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Elodie Durand (la Parenthèse) : « Je voulais que ce combat contre la maladie soit le plus authentique possible pour le lecteur »

Par Charles-Louis Detournay le 7 août 2010               la Parenthèse) : « Je voulais que ce combat contre la maladie soit le plus authentique possible pour le lecteur »" data-toggle="tooltip" data-placement="top" title="Linkedin">       Lien  
Par cet album de plus de 200 pages, cette rescapée témoigne de sa bataille contre une tumeur, qui détraquait son comportement et bouffait sa mémoire.

Parue chez Delcourt, la Parenthèse est un témoignage poignant d’une jeune fille terrassée par une tumeur au cerveau, provoquant épilepsie et déréglant sa personnalité et sa mémoire. En retraçant sa chute au fond du gouffre, les tests réalisés, les crises, les traitements et l’attention de ses proches, elle fait profiter le lecteur de ce très beau combat pour la vie.

Elodie Durand (<i>la Parenthèse</i>) : « Je voulais que ce combat contre la maladie soit le plus authentique possible pour le lecteur »Outre ce témoignage de maladie déjà abordé par d’autres auteurs, l’intérêt du livre réside dans les dessins réalisés par l’auteure pendant la période de ses crises. Narration ne nécessitant pas d’explication, ils attestent de ses sentiments lors de ces moments noirs.

Comment est né ce besoin de retracer votre parcours personnel et celui de votre maladie ?

C’est une envie de longue date. J’en ai eu l’idée en 2003, comme un des projets pour l’obtention de mon diplôme aux Arts Décoratifs de Strasbourg, car mon histoire semblait intéresser les personnes autour de moi. Le fait d’en parler me permettait déjà de tracer un plan général du récit si j’entreprenais de le dessiner. Mon diplôme en poche, j’ai mis cette idée de côté pour me consacrer à d’autres projets. Le sujet était encore trop à fleur de peau pour que je puisse l’aborder sereinement. Il fallait que le temps passe pour que l’émotion soit moins forte.

La Maison des Auteurs d’Angoulême vous a accueillie par après, pour ‘accoucher’ de votre récit ?

Oui, j’étais à résidence pendant quatre mois. J’ai alors pu monter le projet pour aller le présenter aux éditeurs. Delcourt s’est rapidement montré intéressé. Le temps de finir les autres travaux que j’avais entamés, et j’ai travaillé sur cette sorte de biographie pendant toute l’année 2009.

Est-ce que vous avez abordé ce récit comme une sorte de thérapie ?

C’était plus le cas en 2003, pour me permettre de rassembler mes souvenirs personnels. Mais par après, c’est le témoignage qui a primé. J’ai aussi été attiré par la construction d’un récit conséquent de deux cents pages. Cela m’a donc demandé un gros travail d’écriture pour que cela demeure aussi intéressant que facile à lire.

Par vos multiples brouillons d’écritures, qu’est-ce qui a été difficile à mettre en œuvre ?

J’ai rapidement discerné le ton du livre. Par contre, il m’a fallu du temps pour trouver cette idée de m’adresser à ma mère, afin de donner une direction au récit. Je voulais aussi mettre un système en place afin de représenter les différents temps de l’histoire, qui puisse représenter ces souvenirs perdus et cette mémoire défaillante. L’utilisation des flash-back, leur imbrication et l’utilisation de discours directs me permettait alors d’alléger le récit. Pour que le lecteur s’identifie le mieux possible à Judith, le personnage de l’album, il fallait qu’il découvre les événements en même temps qu’elle. Je voulais que le récit soit le plus autobiographique possible.

Vous parlez de votre personnage, Judith, alors que ce livre retrace votre parcours ?

Judith est mon deuxième prénom, mais c’est bien entendu de moi dont il est question. Je préfère néanmoins maintenir cette distinction, car cette histoire est le temps d’une parenthèse à mes yeux. C’est maintenant une partie de ma vie qui est derrière moi, ce qui me permet de me lancer dans d’autres projets.

Une des caractéristiques du livre réside dans les dessins que vous avez réalisés lorsque vous étiez fort malade...

Je voulais renforcer l’impact du témoignage et l’identification du lecteur. J’aurais été incapable de l’inventer ou de les redessiner. Parmi la multitude de dessins que j’ai réalisés, j’ai choisi les plus représentatifs sur une période qui s’étend sur près de dix ans. Ils démontrent autant les problèmes psychiques que je traversais que les soucis physiques comme les troubles de la vision. Puis, je représente également la maladie en la caractérisant telle un être qui me dévore. C’est alors plus une projection de mes sensations.

Vous êtes passé à deux doigts de la mort, vous pensez que votre rémission est plus due à la médecine ou au soutien de votre famille ?

Aux deux. Si je n’avais pas eu l’un et l’autre, je ne pense pas que les choses se seraient passées de la même façon. Ce qui est certain, c’est que si cela s’était déclenché cinq années plus tôt, avant les progrès expérimentaux de la médecine dans ce domaine, je ne serais plus là pour en parler.

Quels sont maintenant les chemins qui s’ouvrent à vous ?

J’ai enchaîné avec des travaux de commande pour des livres de jeunesse. Je suis en train d’écrire un autre projet, mais je voudrais surtout travailler sur un temps plus court, et partager mon travail avec une autre personne pour pouvoir rebondir sur ses sentiments. C’est très enrichissant de profiter d’autres expériences !

(par Charles-Louis Detournay)

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Photo : © CL Detournay

 
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