On commence à s’y habituer, le Grand Angle de Bamboo table sur de la bande dessinée grand public de qualité. Le scénario d’abord, assuré par Paul Oliveira, fait preuve d’originalité, de percussion et de suspens. On se fond dans le récit dès la première page. On suit avec tension et incompréhension -permanente mais acceptable- ces trois garçons à fort tempérament, soudoyés à coup de dollars par la Pharmacom pour une mission apparemment sans risque. On les voit se réjouir puis déchanter, s’engueuler puis se bouffer entre eux. On s’interroge également sur le rôle, jusque-là passif, de ces deux femmes, sœurs, amies, amantes ( ?). L’action ponctue et rythme quarante-six pages sans ornières. Graphiquement, Eric Godeau ne s’en sort pas moins bien. Il sert impeccablement son partenaire en s’armant d’un semi-réalisme de bonne facture. Chaque planche est découpée avec homogénéité (huit cases par page en moyenne), tout coule naturellement. La couleur, en revanche, pèche un peu par manque de contrastes. Au point final d’un premier tome réussi, le mystère reste entier. De quoi mariner nerveusement pendant quelques mois.
(par Nicolas Fréret)
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