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Jean Wacquet : « Nous publierons des échecs commerciaux quand le marché ira mieux... »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 11 juin 2006                      Lien  
Soleil est l'éditeur qui a la cote en ces temps de morosité. La raison ? Du dynamisme à revendre et un peu de chance : les {Blondes} font un succès du tonnerre et la relance de {Durango} a dépassé toutes les attentes. Un peu d'opportunisme aussi : Coluche est mort il y a 20 ans et, paf!, un album-hommage est aussitôt en librairie. Rencontre avec Jean Wacquet, le directeur général de l'édition de ce label qui dérange.
Jean Wacquet : « Nous publierons des échecs commerciaux quand le marché ira mieux... »
Coluche, l’hommage BD
Editions Soleil

ACTUABD : Comment vous est venue l’idée de rendre cet hommage à Coluche ?

Jean WACQUET : Je cherchais un moyen de retrouver un brin d’espoir dans le joyeux contexte sociopolitique dans lequel nous nous enfonçons lentement. J’espérais trouver la figure actuelle, la personnalité qui saurait insuffler dans la morosité du moment une once de provocation et d’humour, qui se et nous poserait les vraies questions, qui provoquerait de vrais débats, qui mettrait les pieds dans le plat dans notre monde lisse et ennuyeux, bref, qui nous sortirait de notre léthargie. Et je n’ai trouvé personne. Abonné absent. Plus de penseur, plus de Brel, de Le Luron, de Desproges, de Reiser, de Droit de Réponse, ni de Coluche.
J’ai eu envie de faire cet album en choisissant le plus controversé et le plus populaire de ces grands absents ; pour que nous réalisions combien il nous manque, en ces temps incertains ; combien on aurait aimé l’entendre l’ouvrir mais aussi dire à certains de la fermer. Aujourd’hui, les Coluche et consorts n’ont pas trouvé de successeurs ; ils ont été remplacés par le Prozac et là, c’est franchement déprimant !

Daniel Goossens et Jean Solé
Entre l’original et la couverture de l’album, la couleur a changé.
"On m’a expliqué que le vert portait malheur pour les gens du spectacle" raconte Jean Solé à Daniel Goossens.
Photo : D. Pasamonik.

Pensez-vous qu’il représente encore quelque chose pour les générations actuelles ?

Absolument. Coluche est devenu malgré lui un symbole. Il est désormais intemporel, éternel. C’était “un homme de la rue”, quelqu’un de simple, direct, honnête, profondément populaire. Cette proximité avec chacun d’entre nous le rend profondément touchant, attachant. Et c’est ce qui a rendu sa disparition si dramatique.

Coluche par Dutto
(Editions Soleil)

On trouve dans votre équipe aussi bien des gens comme Moebius ou Al Coutelis, que des auteurs venus de Fluide Glacial, comme Goossens ou Jean Solé.

Oui, je souhaitais vraiment que cet album soit le plus varié possible. Et cela m’a permis de travailler avec des monstres sacrés que je rêvais de croiser comme Solé, Edika ou Goossens. Mais aussi et surtout, comme Coluche, cet album est transgénérationnel. Olivier Dutto était tout petit quand Coluche s’en est allé, alors que Lacaf ou Solé l’avaient rencontré au début de sa carrière. C’était l’un des objectifs de l’album ; je pense qu’il est en partie rempli.

Autour de Jean Solé et de Jean Wacquet
les auteurs de l’album collectif en hommage à Coluche.
Photo : D. Pasamonik.

Il semble que les albums d’hommage liés au Show Bizz : Eddy Mitchell, Patrick Bruel, Gainsbourg... soient de plus en plus fréquents dans votre catalogue. Quel est le public qui achète ce genre d’ouvrages ? Marchent-ils vraiment ou sont-ce des opérations pour faire de l’image ?

Les fans de ces interprètes sont les premiers clients mais la qualité des castings d’auteurs réunis dans ces ouvrages les rendent également très attrayants pour les amateurs de BD. D’une certaine manière, ces albums participent à rendre la BD plus populaire encore auprès d’une audience différente et très large. Tous ont été jusqu’à présent de francs succès.

Les Blondes de Gaby et Dzack
rendent hommage à Coluche. Editions Soleil.

Soleil est un éditeur particulièrement offensif ces derniers temps. Le marché n’appelle-t-il à pas cependant à la prudence ?

Tout à fait. C’est pourquoi nous avons opté pour ne sortir que les succès. Nous publierons les échecs commerciaux quand le marché ira mieux.

Quel est votre prochain "grand coup" ?

Paris Hilton !

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

En médaillon : Jean Wacquet. Photos (c) D. Pasamonik

 
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6 Messages :
  • "Nous avons opté pour ne sortir que les succès. Nous publierons les échecs commerciaux quand le marché ira mieux."

    No comment.

    Répondre à ce message

    • Répondu le 12 juin 2006 à  08:29 :

      Doit-on en rire ou en pleurer ? En rire ET en pleurer ? Ouais, on peut. C’est ce qui rend cette phrase fascinante.

      Répondre à ce message

      • Répondu le 12 juin 2006 à  12:50 :

        Euh... il me semblait évident que cette phrase était ironique.
        Ca n’est pas clair pour tout le monde apparemment...

        Répondre à ce message

      • Répondu par J- le 12 juin 2006 à  14:35 :

        C’est pourquoi nous avons opté pour ne sortir que les succès

        succès artistiques ou succès financiers... hum...

        Répondre à ce message

        • Répondu par LO le 12 juin 2006 à  19:16 :

          Certains intervenants n’ont ni le sens de l’humour, ni le courage de se présenter. Pourquoi publier ces interventions ?

          Répondre à ce message

          • Répondu par Didier Pasamonik le 12 juin 2006 à  20:03 :

            Certains intervenants n’ont ni le sens de l’humour, ni le courage de se présenter. Pourquoi publier ces interventions ?

            Parce qu’elles représentent une opinion. Tant qu’elles ne s’expriment pas dans le registre de l’insulte outrancière, elles ont le droit de s’exprimer. Rien ne vous empêche d’y répondre, d’ailleurs. L’anonymat n’y change rien (ou la publication sous pseudo). Il est clair que si le propos devient une attaque ad hominem et si les invectives dénigrantes sans autre explication continuent à se reproduire en boucle, elles vont finir à la trappe...

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