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Joost Swarte à l’affiche du festival bd Boum de Blois

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 5 juillet 2023                      Lien  
C'est un des moments forts de l'automne auquel ActuaBD est associé depuis des années : le festival de BD de Blois. Cette année, le Grand Boum-Ville de Blois, est le Néerlandais Joost Swarte. de la part de l'un des plus grands illustrateurs du New Yorker, inspirateur de Chris Ware, on pouvait s'attendre à une affiche magnifique, d'autant que le festival blésois, qui se tiendra les 17, 18 et 19 novembre 2023, célèbre cette année son 40e anniversaire. Proficiat !, dirait Joost Swarte.

Féru d’architecture, celui qui forgea le concept-même de Ligne Claire en 1975, dans une exposition en hommage à Hergé à Rotterdam, dessine son personnage Jopo de Pojo, assis sur une pile de livres surmontant la belle architecture de la cathédrale Saint-Louis à Blois, tandis que, dans un élégant jeu graphique, la scène dans son ensemble se reflète dans la Loire où l’oiseau se transforme en poisson.

La métaphore est évidente : à Blois, la lecture investit l’espace public et le livre devient monument.

Joost Swarte à l'affiche du festival bd Boum de Blois
Joost Swarte Grand-Boum de Blois
Photo : Kelian Nguyen

Si l’on devait donner un qualificatif à ce touche-à-tout génial, celui de dessinateur urbain viendrait de suite à l’esprit. Joost Swarte est drôle, généreux et incisif. Il façonne des formes, se fait ingénieur, architecte, autant qu’artiste. Chez lui, tout est construit, pensé dans un mélange de rationalité et de poésie.

Voilà qui promet quelques belles surprises pour le 40e anniversaire de bd Boum, d’autant que, nous glisse-t-on dans l’oreillette, Swarte ne serait pas le seul Hollandais
à descendre sur les rives de la Loire.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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✏️ Joost Swarte Le Tour du monde des festivals
 
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21 Messages :
  • Joost Swarte à l’affiche du festival bd Boum de Blois
    5 juillet 2023 22:18, par Philippe Wurm

    L’association parfaite entre pratique et théorie. Qui garde son mystère par la grâce d’une douce incongruité qui pousse à la réflexion et au sourire.
    Une chance merveilleuse pour tous ceux qui le rencontreront à Blois.

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  • L’idée de représenter un livre en perspective cavalière pour une affiche est bien trouvée. En revanche, le texte n’est pas immédiatement lisible. Il faut pencher la tête pour lire ce qui est en vertical puis la pencher encore jusqu’à ce qu’elle tombe par terre pour lire BLOIS BD BOUM dans une typo faussement simple. Bien sûr, une fois la tête à l’envers, l’image qui se reflète dans l’eau est inversée. et le jeu de rotation de la composition est amusant. Mais si ça fonctionne très bien au format carte postale parce qu’on peut manipuler l’objet, par contre, on ne s’amuse pas à faire des galipettes dans la rue pour décoder le message d’une affiche. La ligne de Joost Swarte n’est décidément jamais vraiment claire.

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  • Beau dessin.
    Affiche bof.
    Encore...

    Il serait intéressant de compiler les affiches de festivals BD. Elles sont souvent mal foutues, ce sont deux disciplines très différentes, et ça se voit ( et pourtant Swarte est un des meilleurs graphistes parmi les auteurs de BD )

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    • Répondu par Philippe Wurm le 8 juillet 2023 à  09:09 :

      Vous êtes inutilement durs avec Swarte. Cette affiche est admirablement pensée et composée. Très drôle de surcroît. Un petit poisson qui fait toute la différence avec un simple effet miroir. Il renvoie à la vanité de notre mémoire, plus loin à celle de notre condition humaine. C’est le centre caché du discours de l’affiche. Cette ligne claire et ses ambiguïtés subtiles dont Swarte est le théoricien…
      Le fait que la typographie soit moins nettement déchiffrable participe du discours. Le texte doit se mériter un peu. Le dessin va primer et la forme générale, un livre, s’imposer dans un second temps. Or nous lisons toujours les titres d’un livre. La typographie s’impose donc d’elle même mais avec un décalage. La forme livre étant une métaphore du déroulement du temps, cette affiche, plate au graphisme linéaire contient ainsi une épaisseur spatio-temporelle remarquable. Du très grand Art !

