En novembre 2016, Marion Jdanoff apprend une terrible nouvelle. Son amie Pauline, qui était en rémission d’un cancer du sein, « doit retourner se battre » contre la maladie, qui a gagné son cerveau. Une bataille remportée, la guerre reprend donc de plus belle. Mais que peut faire Marion, alliée de toujours, pour accompagner Pauline dans sa lutte ?
Marion Jdanoff eut une idée : pour pouvoir rester proche de son amie malgré l’éloignement, pour la soutenir dans ses épreuves, pour tenter d’exorciser le mal, elle a décidé de lui envoyer des dessins aussi longtemps qu’elle aurait à affronter la maladie.
Chaque mois, elle devait lui faire parvenir assez de dessins pour qu’elle puisse en brûler un par jour. Un dessin par jour jusqu’à la guérison, un dessin quotidiennement sacrifié par le feu pour maintenir la flamme de la lutte contre le crabe qui rongeait le cerveau de Pauline.
La guerre a malheureusement été perdue. Et Pauline n’a brûlé aucun dessin. Elle s’est même fait tatouer l’un d’entre eux. Ce sont donc dix mois de dessins - de novembre 2016 à août 2017 - qui subsistent. La décision ayant été prise de publier cet ensemble, décision à laquelle Pauline n’est pas étrangère, nous le retrouvons entre nos mains grâce à la co-édition de Grante Ègle et Super Loto Éditions, qui ont pris le soin de créer un objet à la mesure de son histoire : à la fois imposant et gracile, beau et poignant.
Marion Jdanoff a pu être désemparée et elle l’admet : « Maintenant que je me retrouve seule avec cette pile de dessins, je fais beaucoup moins la maline. Les sortir de leur cadre privé est étrange. » Mais elle s’y est tenue et est parvenue au bout du projet. Elle a tenu à en conserver la spontanéité et c’est ce qui fait la plus grande partie de son charme. Même les fautes d’orthographe ont été conservées. L’idée est que nous ayons avec nous ce que Pauline a eu sous les yeux, la reliure et la couverture en plus.
Reste à imaginer comment celle-ci a pu les recevoir, au sens fort du terme. Quelles émotions a-t-elle ressenties ? Quels sentiments ont-ils provoqués ? Jamais elle ne pourra nous le dire et tout au plus pouvons nous l’effleurer. Mais c’est déjà beaucoup, tant il est rare d’entrer de cette manière dans l’intimité d’une relation.
« Ce livre est un bricolage de confiance et d’amitié » écrit Marion Jdanoff. Bricolage certes, dû à l’improvisation, à la confrontation avec l’expression brute, à l’incertitude du devenir de la relation entre les deux amies. Mais un bricolage tout en finesse. Chaque dessin est comme une respiration : fugace mais indispensable à la vie de l’ensemble, au maintien du tout. Noirs et blancs ou colorés, simples ou complexes, sombres ou lumineux, tous les dessins ont leur place, qu’ils évoquent la maladie ou la mort, le passage du temps ou la douleur, l’espoir ou le changement.
Mais Guerre n’est pas un tombeau. Malgré sa forme massive comme celle d’une stèle, malgré ce que nous savons de son histoire, malgré la dureté de certains dessins, c’est la vie qui l’emporte. Car ce livre, grâce aux multiples lectures que nous pouvons dorénavant en faire, maintient vivant le lien entre Pauline et Marion et, au-delà, matérialise pour un long moment encore le destin d’une femme et la solidité d’une amitié.
(par Frédéric HOJLO)
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Guerre - Par Marion Jdanoff - Super Loto Éditions & Grante Ègle - collection Banco - 16, 3 x 23,1 cm - 636 pages couleurs - couverture sérigraphiée souple avec rabats et jaquette - parution le 12 avril 2019.
Consulter le site de l’autrice & lire quelques pages de l’ouvrage.
À l’occasion de la publication de Guerre, il sera possible de rencontrer l’autrice et les éditeurs :
les 27 et 28 avril au Temps Machine à Joué-les-Tours : exposition
d’originaux de l’autrice, rencontre et signature ;
le 30 avril à la Librairie Vents d’Ouest au Lieu Unique à Nantes : rencontre et signature ;
le 2 mai à la librairie Ombres Blanches à Toulouse : rencontre, signature et exposition d’originaux (jusqu’au 20 mai) ;
le 3 mai à la Maison des Arts Georges Pompidou de Cajarc (46) : rencontre et signature ;
le 4 mai à 17h à la librairie Mollat à Bordeaux : rencontre et signature.
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