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Bernadette Desprès ("Tom-Tom et Nana" - Éd. Bayard) : "C’est fou que tous ces gens s’intéressent à moi maintenant !"

Par Thomas FIGUERES le 8 juin 2019                      Lien  
Nous avons rencontré Bernadette Desprès lors du tout nouveau festival jeunesse "Sapristi !", qui se déroulait à Villecresnes, dans le Val-de-Marne, il y a peu. C’est donc entourée d’enfants, dans une ambiance conviviale et festive que l’autrice, honorée à Angoulême en janvier dernier, a accepté de se prêter à l’exercice de l’interview.

De la genèse de sa série la plus connue, Tom-Tom et Nana en passant par sa maison-musée, Bernadette se livre à nous, sans tabou, car comme elle le dit si bien, avec humour : - Tout ça est derrière, j’en ai plus rien à foutre !

En guise d’introduction, la dessinatrice nous raconte les couacs de la remise de son prix à Angoulême. Elle nous confie ne pas être impressionnée par le prix qu’elle avait reçu, bien qu’elle en soit très heureuse.

Vous lisez encore beaucoup d’ouvrages jeunesse ?

Oui bien sûr, j’ai onze petits enfants ! Voyez-vous, si j’achète des livres aujourd’hui, je pourrai leur offrir à Noël.

Leur avez-vous lu les albums de Tom-tom et Nana lorsqu’ils étaient plus jeunes ?

C’est leurs parents qui doivent le faire ! Il y en a un qui n’en a jamais lu un seul. Il en est d’ailleurs très fier. Il a 15 ans, il a été obligé d’en lire un une fois, il y a quelques temps, l’année dernière peut-être. Nous allions chez des amis de ma fille pour loger, près d’Annecy, à cause d’un salon. Cette copine était directrice d’une école donc j’avais apporté pleins de Tom-Tom et Nana pour elle et les autres institutrices alors il a été obligé d’en lire un ou deux !

De ce fait, je pouvais me moquer de lui gentiment, il n’aime d’ailleurs pas trop ça, mais il ne se vexe pas car il est très comique. Il n’aime simplement pas lire. Pour l’école lorsqu’il est obligé de lire un ouvrage, ma fille, qui est institutrice pour tout-petits, est formidable et l’aide beaucoup.

Pourquoi avoir choisi les Beaux-Arts comme études ?

Non non non, je n’ai jamais fait les Beaux-Arts ! Ce sont des bêtises que l’on raconte sur moi. J’ai fait une école d’art décoratif située dans le 16e arrondissement qui n’est pas les Arts Déco. Une école pour jeune fille rangée ! Mes parents avaient très peur, mais c’est eux qui m’ont inscrit là.

Les Beaux-Arts ça aurait été panique à bord pour mes parents, « On ne va pas l’envoyer dans un endroit où on ne va pas la retrouver ! ». Les Beaux-Arts avaient une réputation d’endroit dangereux, bizarre. Mais ils avaient trouvé cette école, non loin du Trocadéro.

Bernadette Desprès ("Tom-Tom et Nana" - Éd. Bayard) : "C'est fou que tous ces gens s'intéressent à moi maintenant !"
Tom-Tom et l’impossible Nana, premier opus de la série paru en 1985
© Bayard

Vous dessiniez depuis toute petite ?

Je dessine depuis la 6e/5e, d’ailleurs j’adorais montrer ce que je faisais à cet âge-là pour que les gens voient que l’on ne devient pas créatrice de Tom-Tom et Nana du premier coup. J’ai commencé mon travail de dessinatrice en 1965 et les aventures de Tom-Tom et Nana ont débuté en 1977. La musique nécessite un apprentissage, il en va de même pour le dessin.

Doit-on comprendre que vous avez grandi à Paris-même ?

Tout à fait, dans une famille bien bourgeoise. Mon père était avoué, ce travail n’existe plus. L’avoué était l’homme du droit qui connait toutes les lois ! Cela nécessitait beaucoup de mémoire. C’était un homme joyeux mais tout de même assez rigide.

