noms, mais il y a toujours eu un lien entre université et bande dessinée. Le problème ne me semble pas être de créer un intérêt, mais bien plus d’organiser une espèce de filiation : il me semble qu’il y a une espèce de « trou » dans cette histoire scientifique. Thierry Groensteen ou Benoît Peeters n’ont par exemple pas reçu la reconnaissance universitaire à laquelle ils pouvaient pourtant légitimement aspirer : leurs travaux sont unanimement respectés, on fait appel à eux pour des soutenances de thèse et ils n’ont pourtant jamais été intégrés à la communauté universitaire. Je pense personnellement qu’ils sont tombés à un mauvais moment : selon plusieurs de mes collègues, l’ouverture qui a suivi Mai 68 a fait long feu et l’université s’est en quelque sorte recroquevillée sur ses territoires traditionnels…

Je l’ai bien senti en créant Comicalités. La légitimité de mon projet n’a à aucun moment été remise en cause : il y avait des précédents à l’université et la bande dessinée n’était pas tout à fait une inconnue. Par contre, la question de l’engagement restait entière : qui allait accepter de collaborer à ce projet ? Tout le monde était pessimiste et je commençais à douter. En fait, le problème ne se posait pas : j’ai dressé une liste de tous les chercheurs que je souhaitais voir collaborer à Comicalités et ils ont tous accepté du premier coup.

Qu’apporte la création d’une revue scientifique ? Une émulation des chercheurs ? Une légitimation du sujet de recherche ? Un début de structuration ? Les trois, mon général ?

Les trois en effet et l’organisation de la revue le montre bien. Il y a clairement un effet de légitimation. Les chercheurs que je viens de citer constituent le comité scientifique de Comicalités : ce sont en quelque sorte nos « parrains » et ils m’accordent leur confiance en acceptant de veiller sur le devenir de cette publication. Ce faisant, ils participent également d’une structuration puisqu’ils sont les garants de l’espace scientifique qu’il s’agit d’explorer.

J’ai souhaité composer un comité résolument interdisciplinaire. Par exemple, Jacques Migozzi est professeur des universités à Limoges où il est spécialiste de la littérature populaire, notamment du XIXe siècle. Il voit clairement des parentés entre les feuilletons de bande dessinées et le corpus d’œuvres sur lesquelles il opère : en relisant un appel à communication ou un article, il peut ainsi fournir aux autres chercheurs des références qui sont à même de les aider à renforcer leur pensée, ne serait-ce qu’en l’inscrivant dans le temps.

La page d’accueil de Comicalités

Bien sûr, il y a également une émulation car le propre de toute revue scientifique est de mettre des chercheurs en contact avec d’autres chercheurs. En effet, Comicalités publie des textes très longs (20 000 signes minimum, plus de 80 000 parfois) qui sont systématiquement évalués. Cela signifie qu’ils sont relus par au moins deux autres chercheurs : tout cela se fait de façon anonyme (j’enlève tous les signes distinctifs de l’article) et la décision de publication se fait à l’unanimité de trois voix (ces deux chercheurs et la mienne).

Enfin, il y a une dernière forme d’émulation, que j’espère susciter : celle des lecteurs. J’ai voulu que Comicalités soit en « open access » : les articles sont lisibles en texte intégral sur notre site Web et il n’est pas nécessaire pour les consulter d’en faire l’acquisition ou d’être enseignant ou étudiant, c’est-à-dire d’appartenir à une université ayant souscrit un abonnement. Tout le monde peut donc les lire « gratuitement » (je n’aime pas le terme « gratuit » car en fait quelqu’un paie : le ministère de l’enseignement supérieur qui m’emploie, les institutions qui soutiennent revues.org). J’espère que cela suscitera des vocations.

Ce sont toujours un peu les mêmes signatures qui reviennent. Est-ce que vous remarquez un certain renouvellement des troupes ?

Le renouvellement est en ce qui me concerne un enjeu essentiel et il y a là aussi un paradoxe. En gros, des chercheurs bien connus permettent de créer une revue scientifique permettant à d’autres chercheurs de valoriser leurs travaux. Au sein du comité scientifique et du comité de lecture que j’évoquais plus haut, on va effectivement retrouver des noms connus. Par contre, au niveau des auteurs des articles eux-mêmes, ce n’est pas le cas.
Les premiers textes que nous avons publiés sont en fait les actes du colloque que j’avais organisé en juin 2010 : on trouve ainsi des textes d’Harry Morgan, de Xavier Guilbert et de Thierry Crépin (qui est connu pour son travail sur la loi de 1949), soit des noms connus. Par contre, Frank-Michel Georgard, Julien Baudry ou Valérie Morisson sont des nouvelles têtes, ainsi que Sylvain Lesage et Nicolas Labarre qui appartiennent à une nouvelle génération d’universitaires obtenant ou demandant des postes en fac en s’appuyant sur des travaux reposant sur la bande dessinée.

