John Ghostman est détective privé et vit d’enquêtes miteuses, depuis qu’il a claqué la porte du FBI, effondré après ne pas avoir réussi à sauver un garçon d’un tueur en série. Mais une sombre affaire dans laquelle sont englués les fédéraux, contraint ceux-ci à refaire appel à Ghostman, d’autant que les messages en lettres de sang laissés par le tueur mentionnent précisément le détective.
Bienvenue dans l’univers des enquêtes plus sombres que l’enfer, où les cadavres mutilés ne s’analysent pas à la lumière de lampes filtrées par des experts en costume propre. Ici, les enquêteurs sont crades, mal rasés, les rues sont parsemées d’ordures, et le flair à moitié noyé dans l’alcool reste le principal atout de limiers tous au bout du rouleau.
Dans ce monde rongé par le vice, le trait d’Andrea Mutti, dense et envahi par des noirs épais, souligne encore plus cette ambiance souterraine : les personnages se débattent dans ce qui ressemble fort à l’enfer, une impression renforcée par la colorisation à dominante rouge.
Le scénario met aux prises le personnage principal avec ses démons intérieurs sous la forme de ce fantôme, sorte de conscience barrée omniscience, symbolisant son flair d’enquêteur, et en même temps sa faille auto-destructrice. L’album se lit assez vite, et on aurait aimé en avoir plus à se mettre sous la dent, tant le personnage de Ghost a un fort potentiel. Espérons que l’aventure n’en restera pas là, et que les auteurs nous donneront des suites.
Dans la lignée des précédents titres du label "Hostile Holster" d’Ankama, cet album est toutefois plus "rentre dedans" et premier degré. Si vous aimez les descentes aux enfers policières, bien moites, alcoolisées et enfumées comme il faut, saupoudrées d’un graphisme efficace évitant comme la peste le "beau" et l’esthétique léchée, cet album est pour vous.
(par Thomas Berthelon)
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