On sort toujours ravi d’un livre de Catherine Meurisse. Déjà , elle avait suscité notre enthousiasme en nous parlant de ses "Hommes de lettres" comme s’il s’agissait d’une collection de fougueux amants.
Cette fois, c’est le rapport entre ces hommes de lettres et la peinture qui est examinée.
Meurisse se penche sur les relations, parfois tumultueuses, entre les écrivains et les peintres : Diderot avec Chardin, Boucher et Greuze ; George Sand et Eugène Delacroix ; Théophile Gautier et Le Greco, Rembrandt et Courbet ; Baudelaire et Manet ; Zola et Cézanne ; Proust et Vermeer ; Apollinaire et Picasso, sans parler de Frenhofer, le peintre inaccompli du Chef d’Å“uvre inconnu de Balzac ou l’inquiétant Claudius Éthal de Jean Lorrain, personnages de fiction habités de peinture et de littérature. C’est une sorte d’anthologie drolatique de la critique d’art qui nous est offert là .
Le portrait littéraire a bien souvent en commun avec la caricature la férocité du trait. On y ajoute ici l’anecdote qui perle à chaque case.
" Son dessin est abondant, facile, c’est une improvisation suivie ; et pourtant ce n’est jamais du chic. [...] C’est la logique du savant transportée dans un art léger, fugace, qui a contre lui la mobilité même de la vie."
Ces mots écrits par Baudelaire pour Daumier s’appliquent parfaitement à Catherine Meurisse. On peut y ajouter : un sens du dialogue et de la narration, propres au 9e art, jamais pris en défaut. Genève
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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