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      • Répondu le 8 juillet 2023 à  17:18 :

        C’est vrai que dessinateur de BD et graphiste sont deux métiers différents et que beaucoup de dessinateurs et dessinatrices ne savent pas réaliser de belles affiches. Mais en l’occurrence, faire la fine bouche devant une image de Svarte est un peu ridicule.

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        • Répondu le 9 juillet 2023 à  12:50 :

          L’image est très bien. Swarte est un grand dessinateur. En tant qu’affiche, effectivement, cette image fonctionne mal. Une affiche, c’est une image posée dans la ville, au milieu de tonnes d’autre sollicitations visuelles. On doit la choper en une seconde, pendant laquelle elle va délivrer son information. Ici vous admettrez que c’est compliqué. La même image, dans un livre - par exemple - à 30cm de mon visage, pendant la durée que je souhaite, est admirable.

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          • Répondu le 10 juillet 2023 à  07:13 :

            Non. On a aussi le droit de faire une affiche réussie qui ne se soumet pas à une compétition stérile avec les milliers d’autres « sollicitations visuelles » qui l’entourent. De la même façon qu’on n’est pas obligé de pouvoir résumer le scénario de son livre en un « pitch de 10 mots », comme me l’avait imposé un éditeur particulièrement crétin. Une création artistique ne doit pas forcément être « facile d’accès ». Certaines se méritent un peu. Par ailleurs, je ne sais pas si vous connaissez la ville de Blois, mais en dehors de la zone commerciale qui l’entoure comme partout, la ville n’est pas bombardée de « sollicitations visuelles ». Cette affiche est élégante, à l’image d’un festival singulier, humble mais très libre dans ses choix et détaché de la « hype », comme le prouvent chaque année ses choix en matière de récompenses.

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            • Répondu le 10 juillet 2023 à  07:35 :

              Une affiche est un art appliqué au commerce pas une œuvre d’art avec un grand H.
              Un pitch de dix mots, c’est tout le contraire de crétin. Un bon sujet d’histoire doit pouvoir se résumer en une phrase.

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              • Répondu le 10 juillet 2023 à  10:08 :

                Cette histoire de pitch pour résumer une oeuvre en 10 mots est née dans les années 50 avec l’explosion de la télévision de masse. Tous les foyers se sont équipés de téléviseurs et la presse télé s’est développée (chez nous Télé7 jours ou Télérama). Dès lors, il est devenu nécessaire de pouvoir résumer tout programme, tout film, toute oeuvre en une phrase très simple de quelques mots. C’est en effet complètement crétin. Il faut se souvenir qu’avant la télévision, des millions de gens étaient abonnés au Selection de Reader’s Digest qui partait du même principe. Vouloir faire de la pédagogie pour rendre la culture accessible au plus grand nombre est une chose, vouloir avant tout vendre des téléviseurs (ou des abonnements à des plate-formes) en est une autre.

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                • Répondu le 10 juillet 2023 à  14:55 :

                  La télévision est forcément un média de masse. Son mode de diffusion ne pouvait qu’exploser.
                  C’est tout un art de résumer en quelques mots la prémisse d’une œuvre pour donner à un lecteur ou un spectateur envie d’en savoir plus. Pas crétin du tout.

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      • Répondu le 10 juillet 2023 à  07:31 :

        "Le fait que la typographie soit moins nettement déchiffrable participe du discours. Le texte doit se mériter un peu."

