Avec No mas pulpo, No mas chorizo et Que Cigares, trilogie publiée initialement par PLG (1990-1993), Joe G. Pinelli s’étend sur ses obsessions favorites : les voyages, ici en Espagne, avant retour à Liège ou détour par Ostende, les amitiés complexes et, surtout, le sexe. Autant de prétextes visant à nous offrir en pâture une intimité, apparemment dévoilée sans pudeur, sinon davantage empreinte d’une distance salutaire.
De l’autobiographie vers d’autres formes d’inspiration
Cet enseignant à l’Académie royale des Beaux-Arts de Liège, né en 1960, a commencé à creuser son sillon en tant que dessinateur en s’inscrivant fortement dans la veine de l’autobiographie, dès les années 1980. Il affirme crânement dans divers entretiens s’être accommodé fort bien de demeurer longtemps publié par des fanzines ou autres petits éditeurs indépendants. Il se serait ainsi arrangé de tirages assez faibles, du moment qu’il pouvait y gagner un minimum de lecteurs et continuer à se faire plaisir, au besoin en rajoutant de la fesse, afin que ces derniers évitent de s’emmerder ! Toutefois, après, notamment, une saga en plusieurs volumes parue aux éditions néerlandaises Sherpa, puis la trilogie republiée actuellement par Ego Comme X ou encore les trois volets de La Dinde sauvage chez PLG (1996-1999), il s’est tourné plus récemment vers des éditeurs plus commerciaux, réorientant ses sources d’inspiration. D’où sa contribution en 2009 à Trouille (Rivages/Casterman/Noir), d’après une adaptation de Jean-Hugues Oppel d’un roman de Marc Behm ou la réalisation d’un autre projet, scénarisé par son compatriote journaliste Thierry Bellefroid, qui invoquerait Robert Louis Stevenson, Hugo Pratt ou le Papillon d’Henri Charrière. Rien que ça !
Se masquer pour mieux se révéler ou inversement ?
En attendant, autant se replonger dans sa trilogie No mas pulpo, caractéristique de sa première manière, qui use d’un système de recours étudiés. Ainsi, le récit se distingue spécialement par son emploi d’un texte à la syntaxe chaotique aux accents céliniens ou est ponctué de séquences virant à la pornographie la plus explicite, dont nous vous laisserons seuls juges, du fait que de tels paravents contribuent plutôt à révéler ou à troubler plus encore l’image renvoyée par le personnage étudié, cigare vissé au bec, que s’est composé l’auteur…
(par Florian Rubis)
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En médaillon : Couverture de l’intégrale No mas pulpo © Joe G. Pinelli & Akileos, 2009.
Intégrale No mas pulpo - Par Joe G. Pinelli - Ego Comme X - 262 pages, 25 euros
Pour des lecteurs adultes.
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