Région parisienne, une famille avec quatre enfants. Mia, l’avant-dernière, cumule les problèmes de santé entraînant, entre autres, soucis psychologiques et chutes dans l’appartement. Un médecin, persuadé d’une maltraitance familiale, incite les services sociaux à placer Mia en foyer. Les parents, stupéfaits, font des pieds et des mains pour récupérer leur fille. En vain. Ils tirent la sonnette d’alarme auprès de nombreuses institutions, sollicitent la justice, et multiplient les courriers. Un esprit combatif qui va se retourner contre eux : juges, éducateurs, et certains médecins évoquent un véritable harcèlement. C’est un cauchemar. Où l’injustice semble parfois sombrer dans l’absurde.
Sébastien Girard, webmaster pour une association, a connu cette histoire par la psychologue qui la dirige. Il décide de rencontrer la famille et de raconter leur incroyable calvaire : quatre ans de procédures, d’éloignement de leur fille, de démarches administratives, et même deux déménagements pour changer de juge... Un récit haletant, souvent bouleversant, dont on s’étonne qu’il n’ait pas alerté la presse.
En format poche et bichromie, l’album se présente comme un véritable réquisitoire, alignant les manques institutionnels, en particulier ceux du foyer dans lequel Mia sera restée plusieurs années. La combativité des parents, qui se retourne plusieurs fois contre eux, force l’admiration, et cette chronique se conclut par une probable action en justice pour enfin soulager la famille. L’auteur n’a pas la prétention de dévoiler toute la vérité, prenant fait et cause pour cette enfant et ses parents, mais il a réalisé pour ce roman graphique un énorme travail, en particulier dans la description des faits et la précision des dates.
Ce qui fait la qualité du récit ne tient pas seulement à la longue liste de fautes professionnelles touchant la justice et les services sociaux et la lutte de deux citoyens désarmés face aux institutions. C’est aussi le combat de ces parents, visiblement peu à l’aise au départ avec les rouages du droit français.
Leur courage, leur énergie, mus par les sentiments filiaux les plus nobles, éblouissent le lecteur. Et comme l’auteur, on ne peut s’empêcher de penser à la fierté qu’éprouvera Mia, plus tard, quand elle comprendra à quel point son père et sa mère se sont battus pour elle.
(par David TAUGIS)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion