Cette nouvelle donne met les actionnaires et les syndicats de Presstalis au pied du mur. Constituée par deux coopératives, une pour les mensuels (75%), une autre pour les quotidiens (25%), l’entreprise n’arrivait pas à mettre d’accord ses partenaires sur un plan de relance.
Il faut dire que la diffusion de la presse en kiosque en France ne s’est jamais aussi mal portée depuis ces dernières années en raison principalement du développement de la presse gratuite, du « switch » des lecteurs sur l’Internet dont le modèle payant et la recette publicitaire restent aléatoires, et d’une désaffection globale du lectorat pour la presse écrite. La bande dessinée -qui y est née- en sait quelque chose, elle qui est passée quasi intégralement sur le marché des albums depuis la fin des années 1970.
Créée en 1947 sous le nom des Nouvelles Messageries de la Presse (Presstalis a pris ce nom en 2009), cette véritable institution est le produit de la Loi Bichet sur la distribution de la presse écrite (1947) qui impose à ce distributeur l’obligation de diffuser de façon automatique n’importe quel titre de presse.
Une responsabilité lourde qui fait suite à un monopole de fait détenu avant-guerre par le groupe Hachette, lequel avait collaboré sans vergogne avec l’occupant nazi et le régime de Vichy.
Constitué après la guerre de coopératives très politisées et fortement syndicalisées, son exploitation a toujours été chaotique et peu rentable. Ce distributeur diffuse néanmoins près de 4000 titres, environ 80% de la presse française, et irrigue quelque 25 000 points de vente en France.
En raison de ses pertes chroniques, bien que son coût de distribution soit un des plus importants d’Europe, Presstalis vit sous perfusion des aides de l’État.
Ce dépôt de bilan a pour effet de geler ses dettes et de permettre la continuation de l’activité. La question est de savoir qui va payer la facture et financer la poursuite de l’exploitation et sous quelles conditions. Les éditeurs, de fait, puisqu’ils en sont les créanciers et l’État, tous sous la pression des représentants syndicaux du personnel. Pour le moment, ils se regardent en chiens de faïence...
Le confinement et la cessation presque totale de l’activité constituaient une opportunité idéale pour forcer la main des acteurs. Le dossier est aujourd’hui dans les rênes du Ministre de la culture Franck Riester sommé de sauver la filière.
« Quoi qu’il en coûte », si l’on en croit l’injonction présidentielle ?
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(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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