Malgré le bouillonnement décrit plus haut, vous déplorez que la recherche en BD ne soit pas structurée au sein de l’Université. Que faudrait-il pour qu’elle le soit ? Seulement du temps ?

Non, clairement non. Là, nous avons un problème structurel. À l’université, nos recherches sont organisées au sein de laboratoires. Ceux-ci permettent de conférer à nos recherches une visibilité et une reconnaissance : ils portent des projets soumis à l’Agence Nationale de la Recherche ou à des instances européennes qui sont aujourd’hui les principales sources de financement de la recherche. Or, à l’heure actuelle, aucun laboratoire, ni même aucune équipe de recherche, ne se focalise sur la bande dessinée, ce qui est un véritable problème. Il y a un intérêt certain, mais pas de structures permettant de véritablement l’exploiter. Impossible par exemple de monter avec des collègues suisses et belges un projet tentant d’inventorier les périodiques de bande dessinée…

La page des thèses et mémoires sur Neuvième art 2.0

Le travail que fournit la CIBDI tente d’y remédier. Gilles Ciment est quelqu’un de très intelligent, qui voit bien les choses, et Catherine Ferreyrole (qui dirige la bibliothèque de la Cité) ainsi que Catherine Ternaux (qui s’occupe du centre de documentation) sont très compétentes et élaborent actuellement un agrégateur de revues scientifiques. En gros, il s’agira d’une page web qui rassemblera l’ensemble des publications scientifiques ayant trait à la bande dessinée. Grâce à ce travail, j’espère pouvoir nouer des contacts plus étroits avec Jan Baetens ou Mark McKinney, qui dirigent également des revues (Image and narrative et European Comic Art) consacrées à la bande dessinée. Peut-être pourrons-nous mettre en place des modes internationaux de coopération et ainsi démontrer l’intérêt de la bande dessinée. Cela serait pleinement structurant. Il en est de même en ce qui concerne la mise en ligne de mémoires et de thèses sur le site de Neuvième art 2.0 : cela démontre qu’il existe un ensemble convergent de recherches autour de la bande dessinée et que celles-ci proviennent d’étudiants.

Quel est le premier bilan des Carnets de la bande dessinée et de Comicalités ?

En moins de deux ans, je suis parvenu à créer un blog scientifique et une revue en ligne et tous deux ont reçu un accueil extrêmement favorable. Je dirai donc que les choses avancent vite. Il reste maintenant à les pérenniser : l’enjeu est maintenant de faire reconnaître Comicalités auprès des instances universitaires et d’obtenir les labels que décerne par exemple le CNRS ou l’Agence d’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur. Lorsque ce sera fait, nos institutions auront véritablement reconnu que la bande dessinée participe de la construction du savoir scientifique. Pour ma part, en tant qu’enseignant-chercheur, je m’inscris dans ce même effort : je serai satisfait lorsque l’on soutiendra dans notre pays au moins dix thèses par an (sur 1500 en Sciences Humaines) consacrées à la bande dessinée.

(par Thierry Lemaire)

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1 Message :
  • L’initiative est sérieuse et excellente. Merci pour l’article !

    Je n’ai jamais réussi à voir nettement la différence entre de la recherche universitaire sur l’objet "BD" et de la recherche menée par des universitaires autour de la BD. En l’absence de structure universitaire, on a l’impression que c’est un hobby. Les deux sont pourtant de qualité égale mais la réputation des publications qui en ressort s’en trouve changée s’il s’agit d’une revue scientifique reconnue par des pairs et une revue de passionnés qui sera très souvent considérée comme un fanzine (au sens revue de spécialiste).

    J’ai par exemple sous les yeux la revue allemande REDDITION sur la BD : http://www.amazon.fr/Reddition-54-Volker-Hamann/dp/3940216119/ref=sr_1_8?ie=UTF8&qid=1322511713&sr=8-8

    On la trouve dans les boutiques BD alors que les contributeurs sont profs à l’université de Vienne ou l’université de Hamburg.

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