On peut sortir le lascar de la cité mais peut-on sortir la cité du lascar ? C’est ce qu’a cru un procureur un peu trop optimiste qui, suite à une sombre affaire de gâteau d’anniversaire à la TNT, envoie nos cinq amis effectuer quelques Travaux d’Intérêt Général en rase campagne.
Sur place, Titi, Vlad et les autres vont découvrir les joies des animaux récalcitrants, des éducateurs un peu trop entreprenants et des patrons de bar encartés au FN. Pas sûr que vingt ans de ghetto les aient suffisamment préparés à la dure réalité de la France d’en bas !
Depuis Le Rat des villes et le rat des champs, nombres d’auteurs ont joué sur les clivages entre urbains et campagnards pour stigmatiser les différences de mentalité. Plus près de nous, Larcenet s’en était donné à cœur joie avec [Nic Oumouk ou encore dans Retour à la terre, accompagné de son ami Ferri.
Relom n’y va pourtant pas avec le dos de la cuillère. Les banlieusards sont des manches accros au sexe sur Internet et à la fumette universelle, les fermiers sont des réacs sans psychologie, les campagnards des racistes finis, les éducateurs des alcoolos-pervers notoires, et les magnats de l’alimentaire trichent et mentent aux consommateurs. La bonne nouveauté de ce second tome, c’est que tous ces intervenants sont plutôt de bonne foi, sauf les derniers cités.
Plutôt que de caricaturer le milieu de la banlieue, ce sont les réactions de cette immersion qui sont aussi drôles que dérangeantes. On rit à gorge déployée tout en se demandant comment un tel fossé a bien pu se créer entre des êtres séparés par 50 kilomètres. Bien entendu, le trait est un peu forcé, il faut bien se marrer ! Mais la vérité sous-jacente n’est pas si éloignée, et c’est ce qui donne cet aspect sarcastique si plaisant à cet album détonnant. Lecteur sensible, s’abstenir !
(par Charles-Louis Detournay)
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