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Catherine Meurisse : « L’histoire de la peinture et de la littérature, c’est l’histoire des hommes ! »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 7 mars 2012                      Lien  
Elle signe Catherine ses dessins les plus féroces dans "Charlie Hebdo". Mais elle fait aussi des bandes dessinées qui nous enchantent par leur vivacité et par l'intelligence du propos. Son dernier en date? "Le Pont des Arts", une relation amusée de la rencontre entre les écrivains et les peintres de Diderot à Picasso.

Le Pont des Arts relie l’Académie Française au Louvre. Pourquoi ce rapport entre la littérature et la peinture vous a-t-il intéressée ?

Peinture et littérature sont deux formes de représentation de la réalité, distinctes mais étroitement liées, parfois en concurrence, souvent en correspondance : l’histoire de ce couple m’a toujours passionnée !

Je suis également émue par les amitiés que peuvent entretenir les écrivains et les peintres. Célèbres ou oubliés de l’histoire, aisés ou dans la dèche, ils se retrouvent tous autour de le création, à discuter sans fin de leurs itinéraires intellectuels ou spirituels, de leur combat pour parvenir à l’expression.

Catherine Meurisse : « L'histoire de la peinture et de la littérature, c'est l'histoire des hommes ! »
Delacroix dissertant sur Ingres auprès du fils de George Sand. "Le Pont des Arts" - Par Catherine Meurisse - Planche 21
(C) Sarbacane

On dirait qu’il manque l’image aux uns et la parole aux autres... Est-ce le cas ?

Je crois qu’il ne leur manque rien, car littérature et peinture, dans leur forme achevée, se suffisent à elles-mêmes.

En revanche, je peux dire que face à un tableau de Gustave Moreau, j’entends la petite musique de Huysmans ou de Lorrain, et qu’à la lecture de Proust, les toiles des impressionnistes me viennent en tête !

On voit des écrivains et des peintres se passer le relais d’un idéal de beauté de génération en génération...

Oui : l’histoire de la peinture et de la littérature, c’est l’histoire des hommes !

Beaudelaire et Goya. "Le Pont des Arts" - Par Catherine Meurisse
(C) Sarbacane

A-t-on besoin d’un grand écrivain quand on est peintre et que l’on désire accéder à la postérité ?

Je ne crois pas que cela s’exprime en terme de "besoin". Picasso avait un ADN de génie avant de rencontrer Max Jacob ou Apollinaire, mais sans doute que la rencontre avec ces derniers a nourri et magnifié sa fabuleuse carrière.

L’anecdote joue un rôle important dans le livre... Le trio Delacroix - Sand - Chopin, par exemple, ou encore cet atelier de la rue des Grands Augustins qui passe de Balzac à Picasso... Est-elle nécessaire pour intéresser le lecteur ?

L’anecdote permet de faire entrer par la petite porte, comme un spectateur qui se glisserait discrètement sur un strapontin pendant le spectacle !

Et puis, les anecdotes permettent des connexions inattendues entre les artistes : je trouve émouvant de savoir que Picasso a créé à l’endroit même où Balzac a situé l’une de ses œuvres. Les grands esprits qui se rencontrent, même à un siècle d’écart, ça m’amuse beaucoup !

Propos recueillis par Didier Pasamonik

Zola et Manet. "Le Pont des Arts" - Par Catherine Meurisse
(C) Sarbacane

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Le Pont des Arts - Par Catherine Meurisse - Éditions Sarbacane

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10 Messages :
  • "Peinture et littérature sont deux formes de représentation de la réalité"

    Pas nécessairement.

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  • Lancement au Monte-en-l’air vendredi 9 mars à 18h30 !

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  • Le dessin est bon, mais le propos semble très ringard.

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    • Répondu par Charlito le 7 mars 2012 à  16:12 :

      Moins apparemment que le fond de votre pensée dont l’émergeance écrite en éblouit le sujet. Vous auriez pu au moins étayer un peu plus votre remarque...

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      • Répondu par Alex le 7 mars 2012 à  19:00 :

        Ici Monsieur on ne débat pas ! On envoit des commentaires non-signés en traitant les créateurs ou leurs oeuvres de trucs ringards. Non mais, où vous croyez-vous ? (et Charlito c’est même pas un vrai nom d’abord)

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        • Répondu par Charlito le 7 mars 2012 à  22:31 :

          Qu’importe la falsification du nom ou la véracité du pseudonyme, ce qui importe ici est surtout l’accord entre l’auteur et le lecteur, à savoir l’enthousiasme ou la critique. Ceci dit contrairement aux propos de l’anonyme, le dessin n’est pas "bon", ce qui ne veut autant rien dire que "ringard", pourquoi pas "moche" ou "surfait", voire "naze" ?.. Le dessin est vif, vivant, nerveux, une dynamique des personnages très exaltée, ce qui justifie de la part de l’auteur un plaisir évident à dérouler son histoire. Par contre beaucoup de textes, heureusement soutenus par l’agréable souplesse des personnages mis en situations, une réelle maîtrise des codes graphiques qui nous permet de digérer plus aisément la charge des bulles. Mais n’oublions pas que le propos de l’album est littéraire, le plaisir du langage et de l’art en général, ce qui justifie in fine cette logorrhée. Beau travail pour un très joli sourire.

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    • Répondu par Oncle Francois le 7 mars 2012 à  22:59 :

      Oui, le propos c’est les grands auteurs classiques, traité de façon intelligente et moderne ! Cela vous gêne ? Si vous préferez le blog neuneu ou l’indé nombriliste, c’est VOTRE problème ! Ah mais !

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      • Répondu par Oliver le 8 mars 2012 à  22:29 :

        "...face à un tableau de Gustave Moreau, j’entends la petite musique de Huysmans ou de Lorrain ... " ben oui..suffit d’avoir lu A rebours. L’auteur est amoureux de ces deux peintres et porte le premier au nues (goût pour le surnaturel daté fin de siècle).
        Cette façon de dire j’ai lu des auteurs phares mais un peu oubliés, pensez donc Huysmans ça pose son homme (ou sa femme)est somme toute très rive gauche façon cocktail. Le dessin enlevé, mais déjà vu, fait oublier l’absence de fond. Un Copier-coller agencé intelligemment, mélange de phrases pompées chez les grands et de calembours indigestes. Bref on reste dans la moyenne. On décolle rarement et lorsque le miracle se produit, l’atterrissage est plutôt rapide et brutal. Citer des noms en vrac et des "passerelles" clichées n’a jamais suffi à élaborer une pensée.
        Agréable comme le beaujolais nouveau. Mais sans plus.
        Aujourd’hui, il y a une mode pour les sujets intello. Tant mieux pour les ventes. Tant pis pour la culture et la bande dessinée.
        Vous avez dit éblouissant ? Fichtre mon bon ami, mais quel qualificatif utiliserez-vous lorsque vous serez en face d’un chef d’oeuvre ?

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        • Répondu par Tata Janine le 12 mars 2012 à  18:19 :

          "L’auteur est amoureux de ces DEUX peintres et porte le premier au nues" —> À quel second peintre faites-vous allusion, Olivier ? Ne seriez-vous pas entrain de confondre inopportunément Claude Gellée dit Le Lorrain et l’écrivain Jean Lorrain ?

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