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Éditeurs de BD : et un de plus !

Par Laurent Boileau le 23 juin 2008                      Lien  
Il a franchi le pas ! Après l'édition de biographies en images, le galeriste Daniel Maghen se lance dans la publication d'albums de bande dessinée.

Daniel Maghen en parlait depuis trois ans, mais les albums tardaient à se montrer. Depuis la semaine dernière, c’est chose faîte puisque Ewen de Tiburce Oger et Andreï Arinouchkine et Les Nuits Écorchées de Régis Penet sont disponibles en librairie.

La collection qui s’appelle tout simplement Bande dessinée vient se juxtaposer aux livres d’illustrations et aux biographies en images (Virages, Entracte et Echo, des ouvrages de grande qualité que nous avons évoqués dans nos pages) que Daniel Maghen a lancés en 2005. Heroic Fantasy, polar, récit historique, roman futuriste, BD gothique… Bande Dessinée se veut être une collection éclectique, où se côtoient des auteurs contemporains aux styles et origines très différents.

Éditeurs de BD : et un de plus !
Dans un marché qui compte déjà 254 maisons d’édition et plus de 3300 nouveautés par an [1] le positionnement du galeriste parisien a de quoi surprendre. "Je ne raisonne pas vraiment en termes de marché. Je fonctionne au feeling." déclare Daniel Maghen. "À partir du moment où j’ai un coup de cœur pour le dessin d’un auteur je prends le risque de l’éditer. J’estime qu’un bon projet, avec une qualité graphique exceptionnelle trouvera forcément sa place. Il n’y a pas de raisonnement commercial à condition que les auteurs aillent le plus loin possible dans leur démarche graphique, quitte à leur donner plus de temps, comme ce fut le cas pour Arinouchkine, qui a eu besoin de plus de trois ans pour faire Ewen, Le but de cette « aventure » est de faire des ouvrages qui correspondent complètement au style et au génie créateur des auteurs. L’édition d’albums est pour moi l’aboutissement d’une passion, celle de la bande dessinée."

Une passion qui l’a poussée à passer de simple collectionneur à galeriste professionnel : plus de 300 auteurs lui confient désormais la vente de planches originales.

"Les métiers de galeriste et d’éditeur sont tout le temps entrecroisés, ils cohabitent et s’enrichissent l’un l’autre. En allant chez les auteurs pendant des années et en regardant des milliers de planches de tous les grands noms du 9e art, j’ai acquis une culture solide de ce métier. Ceci me permet aujourd’hui d’assumer la direction éditoriale de mes projets, de les manager et d’interagir avec mes auteurs en ayant un regard global et posé sur le processus de création d’une bande dessinée." explique Daniel Maghen.

Le fait de pouvoir mettre ensuite en avant ces albums, en exposant les originaux à la galerie, est une valeur ajoutée, pour les auteurs et pour les lecteurs. "C’est une autre approche d’une œuvre qui sort des pages du livre pour s’installer au mur. ".

Chez Daniel Maghen, les albums de bande dessinée se doivent d’être en grand format, avec une haute qualité d’impression sur du beau papier et, dans la mesure du possible, comporter des cahiers supplémentaires à la fin de l’album. C’est le cas pour Ewen où 32 pages d’illustrations et de crayonnés mettent en relief le somptueux graphisme du Biélorusse Arinouchkine.

R. Penet et A. Arinouchkine entourant Daniel Maghen

Diffusés par La Diff/Volumen, Ewen et Les Nuits Écorchés ont bénéficié d’un tirage respectif de 11000 et 7000 exemplaires pour une mise en place en librairie de 7500 et 5500 exemplaires. Avec un prix moyen de vente de 15 euros et une quinzaine d’albums en préparation, l’investissement est important pour une maison d’édition de cette taille.
"À partir de 2009 nous publierons entre 8 et 10 albums de BD par an. Cela dépendra essentiellement du rythme de travail des auteurs, certains vont plus vite que d’autres. Mais je préfère leur donner tout le temps nécessaire pour obtenir un résultat optimal. Je suis très exigeant sur la qualité graphique, vous l’aurez compris, il faut donc que je sois convaincu à 100% du résultat avant de l’imprimer. Je veux des albums avec une âme, chaleureux, très humains, avec un côté manuel, artisanal, et qui ne ressemblent pas à certaines BD sur les rayons des librairies qui semblent faites à la chaîne, avec des couleurs plates et impersonnelles.".


Patrick Prugne, Enrique Corominas, Amar Djouad et Ana Koehler sont d’ores et déjà annoncés pour l’année prochaine. Les choix éditoriaux se font principalement sur le dessin.