À la sortie de cette école, vous vouliez déjà faire du livre jeunesse, c’était quelque chose qui vous attirait ?

Je ne sais pas pourquoi… Justement sur l’affiche d’Angoulême, on m’a demandé de me dessiner à douze ans avec tous les livres que je lisais à cet âge-là. Alors il y avait Bécassine, Tintin, qui sont des vieux trucs…

Ils sont pour certains encore d’actualité, et continuent d’être vendus !

J’ai plein de Bécassine chez moi vous savez, et je les fait maintenant découvrir à ma voisine. Elle me répondait qu’elle n’allait pas aimer. J’ai donc commencé par lui prêter L’Enfance de Bécassine qu’elle a apprécié, elle a donc une pile de Bécassine à lire maintenant. Ce sont des histoires extrêmement comiques et géniales.

Lorsque je suis allée à Angoulême, mon fils qui vient beaucoup chez moi, m’a dit « est-ce que tu pourrais faire dédicacer un Mortelle Adèle ? » [1] Je me suis informée et j’ai pu le faire dédicacer alors que je déteste ce titre, car l’héroïne est une méchante ! Je pense que tout le monde est content de voir qu’il y a des gens super-méchants. Mortelle Adèle attire le lectorat du fait de son format, relativement succinct et il y a une sorte d’instinct de vengeance en arrière-plan qui doit sans doute plaire aux lecteurs.

© Adèle Tariel

Les personnages de Tom-Tom et Nana sont inspirés de votre enfance ou de votre entourage ?

C’est Jacqueline Cohen, qui a le même âge que moi qui, au départ, a inventé tout ça. Je l’ai rencontrée alors que je travaillais déjà chez Bayard. Ils ont voulu créer J’aime lire, car il y avait déjà Okapi et Pom D’Api. J’avais d’ailleurs travaillé dans le tout premier numéro qui, si je me souviens bien, date de 1964.

Avec Jacqueline Cohen, nous nous sommes rencontrées dans une autre maison d’édition, ODEJ qui, si mes souvenirs sont bons, appartenait à Hachette. C’était sa belle-sœur qui la dirigeait. Moi, j’étais à Paris et cherchais un endroit où l’on accepterait mes dessins alors je suis allée leur présenter. Ils m’ont répondu qu’ils aimaient me dessins, que c’était bien, etc. Elle a de ce fait appelé Jacqueline, sa belle-sœur, et c’est ainsi que nous avons commencé à travailler ensemble. J’ai bien vu qu’elle avait vraiment de l’esprit. Elle était d’accord pour faire beaucoup de choses, c’était ses débuts tout ça.

Par la suite elle a écrit l’histoire des Mots de Zaza, elle ne trouvait pas d’éditeur, et la voyant tout le temps à cette époque, je lui ai proposé de lui faire les dessins et d’aller les présenter à Pom d’Api, à Belles Histoires. Ils l’ont tout de suite acceptée et ont ainsi repéré Jacqueline. Donc lorsque l’on m’a dit qu’il fallait que je fasse une bande dessinée pour J’aime Lire, je suis retournée chercher Jacqueline.

Nous avons décidé de créer un restaurant car dans toutes les histoires d’avant, les livres de jeu etc, c’était la rue, les commerçants, la vie en ville qui étaient décrits. Nous nous sommes donc dit : et pourquoi pas un restaurant ? On a ensuite créé toute la famille : le cuisinier, la mère qui tient la caisse...

Cette idée de restaurant n’était donc pas tirée de votre enfance, ni de votre expérience, était-ce le cas de Jacqueline Cohen peut-être ?

Pas du tout, ses parents étaient des médecins juifs que j’avais rencontrés. Pour moi,qu’elle soit juive ou non n’avais aucune importance, je n’y pensais pas et m’en fichais complètement, mais ça m’a permis d’apprendre que leurs vies n’avaient pas été si simples que ça...

