Grandville : Bête Noire T. 3 - Par Bryan Talbot – Ed. Délirium

Les lecteurs qui connaissent la célèbre série de Bryan Talbot sont déjà conquis et savent à quoi s’attendre : un comics intelligent, tout en subtilité, qui fait travailler leurs méninges à plusieurs niveaux. En effet, non seulement vous tenterez de résoudre l’enquête en même temps que les héros, mais il sera fait appel à votre culture générale. Dans le domaine, l’auteur n’y va pas de main morte et multiplie les clins d’œil à la bande dessinée franco-belge, la littérature ou encore la peinture.

Est-ce fastidieux ? Non, mais plutôt amusant, dense et riche. On ne s’ennuie pas une seule seconde car, dans les moments où l’action laisse la place à une réflexion ou à une respiration bien nécessaire, les multiples détails, jamais gratuits, font voyager vos yeux soucieux de ne rien laisser passer. Vous ignorerez fatalement certaines références, mais qu’à cela ne tienne, un dossier en fin de volume viendra enrichir vos connaissances.

{{Tiens, voici un de ces multiples clins d’oeil à la BD franco-belge avec l’ apparition de ce scientifique. Plus haut, vous aurez sans doute reconnu un célèbre matou bien moins marrant ici que dans sa série d’origine}}

© Éditions Délirium

Cette enquête policière, un hommage à James Bond (voir la couverture), comprend sa dose d’action, de suspense et même de romance, le tout saupoudré d’un humour omniprésent. On a même droit à une séquence de « mystère de la chambre close » où le crime se déroule dans une pièce fermée de l’intérieur qui donnerait du fil à retordre au Rouletabille de Gaston Leroux.

Comment l’auteur parvient-il à introduire ces multiples ingrédients sans en écœurer le lecteur ? C’est qu’à l’instar des maîtres pâtissiers, Bryan Talbot a appris durant sa longue carrière à les combiner avec art et finesse. Cerise sur le gâteau : sans vous en rendre compte, vous vous cultivez et assimilez des connaissances tout azimut.

{{Les dialogues sont savoureux et les éléments de l’intrigue sont vite mis en place dans Grandville.}}

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Nous sommes constamment en quête de ce type de bande dessinée qui nous procure de si bons moments de lecture. De plus, cette plausible uchronie se révèle également être le reflet, voire une satire, de nos sociétés. Le monde politique, artistique, celui des puissants qui tentent de tout dominer (allant jusqu’à façonner nos goûts dans leurs intérêts), celui de la plèbe en révolte qui ne nuit qu’à elle-même par ses actions destructrices, ou encore celui des marchands d’armes sans état d’âme, nous sont dépeints dans cette fresque monumentale, en toile de fond de ce brillant divertissement.

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