"Le critère principal, c’est un graphisme irréprochable et qui doit me plaire. Ensuite tout sera mis en œuvre pour que le dessinateur puisse exprimer tout son potentiel dans l’album. D’ailleurs, les scénaristes s’adaptent le plus possible aux souhaits et aux envies des dessinateurs. Dans le cas d’Arinouchkine par exemple, il voulait absolument dessiner une épopée, avec une princesse, des paysages de neige, dans un univers inspiré par le Seigneur des Anneaux. Tiburce a ainsi crée une histoire sur mesure, avec beaucoup de scènes d’extérieur, peu de cases par page et des personnages qui ont permis à Arinouchkine de coucher sur le papier toutes ses idées géniales, sans limite.".

Daniel Maghen nous donne rendez-vous dans un an pour un premier bilan. D’ici là, de nouveaux titres seront publiés : Deux Vies d’Eberoni, Apocalypse de Malnati en septembre 2008 puis le tome 2 des Nuits Écorchées à la fin de l’année.

(par Laurent Boileau)

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Photos © L. Boileau

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Plus d’info sur le site internet des Editions Maghen

[1Chiffres © Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée.)

 
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18 Messages :
  • 254 ni plus ni moins
    23 juin 2008 14:28

    254 ? Media-P + Glénat + Caster/Audie + Delcourt + Soleil + Bamboo + Humanos (dans le doute)... en vrai on est loin du compte non ?

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    • Répondu par Calculette le 23 juin 2008 à  14:45 :

      254 ? Media-P + Glénat + Caster/Audie + Delcourt + Soleil + Bamboo + Humanos (dans le doute)... en vrai on est loin du compte non ?

      Oui, car vous oubliez plein d’autres éditeurs. Faut arrêter d’aller dans les hypermarchés et commencer à fréquenter de bons libraires.

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      • Répondu par François Pincemi le 23 juin 2008 à  23:07 :

        Savez vous que certains éditeurs francophones de qualité n’ont même pas les moyens d’avoir une diffusion en France ?

        Ceci dit, ne nous plaignons pas, nous restons privilégiés par rapport aux bédéphiles belges suisses et canadiens !°)

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      • Répondu le 23 juin 2008 à  23:56 :

        C’est clair ! Et Carabas, Fremok, Akileos, Paquet, la fantasy de chez Clair de Lune ; la résurrection de Futuropolis ; et pis Grasset, Gallimard et le Seuil (quand même ! Galligraseuil, ça vous dit rien ? Même en bd ils sont là !) ; les objets d’art que sont les titres de Mosquito ; les bd toutes jolies de Petit à petit...

        Enfin, s’il y en a plus de 200 on va pas tous les faire hein !

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  • Le critère principal, c’est un graphisme irréprochable et qui doit me plaire. Ensuite tout sera mis en œuvre pour que le dessinateur puisse exprimer tout son potentiel dans l’album. D’ailleurs, les scénaristes s’adaptent le plus possible aux souhaits et aux envies des dessinateurs

    Autrement dit, le souci des belles planches, au detriment du scenario, plus que vraisemblablement. Cela me rappelle un travers dans lequel est tombe la bande dessinee il n’y a pas tres longtemps... De beaux objets creux en perspectives

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    • Répondu le 23 juin 2008 à  23:45 :

      Pas d’accord, les albums en question n’ont rien de creux ; et quant à ce "travers dans lequel est tombée la bande dessinée il n’y a pas très longtemps"...

      Amusante réflexion à l’heure des bibliographies à outrance, des orgies de récits dits "intimistes" et des publications massives de blogs égocentriques dont les auteurs semblent développer d’intéressantes techniques de dessin par les pieds.
      La grande mode étant aux personnages vaguement esquissés, aux traits elliptiques ou tremblotants, et à la colorisation par vagues a-plats numériques, ces deux-là sont plus que les bienvenus.

      Même les prochains titres promettent et font revenir les meilleurs : le retour de Didier Ebéroni, l’une des excellentes têtes d’affiche de Métal Hurlant ; et Malnati, entre gothique et steampunk ; on est loin des centaines de titres bâclés tant au point de vue du scénar que du dessin pour faire du chiffre !

      Le bien commun au détriment de la morale ; le sacrifice de soi pour ce même bien commun ; l’inhumanité des héros ; la bio-éthique, l’ambiguité des identités sexuelles, les manipulations génétiques, le trafic d’organes sont autant de thèmes abordés par les deux bd nouvelles-nées. On peut estimer que c’est assez varié et que rien ne s’est fait "au détriment du scenario", non ?