Son père était un grand humanitaire, ils habitaient à Biot dans le midi et c’est encore un endroit où elle se rend avec grand plaisir. Parallèlement à leurs activités médicales, ses parents étaient très fanatiques de créer toute sorte de choses pour les enfants, des centres de loisirs et autres.

Homme nu et dansant, par le mari de Bernadette Desprès, l’artiste Denis Charignon
© Adèle Tariel

Vous avez pu maintenir le contact avec Jacqueline Cohen ?

Nos relations ne sont pas vraiment au beau fixe, mais je ne souhaite pas m’étendre sur le sujet. Cela relève de la sphère privée. Ce qui a sauvé cette aventure de Tom-Tom et Nana c’est que comme l’éditeur avait vu Les Mots de Zaza, et Jacqueline avait préparé, plusieurs idées d’histoires pour pouvoir rentrer dans la maison d’édition. Tout ce qu’il y a dans Tom-Tom et Nana, c’est donc elle qui l’a inventé car c’est ce qui a marché pour elle au départ.

En fait elle ne veut pas que l’on réédite les toutes-premières histoires car il y en a d’autres encore qui ne sont pas éditées et qui sont parues uniquement dans J’aime Lire. Elle ne veut pas car elle trouve que ces histoires ne sont pas assez bien, que ce qui s’est fait par la suite était beaucoup mieux.

À l’époque, je ne me rendais pas compte de plein de choses. Je travaillais chez moi alors qu’elle venait travailler à J’aime Lire, dans la rédaction. Elle était devenue une sorte de patronne pour Tom-Tom et Nana, mais pas uniquement : elle faisait aussi des pages de jeu. Elle s’entendait très mal avec l’une des responsables principales ce qui créait des tensions internes qui se sont perpétuées. Du fait qu’elle est rapidement été engagée dans la rédaction, il a fallu qu’elle soutienne certaines décisions, elle devait gagner sa vie en tant que salariée de Bayard.

Vous avez été présentes sur de nombreuses affiches d’évènements et festivals cette année, parvenez-vous à tenir le rythme ?

Cette année a été très chargée, notamment avec Angoulême. Pour moi c’est une chose formidable. Justement, j’ai donné à Alexandra (l’organisatrice du festival Sapristi ! et gérante de la libraire Au Fil des pages) un petit catalogue. Une exposition m’a été consacrée à Margny-lès-Compiègnes, au nord de Paris, il y à deux ans de ça maintenant.

Le petit catalogue de cette exposition raconte toute ma vie. Son auteur, Christophe Meunier, qui est un professeur tourangeau, est venu me voir pour pouvoir écrire ce catalogue pour cette exposition en 2017. J’ai appris à le connaître, c’est une personne passionnée par la ville, et les trucs que j’ai faits à mes débuts en tant que dessinatrice, notamment le titre Nicole au quinzième étage.

La gérante de la médiathèque qui s’occupe de cette exposition veut faire la circuler dans toute la France. Elle ne contient aucun original, ce ne sont que des reproductions, mais très bien faites ! Je n’en ai vu qu’un aperçu pour le moment, mais ça avait l’air très réussi.

Tout ça est très bien, mais ce sont des choses qui m’arrivent dessus après la mort de mon mari. Il est décédé au mois de janvier 2017, et Christophe Meunier m’avait contacté pour la première fois peu de temps avant. Cela tombait assez mal pour moi, j’avais d’autres préoccupations et nous nous sommes recontactés par la suite. On a fouillé tous mes placards, il adore le dessin, c’est un « crétin de dessins » ! On a retrouvé de vieux dessins à moi, j’étais très contente de les revoir, mais je crois que Christophe l’était encore plus. C’est incroyable que tout ça m’arrive aujourd’hui !

