Brigantus de Yves H. et Hermann : Rome défiée par les (...)

Brigantus de Yves H. et Hermann : Rome défiée par les Pictes

Par David SPORCQ le 27 janvier 2024

Lien

Brigantus de Yves H. et Hermann : Rome défiée par les Pictes

Roma caput mundi. Au premier siècle de notre ère, Rome avait soumis les peuples autour de la Méditerranée au point d’appeler celle-ci « Mare nostrum ». Rome contrôle désormais le monde connu. Ses légions matent toutes les révoltes. Pourtant, dans le nord de la Calédonie, les Romains seront arrêtés par les Pictes. De quel acabit devaient être ces terribles guerriers pour avoir découragé la plus redoutable machine de guerre de l’Antiquité ? Yves H. et Hermann nous les présentent dans un péplum sanglant.

Le légionnaire romain est rompu à une discipline de fer. Entraîné au maniement des armes, aux mouvements tactiques et muni d’un équipement qui surpasse celui de tous ses adversaires, on a fait de lui une machine à tuer. Pas étonnant que Rome préfère envoyer les plus téméraires le plus loin possible....

Et parmi ceux-là, il y a Melonius Brigantus, un légionnaire qui n’a pratiquement plus rien d’humain. Il n’a jamais connu que l’enfer qu’on lui fait subir au sein de l’armée. Pourtant, au coeur des combats, il défend avec la plus grande pugnacité les compagnons d’arme de sa centurie. Ceux-ci ne lui sont pas reconnaissants pour autant et le rejettent car s’il est bien le fils d’un soldat romain, sa mère est picte.

Brigantus de Yves H. et Hermann : Rome défiée par les Pictes

: Cette séquence d’entrée en matière nous annonce la couleur : nous ne sommes pas dans un péplum hollywoodien. Les légionnaires ont des trognes d’horribles brutes, de la boue, du sang. Une scène de vie en territoire conquis et une erreur à ne pas commettre : humilier son ennemi en plus de le piller.

Les admirateurs d’Hermann seront à nouveau comblés par le style proprement cinématographique de l’artiste, ses séquences d’action époustouflantes, ses dialogues succincts et percutants. Les couleurs sont volontairement sombres et créent une atmosphère de désolation. Le noir et le rouge dominent. Partout, c’est la mort et le sang.

Yves H. et Hermann nous montrent avec un sens rigoureux de la reconstitution comment devaient se dérouler les combats dans les marais de l’ancienne Ecosse. Là où l’armée romaine ne pouvait manœuvrer et changer de formation rapidement, elle était vulnérable. Sans cavalerie légère pour l’escorter et la prévenir d’une attaque, aveugle, elle subissait plus qu’elle ne pouvait prendre l’initiative. Des silhouettes fantomatiques sortent soudainement du brouillard et c’est le carnage. L’angoisse, la terreur, la férocité dans la lutte désespérée sont traduites avec la maestria que l’on connaît chez Hermann.

De plus, le thème de ce diptyque scénarisé par Yves H. est inédit en bande dessinée. Il raconte le destin d’un homme né au sein de la légion qu’il ne pourra jamais quitter à moins d’en être chassé.

(par David SPORCQ)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.