Tout va bien pour Caroline. Boulot, compagnon, enfant. En plus, elle est drôle, amène le sourire autour d’elle. Alors quand la première alerte survient, un mélange de stupeur et d’inquiétude voisine avec l’autodérision. Puis un deuxième épisode, et un troisième. Cette fois, c’est grave, et les médicaments ne suffisent plus. Caroline se résout à consulter. Première psy, puis deuxième... Et des moments de plus en plus sombres, avec absence d’envies, et pensées suicidaires.
Comme le dit l’auteure en préambule, Chute Libre s’adresse à ceux qui voient le fléau de la dépression de loin, et aussi à ceux qui ont connu, ou même qui s’y débattent. Forcément, elle s’en est sortie, grâce à son.... quatrième psy, qui d’ailleurs signe une préface forte et constructive.
L’album joue volontairement sur un accompagnement désordonné des émotions de l’auteure : les planches changent en permanence, la mise en page, les couleurs aussi. Des visions abstraites alternent avec des passages très documentés. Le monde des psys en prend pour son grade, tout au moins dans la première partie.
Outre la puissance narrative de cette "chute" qui rend la lecture fluide et captivante, Mademoiselle Caroline présente un profil -le sien- qui éclaire particulièrement le sujet : non, elle n’a pas de terrain au départ, n’est pas percluse dans la solitude, la frustration ou les complexes ; non son amoureux n’a pas fui aux premières déprimes... L’occasion de rappeler que la dépression reste une maladie, pas honteuse, et surtout dont on peut guérir. Mention spéciale aux listes de fin d’ouvrage qui regroupent chansons et livres. Des plaisirs essentiels, particulièrement quand l’idée même de plaisir semble disparue à jamais.
(par David TAUGIS)
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