Le Pont des Arts relie l’Académie Française au Louvre. Pourquoi ce rapport entre la littérature et la peinture vous a-t-il intéressée ?
Peinture et littérature sont deux formes de représentation de la réalité, distinctes mais étroitement liées, parfois en concurrence, souvent en correspondance : l’histoire de ce couple m’a toujours passionnée !
Je suis également émue par les amitiés que peuvent entretenir les écrivains et les peintres. Célèbres ou oubliés de l’histoire, aisés ou dans la dèche, ils se retrouvent tous autour de le création, à discuter sans fin de leurs itinéraires intellectuels ou spirituels, de leur combat pour parvenir à l’expression.
On dirait qu’il manque l’image aux uns et la parole aux autres... Est-ce le cas ?
Je crois qu’il ne leur manque rien, car littérature et peinture, dans leur forme achevée, se suffisent à elles-mêmes.
En revanche, je peux dire que face à un tableau de Gustave Moreau, j’entends la petite musique de Huysmans ou de Lorrain, et qu’à la lecture de Proust, les toiles des impressionnistes me viennent en tête !
On voit des écrivains et des peintres se passer le relais d’un idéal de beauté de génération en génération...
Oui : l’histoire de la peinture et de la littérature, c’est l’histoire des hommes !
A-t-on besoin d’un grand écrivain quand on est peintre et que l’on désire accéder à la postérité ?
Je ne crois pas que cela s’exprime en terme de "besoin". Picasso avait un ADN de génie avant de rencontrer Max Jacob ou Apollinaire, mais sans doute que la rencontre avec ces derniers a nourri et magnifié sa fabuleuse carrière.
L’anecdote joue un rôle important dans le livre... Le trio Delacroix - Sand - Chopin, par exemple, ou encore cet atelier de la rue des Grands Augustins qui passe de Balzac à Picasso... Est-elle nécessaire pour intéresser le lecteur ?
L’anecdote permet de faire entrer par la petite porte, comme un spectateur qui se glisserait discrètement sur un strapontin pendant le spectacle !
Et puis, les anecdotes permettent des connexions inattendues entre les artistes : je trouve émouvant de savoir que Picasso a créé à l’endroit même où Balzac a situé l’une de ses œuvres. Les grands esprits qui se rencontrent, même à un siècle d’écart, ça m’amuse beaucoup !
Propos recueillis par Didier Pasamonik
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Le Pont des Arts - Par Catherine Meurisse - Éditions Sarbacane
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