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Nicolas Duval : "Mon approche est de respecter l’univers graphique de Loisel"

Par Laurent Boileau le 6 août 2012                      Lien  
il aura fallu une semaine de tournage et... trois ans de post-production à Nicolas Duval pour finir son pilote de 15 minutes, adapté de la célèbre bande dessinée "Peter Pan" de Régis Loisel.


Mention spéciale à le première édition du PIFFF (Paris international fantastic film festival), ce pilote est doté d’un casting plutôt prestigieux : François Levantal en Crochet, Michel Muller en Mouche, la chanteuse Leslie Bourgouin en fée Clochette ou bien encore Jules Sitruk en Pan. Rencontre avec son ambitieux et talentueux réalisateur.

Quels rapports entretenez-vous avec la bande dessinée ?

Depuis tout petit, je dessine. J’avais chez moi les BD de Tintin, Lucky Luke, Gaston Lagaffe, Spirou et je lisais aussi Mickey Magazine et autres Pif Gadget. Donc j’ai appris a dessiner en recopiant ces personnages. Ensuite, en grandissant, j’ai connu les BD plus "adultes" de Jean Giraud alias Mœbius, Mézieres, Caza, Jodorowsky, Loisel...

C’est surtout le style graphique, celui de Loisel, et ses histoires de Fantasy qui m’ont tout de suite plu au delà des jolies femmes qu’il dessinait... En parallèle, à cette époque, sortait en France Akira de Ōtomo et je me suis intéressé aux mangas en plus de la BD franco-belge.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’adapter Peter Pan de Régis Loisel ?

Je regardais aussi beaucoup les dessins animés à cette époque et le Peter Pan de Disney était pour moi, et je crois pour beaucoup d’autres, une superbe histoire pleine de rêves et un super personnage. Un enfant qui vole et qui ne grandit pas, c’est le top quand on est jeune et qu’on voit les problèmes "des adultes".

Du coup, voir Peter Pan adapté par son auteur de BD favorite, c’est comme pour ceux qui aiment Tim Burton et Alice au pays des merveilles et qui ont appris que le film se faisait.

D’autre part, j’adore le cinéma depuis tout petit, ma mère me faisait découvrir tous les westerns, les Fernandel, les films de Jean Gabin et Lino Ventura...

Mon rêve était de raconter des histoires et d’être réalisateur un jour. Le Peter Pan de Loisel était alors une des adaptations que j’adorerais faire en film. Pourquoi cette histoire ? Disons que la vision de Régis est juste magnifique, il y a pour moi tous les ingrédients d’une belle histoire cinématographique avec le fond et la forme. En plus, c’est un univers très sombre et comme j’ai toujours adoré les méchants et ce type d’univers, j’avais là le plus beau projet pour moi !

Régis Loisel a-t-il été facile à convaincre ?

Pour convaincre Régis d’adapter son projet, javais préparé le casting de Peter, celui de la maman de Peter ainsi qu’un dossier complet (storyboard, script et note d’intention). Je l’ai rencontré à Angoulême et je lui ai montré mon premier court-métrage et les vidéos des deux castings. Et il a été conquis et m’a laissé les clés de son bébé... Je lui ai dit vouloir faire directement un long-métrage mais comme il avait été déçu par les précédentes adaptations, il m’a dit "fait plutôt un petit court déjà et après, si je suis convaincu, on parlera du long !"

Quel rôle a-t-il joué sur le pilote ?

Il voulait déjà suivre le casting (surtout celui de la fée clochette...), ensuite il voulait voir les avancées au fur et à mesure. Mais comme le procédé des trucages au cinéma est très long et que nous n’avions aucun budget, j’ai préféré attendre que les plans soient plus aboutis pour lui en montrer un peu plus, histoire de ne pas lui faire peur avec des plans "work in progress". Ce n’est qu’une fois le pilote terminé que je lui ai envoyé et il a beaucoup aimé.

Comment avez-vous déterminé le casting ?

En fait, je me suis entretenu avec ma directrice de casting et je lui ai demandé de trouver des personnages qui ressemblent le plus à ceux de la bande dessinée et elle a fait un travail magnifique ! C’est elle qui a, par exemple, proposé Corinne Masiero pour le rôle de la mère. Et moi j’ai pensé à Leslie Bourgouin !

Nicolas Duval : "Mon approche est de respecter l'univers graphique de Loisel"
Jules Sitruck & Nicolas Duval
© Nicolas Duval

Avoir l’accord de comédiens reconnus pour un pilote ou un court-métrage n’est pas facile. Que s’est-il passé pour Peter ?

Oui, ce n’est pas évident mais beaucoup connaissaient Peter Pan et certains connaissaient même la version de Régis Loisel. Du coup, comme ce sont des projets peu communs en France, ils ont tous dit oui malgré les conditions de tournage peu évidentes : Trois jours en plein hiver dans un hangar à bateau où il faisait -3°...

Depuis quelques mois votre pilote est visionné par différents producteurs et non des moindres. Comment vivez-vous cela ?

C’est super-chouette. Après, il faut relativiser car comme le dit si bien Régis "c’est toujours des beaux sourires au départ...". Mais bon, il y a un véritable intérêt de la part de plusieurs producteurs. Un projet comme celui-là en France, c’est quitte ou double. J’ai pu voir que des producteurs français aimeraient vraiment faire ce film donc j’en suis très ravi.

Ce pilote est destiné à faciliter la production d’un long-métrage. Où en êtes-vous exactement ?

La partie "droits et négociations" sur ce genre de projet est longue et l’auteur tient vraiment, tout comme moi, à ce que ce projet se fasse dans les meilleures conditions et soit le plus fidèle possible même s’il y a un travail énorme d’adaptation. Du coup, il y a pas mal d’aller retour entre l’auteur, les producteurs et moi. Et puis surtout, Régis, étant à Montréal, les entretiens ne commencent qu’à 18h le soir...

Quelle est à votre approche pour réussir l’adaptation de cette mythique série de bande dessinée ?

Mon approche est déjà de respecter le matériau originel, c’est-à-dire l’histoire et l’univers graphique de Loisel. Après, il faut faire des concessions mais comme Régis veut participer à l’élaboration de l’écriture, nous allons pouvoir faire ensemble ce travail d’adaptation sans dénaturer l’œuvre.

Pour moi, il y aura plusieurs niveau de lecture, d’autant que le thème est un peu la schizophrénie d’un enfant marqué par la dureté des adultes et de son environnement.

D’autre part, Régis n’a fait apparaitre le personnage de Jack l’Éventreur (thème central de la BD) qu’au 3e tome, pour le long-métrage, nous allons pouvoir intégrer ce personnage dès le début.

Il ne s’agit pas de faire un "copié-collé" de la BD mais d’être justement plus concis sur certains passages et surtout de créer de nouvelles choses, de nouvelles séquences pour que la bande dessinée et le film se complètent ou montrent des aspects de l’histoire et des personnages sous un autre angle. C’est lors de la collaboration sur l’écriture avec Régis que nous axerons cela.

Propos recueillis par Laurent Boileau

(par Laurent Boileau)

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Photo © Amandine Crochet

 
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