Ce n’est pas une biographie. L’histoire déployée dans cet album couvre la vie de David Bowie entre 1966 et 1973, de 20 à 27 ans en élargissant à peine. Le trio américain à l’origine du projet propose une explosion de couleurs, magnifiant costumes et décors. C’est évidemment (ou hélas ?) un exercice admiratif, voire énamouré. Le musicien y apparaît constamment fascinant, habile, déterminé, inspiré. Les auteurs y montrent aussi une fascination pour le goût de la provocation typiquement britannique, et la culture glam-rock en particulier.
Si ce Bowie-là convainc avant tout, c’est pour la profusion de détails parsemant le récit. Les personnages secondaires y affluent ; pas seulement les musiciens du chanteur-caméléon, mais nombre de stars du rock anglais de même que producteurs et managers. Quelques courtes séquences dévoilent aussi des aspects moins reluisants du business rock : les différences de salaires entre accompagnateurs, les stratégies de récupération des maisons de disques.
Toujours sincères dans leur démarche, les auteurs n’oublient pas de montrer la générosité de Bowie avec ses pairs : Lou Reed, Iggy Pop ou Mott The Hoople ont tour à tour été pratiquement sauvés par son aide.
La forme très attrayante de l’album, son dessin spectaculaire et ses mises en page mouvantes ont l’avantage d’ouvrir ces années-clé de David Bowie à un très large public. Une bonne porte d’entrée sur une carrière unique dans l’histoire du rock, qui ne doit pas effacer les albums qui ont suivi Pin-ups (1973), notamment Heroes, Scary Monsters, ou encore les deux derniers, The Next Day et Blackstar.
(par David TAUGIS)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Bowie - Par Michael & Laura Allred, Steve Horton - Huginn & Munnin- Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jérôme Wicky - Lettrage : Emmanuel Justo.