Femme de dos par le mari de Bernadette Desprès, l’artiste Denis Charignon
© Adèle Tariel

Le succès de Tom-Tom et Nana, lors de la parution en 1977 a-t-il été immédiat ou y a-t-il eu un temps de mise en place ?

Au départ ils avaient très peur. Une fois, Jacqueline et moi allions les voir dans le bureau général de Bayard et on nous annonçait que ça n’allait pas marcher, que c’était foutu…

J’ai eu une chance incroyable, j’ai vécu quarante ans de bonheur avec tout ça. Pendant des années, les tensions que nous évoquions toute à l’heure n’ont pas existé. De plus, je ne me suis jamais lassé de dessiner ces personnages et cela vient probablement du fait qu’il y ait eu plusieurs auteurs. Je pense d’ailleurs que les histoires des autres ne plaisaient pas tellement à Jacqueline, qu’elle n’aimait pas le fait que d’autres scénaristes reprennent les personnages qu’elle avait créés.

C’est fou que tous ces gens s’intéressent à moi maintenant, même ceux d’Angoulême, après 40 ans !

Le succès de Tom-Tom et Nana n’a donc pas été immédiat, mais ils avaient des diffuseurs qui circulaient dans toute la France. Ils emmenaient les livres, journaux etc. Aujourd’hui ça ne fonctionne plus comme cela.

Pendant très longtemps, Tom-Tom et Nana n’a pas été considéré comme de la bande dessinée et l’on ne vous reconnaissait par le « statut » de dessinatrice de bande dessinée…

C’est parce que c’était de la petite enfance, alors on n’en parlait pas autant. L’intérêt pour la bande dessinée, c’était Angoulême, et cela s’adressait plus à des adultes. Ce qu’ils appelaient jeunesse à l’époque c’était déjà pour un public plus âgé que ce que nous faisions.

Cette situation vous a-t-elle pesé ou cela ne vous atteignait pas ?

Je faisais ce que je pouvais, modestement. La reconnaissance des pairs me fait plaisir mais n’était pas un but en soi, je pense que ce type de considérations est plus important pour l’éditeur, en l’occurrence ici, Bayard Presse. Ils avaient le sentiment que l’on ne s’intéressait pas à eux et à ce qu’ils faisaient. J’allais tout de même à Angoulême, chaque année. Au départ, ils n’étaient pas très généreux avec nous, même pour les repas, ils voulaient nous donner des sandwichs ! Je me souviens d’être allé à Angoulême une année avec Yvan Pommaux, auteur de Marion Duval et qu’il râlait en disant aux organisateurs qu’ils n’étaient tout de même pas très généreux avec nous.

Quel sentiment avez-vous ressenti à l’annonce de votre nom pour Angoulême 2019 ? Cela vous a fait plaisir ?

Bien sûr ! C’était fou. On veut vous faire faire l’affiche, ensuite on fait une exposition. L’équipe d’Angoulême est venue me voir et nous avons à nouveau retourné l’entièreté de ma maison. Il y avait d’ailleurs des originaux dans cette expo.

Mon mari était très occupé de tout ça. On faisait faire un encadrement des planches par une voisine, femme de sculpteur. Ces encadrements étaient vraiment superbement faits. Ensuite nous les mettions dans des caisses également faites par quelqu’un du coin, un menuisier. Mon mari se préoccupait beaucoup de ce genre de choses...

Grange peinte par le mari de Bernadette Desprès
© Adèle Tariel

Votre mari faisait-il également partie du monde du dessin, de l’illustration, de l’art ?

C’était un artiste-comédien, mais son métier était artisan en peinture, il allait refaire les peintures des murs chez les gens. Donc il savait utiliser la peinture. Au moment de la naissance de mon fils, en 1980 environ, on avait plein de granges qu’il a arrangées pour agrandir notre maison, afin de loger tout le monde. Nous nous en sommes ensuite servi de lieu de stockage pour tout mon bazar.

