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Ice Cream Man T. 2 - Par W. M. Prince, M. Morazzo & C. O’Halloran - Ed. Huginn & Muninn

Par Romain GARNIER le 30 octobre 2023                      Lien  
Afin de se mettre dans l’ambiance et célébrer Halloween, les éditions Huginn & Muninn ont publié le vendredi 13 octobre trois bandes dessinées matinées d’horreur, de folklore fantastique et d’épouvante. Pour ce troisième et dernier article, après Silver Coin et Killadelphia, nous revenons sur le tome 2 de l'anthologie horrifique Ice Cream Man contée par le terrifiant marchand de glace. Un narrateur parfois acteur de ces récits d'horreur teintés d’humour noir, d’absurde et de mises en scène terrifiantes. Alors qu’il sème les graines de la désolation avec son camion au-dessus de tout soupçon, le marchand de glace rencontre un homme qui semble vouloir s’opposer à son règne de terreur. Un univers fantastique et horrifique signé M. Maxwell Prince et Martin Morazzo.

Quand on découvre la couverture d’Ice Cream Man, on a un léger frisson qui parcourt l’échine. Le marchand de glace. Un visage partiellement recouvert d’obscurité surmonté d’un couvre-chef où l’on hésite entre la Navy et le style Hugo Boss des nazis. Un long manteau au col relevé dissimule le bas du visage. Des yeux écarquillés de couleur jaunâtre, une langue anormalement grande et baveuse surmontée de dents pointues. Et cette glace ! Une glace que l’on aimerait trouver appétissante, mais ce rose dégoulinant sur ces doigts griffus dégoute plus qu’autre chose. Et que dire de cet insecte qui nous rappelle ces infâmes scolopendres surgissant de la pénombre ? Tout un programme.

Ice Cream Man T. 2 - Par W. M. Prince, M. Morazzo & C. O'Halloran - Ed. Huginn & Muninn
Extrait de la nouvelle "Balade d’un homme qui tombe"
© Image Comics

Ice Cream Man versus Silver Coin

Les éditions Huginn & Muninn publient deux séries d’anthologie horrifique : Ice Cream Man et Silver Coin. Pour notre part, nous avons une préférence pour Silver Coin. Cependant, il existe de réelles différences entre les deux et chacune peut être appréciée à l’aune de ses spécificités. Silver Coin a un univers aux couleurs plus sombres. Le ton y est plus sérieux et l’horreur plus saisissante par sa monstruosité gratuite et sa noirceur. Les dialogues y sont parfois moins nombreux et le gore plus intense. Le fil rouge qu’est la pièce maudite donne davantage de sens global à l’ensemble des récits. Bien que dans ce deuxième tome, la présence du vendeur de glace se fasse plus prégnante et l’apparition d’un adversaire lie davantage les nouvelles.

L’horreur dans Ice Cream Man est plus joyeuse, le ton plus décalé. Le marchand de glace en est l’évident responsable et nous rappelle à cet égard le dessin animé étasunien Les contes de la crypte (Crypte Show). Dans la première nouvelle intitulée "Balade d’un homme qui tombe", on suit les pensées d’un homme qui se jette du haut d’un building et la fuite d’une femme qui, dans le même immeuble, connaît des scènes d’horreur. Les dialogues viennent illuminer la barbarie des actes commis et suscite chez le lecteur un rictus et des rires pour les fans d’humour sombre.

Couverture de la nouvelle "Étrange napolitaine"
© Huginn & Muninn

Une des plus belles nouvelles de l’album s’intitule Étrange napolitaine. Le récit s’ouvre sur un jeune homme qui achète au marchand de glace trois boules glacées dans un cône. Trois parfums qui transforment la narration en trois lignes tel le dessert d’origine américaine appelé tranche napolitaine et auquel le titre fait référence. Chacune de ces lignes correspond à une ligne temporelle possible de ce jeune homme.

La nouvelle nous conduit à éprouver une confusion de sentiments. Nous sommes partagés entre l’effroi et la tristesse sur la première ligne temporelle. Épris d’une nostalgie et d’une légèreté pleine de solitude au cœur du dessert. Avant de conclure inquiet et horrifié sur la dernière couche. Couleur, construction scénaristique et dessin, tout est réussi.

Dans Mon petit esprit frappeur, W.M. Prince et M. Morazzo ont revisité le conte des frères Grimm : Hansel et Gretel, tout en traitant de la thématique de l’appréhension de la mort par les enfants avec une jeune fille qui a perdu sa meilleure amie. Un mélange audacieux dans lequel le vendeur de glace se confronte à son némésis. Un homme grand et fin, habillé tel un cow-boy, qui prévient son adversaire que le combat à mort viendra prochainement.

Enfin, l’ultime récit, Urgences, rappelle la nouvelle d’ouverture par la folie collective qui s’empare d’un quartier étasunien, tandis qu’une ambulance et ses passagers traversent les lieux avec des dialogues quelque peu absurdes.

© Image Comics

Ice Cream Man a une force, celle de traiter de thématiques sociales tout en nous contant des histoires horrifiques. Les récits sont très variés, tout comme les découpages, les cadrages ou les couleurs. Un deuxième tome de bonne facture dont on attend la suite afin d’en savoir davantage sur le cow-boy et le monstrueux vendeur de glaces.

(par Romain GARNIER)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782364809024

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