      "La bande dessinée c’est avant toutes choses de la NARRATION" : non, ça, ça existe en effet mais ça s’appelle un roman...

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      • Répondu par Will le 24 juin 2008 à  18:06 :

        La bande dessinée c’est avant toutes choses de la NARRATION" : non, ça, ça existe en effet mais ça s’appelle un roman...

        tu confonds, "narration" c’est tout ce qui concerne la façon de raconter, le récit, que ce soit le conte de la tradition orale ou le récit en images (même sans texte), c’est l’histoire qui donne sa raison d’être aux images dans une bande dessinée.
        Si on procède à l’envers, comme c’est le cas de Daniel Maghen, il y a peu de chance de faire des bd intéressantes, juste des livres d’images.

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  • Éditeurs de BD : et un de TROP !
    23 juin 2008 19:38, par Will

    C’est affligeant ! La bande dessinée c’est avant toutes choses de la NARRATION , des histoires que les images racontent.

    Maghen dit :
    -"L’édition d’albums est pour moi l’aboutissement d’une passion, celle de la bande dessinée."

    Non, il n’en a rien à foutre de la bande dessinée, sa passion c’est le dessin, et seulement le dessin, de préférence réaliste, en couleurs directes et sans aucun texte, c’est plus joli sur les murs du salon, et ça se vend mieux, qu’il laisse la bande dessinée à ceux qui aiment les histoires.

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    • Répondu le 23 juin 2008 à  22:33 :

      Quel message sectaire !

      La bande dessinée, c’est tout... et encore autre chose à venir...
      Pourquoi restreindre ?
      Bravo à Daniel Maghen de faire des beaux livres !
      Les autres éditeurs massacrent tant et tant la bande dessinée !

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    • Répondu par Michel Dartay le 23 juin 2008 à  23:57 :

      protectrice d’un de ses auteurs sur l’épaule. Et cela semble le satisfaire, à voir son gentil sourire !

      Blague à part, et si on attendait la sortie du bouquin en question pour juger sur pièce ? Un tout petit éditeur peut faire du meilleur boulot que certains gros plus intéressés par la quantité !

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    • Répondu le 24 juin 2008 à  12:28 :

      je confirme !!!

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  • merci pour les imprimeurs.
    23 juin 2008 23:52, par BDjack

    une volonté de faire du beau mais imprimé à Singapour...

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    • Répondu le 24 juin 2008 à  11:18 :

      espèrons juste qu’il n’y a pas eu trop de sous-traitance en Chine ou en Inde, pays dynamiques où la main d’oeuvre y est encore moins coûteuse ?

      Je suppose que ces livres ont ensuite voyagé par avion ou bateau ? Combien de taxes douanières ? Et l’écotaxe ?

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  • Éditeurs de BD : et un de trop
    24 juin 2008 13:10, par marcel

    Autrement dit, le souci des belles planches, au detriment du scenario, plus que vraisemblablement.

    Et encore, ce n’est meme pas vraiment le cas : une planche est "belle" si elle est equilibree. Pour avoir lu Ewen dans BoDoi, le dessinateur ne sait absolument pas mettre en scene une BD, c’est presque un manuel de tout ce qu’il ne faut pas faire en narration. Je me demande meme si cet illustrateur a jamais lu une BD avant d’en faire.

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    • Répondu le 24 juin 2008 à  20:09 :

      Mais il s’en fout de la BD, son truc c’est de faire de la peinture, mais le figuratif ça ne se vend plus, alors il les met côte à côte et pense que ça fait une bd.

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    • Répondu par Michel D. le 24 juin 2008 à  23:30 :

      Je croyais que Daniel Maghen avait eu un vrai rôle éditorial ; c’est à dire pas seulement faire imprimer (à Singapour) mais aussi aider à concevoir, critiquer, améliorer pour que l’oeuvre publiée soit passionnante. Je pense que le rôle d’un éditeur n’est pas seulement de signer des contrats, mais plutôt par sa connaissance générale du marché et du mode d’expression BD, d’aider les artistes à produire une oeuvre qui tienne debout et parle relativement facilement au public. Les créatifs (dessinateurs et scénaristes)sont parfois à fond dans leur oeuvre (8 à 12 heures par jour) ce qui les prive de l’objectivité et du recul nécessaire, d’où l’utilité d’un véritable professionnel de l’édition.

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    • Répondu par Michel D. le 24 juin 2008 à  23:34 :

      Dommage, messieurs.

      La bonne BD, ce n’est pas seulement du beau dessin. Un beau dessin sans le support d’un texte fort qui le supporte et lui donne son assise, c’est au mieux de la belle illustration, mais parfois seulement de la masturbation graphique...

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