Cette uchronie admirablement bien pensée doit sa réussite à la somme de détails et de références qui fourmillent tout au long des cent et quelques pages de ce premier album. Le lecteur passe à côté de la plupart de celles-ci tant il est pris par un scénario haletant.
Bien sûr, de nombreux clins d’œil à la bande dessinée franco-belge ne passent pas inaperçus que ce soient par des apparitions furtives de personnages secondaires (Snowy – Milou) ou de simples figurants (Spirou, Bécassine). C’est moins évident pour certaines affiches issues de la belle époque par exemple. Qu’à cela ne tienne, les explications sont fournies au lecteur dans un dossier totalement inédit et rédigé pour cette édition française par l’auteur lui-même. Ce magnifique bonus permet une relecture et double ainsi le plaisir du lecteur.
Sur le plan graphique, ces animaux anthropomorphes pourraient déconcerter certains lecteurs au premier regard mais, très rapidement, on s’acclimate à ce monde parallèle. Les caractères d’animaux sont judicieusement choisis en rapport avec leur fonction. L’empereur sera un lion par exemple. Les deux protagonistes quant à eux sont un blaireau (l’inspecteur LeBrock de Scotland yard) et un rat (son adjoint Roderick Ratzi). Les détails pour situer cette histoire dans un monde figé dans la fin du XIXème siècle sont pléthoriques permettant aisément l’immersion du lecteur dans cet univers steampunk. Les expressions des acteurs révèlent tout le talent de l’artiste.
Le scénario est finement ficelé. Il démarre sur les chapeaux de roue. On croit d’abord entrer dans un polar mais l’histoire évolue et débouche sur des enjeux politiques criminels. L’action est omniprésente. Les scènes de pugilat, d’embuscade ou autre mitraillage sont époustouflantes. Bien que le sujet ne s’y prête pas trop, l’humour n’est pas totalement absent et on sourit à plus d’une reprise.
Il y a bien un bémol vous demanderez-vous... S’il faut en trouver un, ce serait au niveau de la mise en couleur qui aurait dû sublimer le dessin mais qui, au contraire, le dessert. Nous verrons toutefois que ce point faible sera amélioré dans le tome 2 (déjà paru ce mois) qui sera chroniqué dans cette même rubrique très prochainement.
En attendant, bienvenue à Grandville et oubliez que vous vivez dans une République mais bien sous le règne de votre Empereur, Napoléon XII, qui habite Versailles !
(par David SPORCQ)
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