Et lui s’est mis à peindre les murs pour se raconter lui, raconter sa vie. C’était un vrai artiste : - Qui suis-je ? Qui ai-je été ?... Et il a commencé toute une pièce, une grande pièce. Il avait tout construit lui-même, l’escalier, le plancher. Ce n’était pas forcément bien isolé mais la première pièce qu’il a peinte racontait sa vie, notre mariage, ses années au conseil municipale etc. Ce sont des aplats, c’était sa technique. Il a appris par lui-même, il n’a jamais fait d’école de dessin mais en fin de compte, il était très doué ! Il a trouvé son style.

Aujourd’hui c’est ma fille qui s’en occupe. Nous faisons visiter la grange de temps en temps parce que nous faisons des portes ouvertes pour les peintures de mon mari et en même temps pour la maison Tom-Tom et Nana. Nous organisons tout cela à Givrany, dans le Loiret, un petit village de 400 habitants où j’habite.

N’avez-vous jamais eu envie de faire autre chose que de la bande dessinée jeunesse ? Le succès de Tom-Tom et Nana ne vous a-t-il pas emprisonneé dans un seul et même type de bande dessinée ?

Non, cela ne m’enferme pas. Je suis très contente de gagner ma vie avec ça. Qui plus est, j’ai eu le bol, en 1976/77 de devenir salarié chez Bayard. Je ne travaillais pas que pour J’aime Lire, mais également pour Astrapi, Grain de Soleil, qui a été transformé en Filotéo, et tout ce qui pouvait se présenter du moment que c’était du 8-10 ans.

J’ai d’ailleurs entendu dire que Filotéo allait probablement fermer. La presse papier a du mal à se maintenir de nos jours, mais là on parle de presse catholique et les gens se déchristianisent, cela n’aide pas. Moi j’avais beaucoup travaillé aussi pour ça, je trouvais que c’était moderne.

Il existe un autre facteur à la disparition de la presse jeunesse. Aujourd’hui les gens achètent un livre, un album directement, alors que c’était bien la presse papier parce que nous étions payés au travail que nous faisions. Si nous faisions 10 pages, nous étions rémunérés pour 10 pages, tandis qu’aujourd’hui lorsqu’un livre ne se vend plus, on vous envoie un avis en vous proposant de racheter une partie du stock tandis que l’autre part à la poubelle !
Mais c’est normal en même temps, il y a tellement de production aujourd’hui qui sont très bien et c’est bien qu’il y ait ça, cela permet à plein d’artistes et dessinateurs de vivre. Mais c’est vrai que dès qu’il n’y a plus de succès, ça s’arrête. Je me souviens d’un auteur, il se nommait Christian Peultier, j’aimais beaucoup ce qu’il faisait, cela m’intéressait et lui était quelqu’un de très timide… Mais bon, tout ça est derrière, j’en ai plus rien à foutre !

Tom-Tom, Nana et leur tante Roberte
© Bayard

Si vous aviez un conseil à donner à de jeunes auteurs qui souhaiterait se lancer que leur diriez-vous ?

Primo, tâchez de trouver de super-scénaristes ! Certains tentent de se lancer eux-mêmes, mais seul, c’est très compliqué, il faut de vrais scénaristes.

Moi au départ, j’ai adoré certaines histoires, à tel point que je me suis mis à en faire une bande dessinée. Par exemple, j’appréciais énormément l’un des contes de l’auteur Henri Pourrat. J’étais donc allé voir la maison d’édition La Farandole pour leur montrer les dessins que j’en avais tirés. Je l’adorais, j’étais obligée de le dessiner. De toute façon dans ce métier, on fait notre travail pour pouvoir le montrer, il faut prendre les devants. J’avais fait ça pour le livre d’Henri Pourrat, et à l’époque c’était Gallimard qui commercialisait ses livres. Avec le recul je me rends compte que j’aurais dû aller directement chez eux. La Farandole m’a dit qu’ils ne pouvaient pas le faire car ils devaient payer Gallimard pour pouvoir l’éditer. Moi à ce moment-là, je ne pensais pas que ça plairait et leur ai répondu qu’ils n’avaient qu’à pas me payer. J’aurais dû aller voir avec Gallimard directement, mais ils n’auraient peut-être pas aimé.