        Vous êtes également dans le discours.
        Pourquoi le texte devrait-il se mériter ? Annoncer la tenue d’un festival n’est pas déclamer un poème d’Isidore Ducasse.
        Le but d’une affiche publicitaire est dire immédiatement de quoi il retourne. Le message doit passer en un clin d’œil. Le client potentiel doit être happé. Une affiche, c’est de la communication visuelle pas un art décoratif. Cette affiche est esthétisante comme l’étaient bon nombre d’affiches psychédéliques, Art Nouveau. Belles affiches à accrocher chez soi pour être contemplées pendant des heures. Mais dans la rue, la majorité des personnes ne va pas s’arrêter vingt minutes pour observer chaque détail jusqu’au petit poison dans l’eau.
        Cette affiche est la démonstration que Joost Swarte reste un artiste underground. Il est aux antipodes d’Hergé. Sa ligne est faussement claire. La forme semble claire mais le fond est toujours baroque.
        Oui, il y a un jeu de construction savant. Le lecteur doit opérer une rotation de la tête pour décoder chaque information mais, pour encore plus compliquer les choses, la rotation doit se faire dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
        Bel objet graphique mais pas publicitaire.

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        • Répondu le 10 juillet 2023 à  08:26 :

          « Bel objet graphique mais pas publicitaire ». C’est un beau compliment en fait. Hergé avait le droit d’exister et Svarte aussi. Svarte est plus underground en effet, et alors ? Par ailleurs si vous avez vraiment besoin de faire une rotation de la tête pour lire un texte écrit verticalement, vous avez besoin de voir un orthoptiste. A force de vouloir à toute force un art et une culture « facile d’accès », on se retrouve avec des gens enfermés chez eux, abonnés à des plateformes ruineuses qui diffusent des séries télé identiques et standardisées, prolongées à l’infini.

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          • Répondu par Milles Sabords le 10 juillet 2023 à  10:11 :

            Que ce soit cette affiche ou une autre plus passe-partout, les gens resteront quand même face à leurs plate-formes, ça n’a rien à voir. Cette affiche ressemble plus à une bourse aux livres qu’un festival BD .

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          • Répondu le 10 juillet 2023 à  11:07 :

            Dans les écoles d’art, on apprend à préférer l’hermétisme et à rejeter la culture « facile d’accès ».
            Compliquer pour mieux cacher dissimuler la vacuité.
            La bande dessinée est est un art populaire. C’est sa force et elle doit le rester. Tous els discours depuis des décenneis pour en faire un art avec un grand H et croire que la faire entrer dans les galeries et à l’académie des Beaux-Arts n’est que vanité.
            Simplisme ne signifie pas simplicité.

            Au premier regard, à la première lecture Hergé semble « facile d’accès » mais plus vous creusez et plus vous rendez compte de la complexité de son œuvre. Joost Swarte, c’est l’inverse. Ce qui vous apparaît comme « difficile d’accès », une fois décodé ne livre rien de plus qu’un divertissement de l’esprit. Certes, élégant, raffiné et virtuose mais formaliste. Un bel objet graphique mais un objet seulement. Discours esthétisant plutôt qu’esthétique.
            Ce qui vous dérange avec le mot publicitaire, c’est qu’il est connoté dans votre esprit comme péjoratif. Rien de péjoratif à ce qu’une affiche qui annonce un évènement soit qualifiée de publicitaire puisque tel est son but.

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            • Répondu le 10 juillet 2023 à  13:49 :

