ACTUABD : Comment vous est venue l’idée de rendre cet hommage à Coluche ?
Jean WACQUET : Je cherchais un moyen de retrouver un brin d’espoir dans le joyeux contexte sociopolitique dans lequel nous nous enfonçons lentement. J’espérais trouver la figure actuelle, la personnalité qui saurait insuffler dans la morosité du moment une once de provocation et d’humour, qui se et nous poserait les vraies questions, qui provoquerait de vrais débats, qui mettrait les pieds dans le plat dans notre monde lisse et ennuyeux, bref, qui nous sortirait de notre léthargie. Et je n’ai trouvé personne. Abonné absent. Plus de penseur, plus de Brel, de Le Luron, de Desproges, de Reiser, de Droit de Réponse, ni de Coluche.
J’ai eu envie de faire cet album en choisissant le plus controversé et le plus populaire de ces grands absents ; pour que nous réalisions combien il nous manque, en ces temps incertains ; combien on aurait aimé l’entendre l’ouvrir mais aussi dire à certains de la fermer. Aujourd’hui, les Coluche et consorts n’ont pas trouvé de successeurs ; ils ont été remplacés par le Prozac et là, c’est franchement déprimant !
Pensez-vous qu’il représente encore quelque chose pour les générations actuelles ?
Absolument. Coluche est devenu malgré lui un symbole. Il est désormais intemporel, éternel. C’était “un homme de la rue”, quelqu’un de simple, direct, honnête, profondément populaire. Cette proximité avec chacun d’entre nous le rend profondément touchant, attachant. Et c’est ce qui a rendu sa disparition si dramatique.
On trouve dans votre équipe aussi bien des gens comme Moebius ou Al Coutelis, que des auteurs venus de Fluide Glacial, comme Goossens ou Jean Solé.
Oui, je souhaitais vraiment que cet album soit le plus varié possible. Et cela m’a permis de travailler avec des monstres sacrés que je rêvais de croiser comme Solé, Edika ou Goossens. Mais aussi et surtout, comme Coluche, cet album est transgénérationnel. Olivier Dutto était tout petit quand Coluche s’en est allé, alors que Lacaf ou Solé l’avaient rencontré au début de sa carrière. C’était l’un des objectifs de l’album ; je pense qu’il est en partie rempli.
Il semble que les albums d’hommage liés au Show Bizz : Eddy Mitchell, Patrick Bruel, Gainsbourg... soient de plus en plus fréquents dans votre catalogue. Quel est le public qui achète ce genre d’ouvrages ? Marchent-ils vraiment ou sont-ce des opérations pour faire de l’image ?
Les fans de ces interprètes sont les premiers clients mais la qualité des castings d’auteurs réunis dans ces ouvrages les rendent également très attrayants pour les amateurs de BD. D’une certaine manière, ces albums participent à rendre la BD plus populaire encore auprès d’une audience différente et très large. Tous ont été jusqu’à présent de francs succès.
Soleil est un éditeur particulièrement offensif ces derniers temps. Le marché n’appelle-t-il à pas cependant à la prudence ?
Tout à fait. C’est pourquoi nous avons opté pour ne sortir que les succès. Nous publierons les échecs commerciaux quand le marché ira mieux.
Quel est votre prochain "grand coup" ?
Paris Hilton !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Jean Wacquet. Photos (c) D. Pasamonik
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