Et même si j’étais salariée chez Bayard, tout dessinateur est libre, je ne risquais pas d’avoir de problèmes avec eux. J’avais cette chance à l’époque, celle d’être salariée, c’était une aide énorme. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont plus cette chance. Une fois à la retraite, ça a été facile pour moi.

Propos recueillis par Thomas Figuères

(par Thomas FIGUERES)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782747076340

[1Mortelle Adèle est une série de bandes dessinées créée par Antoine Dole alias Mr Tan, dessinée par Miss Prickly (tomes 1 à 7) et par Diane Le Feyer (les tomes 8 et suivants. Il y en a actuellement 16 tomes auxquels il faut ajouter une flopée d’albums dérivés,le tout publié aux Éditions Tourbillon.

 
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3 Messages :
  • Excellent éclairage par cet entretien,d’autres auteurs/trices,d’un autre horizon...Les Jacques Azam,Marc Boutavant,Joelle Savey,etc...mériteraient bien une telle mise en lumière.

    Répondre à ce message

    • Répondu par JACQUELINE COHEN le 23 septembre 2019 à  16:13 :

      Je suis d’accord bien sûr avec la remarque de Julien, mais j’aimerais aussi corriger les erreurs de Bernadette qui me concernent dans l’entretien, et ainsi le compléter d’une certaine façon...

      1/ Mes parents étaient médecins, oui, "juifs" ajoute-t-elle ("médecins juifs", quel étrange raccourci !) , ignorant que mon père était d’une famille de français dits "pure souche", catho, élevé chez les jésuites, et que seule ma mère était juive en effet, et même pour cela interdite d’exercer la médecine sous Vichy. Ignorant aussi que tout deux étaient avant tout athées, résistants pendant la dernière guerre et communistes convaincus. Bernadette les a-t-elle rencontrés ? Cela m’étonnerait. Quant à moi, je n’ai jamais revendiqué une quelconque identité juive mais évidemment s’appeler "Cohen" vous colle aussitôt une étiquette (ou une étoile !) sur le front. Apparemment Bernadette n’a pas échappé à ce phénomène. Par naïveté peut-être ?

      2/ Je n’ai jamais été "la patronne de Tom-Tom et Nana", loin de là. Je n’ai été qu’une simple rédactrice à temps partiel à J’aime Lire et je devais soumettre mes scénarios à la direction du magazine. C’est comme rédactrice qu’un jour j’ai été salariée (tout petitement, je précise). Concernant les scénarios j’ai toujours été rémunérée à part, comme pigiste.

      3/ Les scénarios du début étaient d’une maladresse et d’une naïveté consternantes, franchement ratés à mon avis, c’est pourquoi je m’oppose à leur re-publication.

      4/ Les scénarios se sont considérablement améliorés lorsque Évelyne Reberg a accepté d’y collaborer. Bernadette oublie toujours de citer Évelyne, ce que je trouve scandaleux car Évelyne fait partie depuis très, très longtemps de l’ensemble des co-auteurs de Tom-Tom et Nana. Sans elle la bd se serait arrêtée, disons dans les années 1980-90. J’étais alors fermement décidée à laisser tomber.

      Mes remarques n’intéressent sûrement personne mais bon, je suis tombée par hasard sur cet entretien et j’ai été choquée, j’aurais aimé que Bernadette ne s’exprime pas à ma place. Désolée !!

      Répondre à ce message

      • Répondu par julien le 20 novembre 2019 à  16:37 :

        Et bien,moi,ces compléments livrés dans votre commentaire m’intéressent ;merci Jacqueline Cohen pour cet écho salutaire !

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