              Comme toujours quand les gens (moi-compris) se chauffent ici dans des polémiques, on verse dans la caricature et l’absence de nuance. Je ne considère pas forcément le mot "publicitaire" comme un injure, je suis moi-même graphiste et j’ai fait de la pub pendant 15 ans. Vous ne m’apprendrez pas qu’une affiche doit être lisible et "facile d’accès". Ici, Svarte, qui est un grand artiste, a carte blanche pour faire l’affiche qu’il veut. Il n’est pas forcément tenu de respecter les contraintes et le cahier des charges qui vous semblent absolument indispensables à la création d’une affiche. Si Blois avait confié son affiche à n’importe quel graphiste ou directeur artistique d’une agence plus ou moins anonyme, ce serait une chose différente. Quant à élargir le débat sur la sempiternelle opposition entre BD populaire et BD élitiste, ce n’est vraiment pas le lieu à mon avis. On n’en peut plus de ce débat au vilain goût de lutte des classes et qui remonte à la préhistoire… Töpffer, McCay, populaires ou élitistes ? La vie est belle justement parce qu’il y a des Hergé et des Svarte, on n’est pas obligé de les opposer, et on peut aimer les deux et pour des raisons différentes.

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            • Répondu le 10 juillet 2023 à  13:52 :

              "Dans les écoles d’art, on apprend à préférer l’hermétisme et à rejeter la culture « facile d’accès ». C’est totalement caricatural. Vous ne connaissez pas du tout les écoles d’art et il y en a plein de différentes pour commencer. Ou alors, si vous les avez fréquentées, vous êtes simplement tombé sur de mauvais profs.

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              • Répondu le 10 juillet 2023 à  14:31 :

                "La BD est un art populaire et doit le rester". Vous êtes allé dans une librairie récemment ? La BD populaire qu’on a tous aimé et sur laquelle vous êtes visiblement resté bloqué n’existe plus. Si vous voulez de la BD populaire en 2023, lisez du manga. Moi je ne suis pas par principe nostalgique de la BD populaire, c’est la qualité qui m’intéresse, qu’un BD se vende peu ou beaucoup. Et c’est plutôt le formatage et la standardisation qui me consternent. Il y a tout autant de formatage dans la BD dite élitiste que dans la BD prétendue populaire.

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                • Répondu le 10 juillet 2023 à  19:12 :

                  Le manga n’a pas de mépris du populaire. Ceci explique son succès et sa créativité.

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                  • Répondu le 10 juillet 2023 à  22:17 :

                    Le manga est très créatif en ce moment justement parce qu’il est très rentable. Il est donc possible de publier en manga des choses assez variées. Mais précisément, comme l’a toujours été la BD populaire, ça reste quand même un type de BD très formatée. Et si votre manga ne rencontre pas très vite le succès, il est immédiatement interrompu et c’est sans appel. Ce qu’on appelle avec nostalgie la BD populaire a toujours été une BD à vocation avant tout commerciale, publiée par des entreprises capitalistiques qui n’avaient absolument rien de "populaire". La nécessité du succès commercial y était inévitable et l’est toujours. Au Japon encore plus que chez nous.

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              • Répondu le 10 juillet 2023 à  15:29 :

                Toujours les mêmes prises de tête ici (et ailleurs)… Il faut de tout pour faire un monde, c’est quand même pas difficile à comprendre.

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                • Répondu le 10 juillet 2023 à  19:29 :

                  La question n’est pas là. L’article nous présente une affiche et je la commente parce qu’elle m’intrigue et que je ne la trouve pas si aboutie. Je crois même que la réflexion de l’artiste a été poussée trop loin et rend le message difficile à décoder immédiatement. Même s’il a carte blanche, le but de cette affiche est d’abord d’annoncer un évènement.
                  Elle a des points positifs et des points négatifs. Joost Swarte est un artiste important parce qu’on peut aussi s’interroger sur son travail.
                  Personne n’est obligé d’être d’accord avec moi. Au contraire, mes contradicteurs alimentent ma réflexion.
                  Ce n’est pas parce que je trouve que cette affiche ne fonctionne pas que je n’apprécie pas le travail de Joost Swarte en général.
                  J’ajoute que sa ligne pas si claire est postmoderne alors que celle de Hergé est moderne.
                  Maintenant, on peut aussi parler des influences de George McManus et des parentés de son travail avec celui d’Ever Meulen dans l’œuvre de Joost Swarte et raconter des trucs qui n’ont rien à vois avec cette affiche.

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