Comment s’est monté votre projet ?
À l’occasion du speedbooking du Salon du livre 2010, j’ai rencontré Grégoire Seguin [éditeur chez Delcourt. NDLR] qui a trouvé le projet intéressant, il m’a mis en relation avec Yannick Lejeune. Yannick m’a d’abord aidé à rendre le projet présentable, puis j’ai beaucoup redessiné, écrit, réécrit avec son étroite collaboration. Et voilà comment sont nées les « Petites Histoires viriles ».
Quel est votre parcours jusqu’ici ?
Il ressemble beaucoup à une balade à l’instinct pour le moment. Je suis parti voyager à 18 ans. À 21 ans, je me suis installé à Paris où j’ai enchainé les boulots alimentaires divers. J’ai toujours continué à dessiner parce que je ne sais pas ne pas le faire : À Rungis, derrière une caisse enregistreuse, derrière un bar, dans un magasin de fringues, derrière le bureau d’une agence immobilière, j’ai dessiné partout et tout le temps. Alors, il fallait bien que je finisse par le partager… Cela s’est fait sous forme d’un blog. Ce blog m’a permis de devenir illustrateur pro.
Le blog est un vrai tremplin pour les jeunes d’aujourd’hui ?
Le blog est un moyen de partager son travail… Alors oui, ça permet de rencontrer des gens, de progresser, de trouver des pistes...
Quelle est votre audience ?
C’est à peu près 10 000 par jour, ça varie suivant les notes. Je crois que c’est assez peu.
Quand un éditeur vient vous chercher, il vient chercher votre talent ou votre audience ?
Aucun éditeur n’est venu me chercher, je suis allé à la rencontre de Delcourt qui, je crois, a choisi de donner sa chance à un jeune auteur et son projet artistique... et pas à une ’’audience’’ quelconque.
Ces histoires sont-elles autobiographiques ?
Mes histoires sont de l’autofiction, je brode sur la réalité. Je n’ai pas de méthode de travail, quand j’ai une idée, je la note. Je dessine au Criterium, j’encre au pinceau, puis je fais les couleurs sur ordinateur.
Elles racontent la chronique d’un gay parisien de nos jours. Avez-vous l’impression que ce genre de sujet tranche sur la production d’aujourd’hui ?
C’est une histoire sincère, je ne sais pas si c’est très original, j’ai l’impression d’être un monsieur tout le monde. Je suis gay, donc ça parle de ça, entre autres, mais ça parle aussi de mes amis hétéros, de l’amour en général, de la recherche de l’identité tout court. Je ne me suis pas posé la question de savoir si c’était d’ambiance parisienne... 0n voit deux fois la tour Eiffel, peut être.
Êtes-vous un gay militant, pour autant que ce mot ait un sens ?
Je n’ai assisté qu’à une seule gaypride et je n’ai jamais mis les pieds dans une asso gay. J’ai fait partie de SOS racisme quand j’étais ado, mais c’est tout. Peut-être que mon acte ’’militant’’ c’est d’avoir ouvert un blog. Je reçois parfois des mails de lecteurs hétéros qui me disent que la lecture du blog a déclenché une démarche de "tolérance" chez eux. Je ne suis pas fan du mot tolérance, mais c’est le seul que j’ai trouvé.
On n’échappe pas à une certaine forme de cliché, non ?
Je ne me rends pas compte, j’ai du mal à catégoriser les gens. On est tous trop compliqués pour les clichés ; les clichés, c’est bon pour les scénarios paresseux.
Quels sont vos projets ?
Là, je bosse sur un nouveau projet BD, un espèce de polar-glam où il y aura de la trahison, du meurtre, du machiavélisme, des paillettes et du rouge à lèvre au menu…
Propos recueillis par Didier Pasamonik
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Jeromeuh expose ses dessins à la Galerie Napoléon. Vernissage le mercredi 18 mai 2011 à partir de 19h00, en présence de l’animal. Galerie Napoléon - 23 rue Charles V, 75004 Paris, à deux pas du Marais évidemment.
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