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Junko Mizuno : « J’ai besoin d’imprimer ma marque »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 4 juillet 2007                      Lien  
C’est un petit bout de femme au mental chargé. Son univers est fait de zombies, de poitrines voluptueuses, de fantômes, d’orbites énucléées, de lèvres maculées de sang, voire de torture. Mais elle dessine tout cela dans un style rond et mignon, digne des aventures de Bambi. Mizuno a inventé un style unique et identifiable entre tous : le « kawaï-gore » (Kawaï=mignon en japonais).

Quatre albums d’elle sont disponibles en français chez l’excellent éditeur IMHO. « Pure Trance » et trois adaptations vraiment très très spéciales de contes de fée européens : Cinderella, La Petite Sirène, et Hansel et Gretel. Une expérience visuelle sans équivalent. Du Japon aux États-Unis en passant par l’Europe, elle est une designer culte qui a inspiré des créateurs de mode et suscité un merchandising très hype. Son éditeur la publie en français, en italien et bientôt en espagnol. Elle sera présente sur son stand à Japan Expo.

Junko Mizuno : « J'ai besoin d'imprimer ma marque »
La Petite Sirène (2002)
Editions IMHO

On vous sent influencée par le Pop Art, les shôjô mangas, l’art psychédélique ? D’où venez-vous graphiquement ?

La question est difficile... Je dirais de partout, que tout m’influence. Pas seulement la matière artistique : la vie de tous les jours, un air de musique, le packaging d’une boîte de conserve… Quand j’étais toute petite, je recopiais servilement des shôjôs mangas, et pas les meilleurs ! Je ne sais même plus de qui ils étaient. J’étais aussi une fan d’animation, du moment qu’il y avait des fantômes avec des super-pouvoirs au programme.

Vous avez fait votre carrière dans la « small press », la scène underground, pas dans des grandes sociétés de mangas.

Junko Mizuno - Hell’s Babies (2001)
(c) Junko Mizuno

Mais parce que je n’ai pas pu faire autrement ! J’ai envoyé mes planches à la plupart des grandes maisons d’édition mais ils n’en avaient rien à battre de mes travaux.

Mais c’est aussi peut-être parce que vos sujets étaient un peu trash, non ?

Pourtant, ce sont des thèmes parfaitement universels : la vie, la mort, la nourriture, le sexe, le pouvoir des femmes… Je me suis juste employée à produire ce qui était naturel pour moi, ce qui coulait de source, sans trop me poser de question. J’ai fait tous les éditeurs, même ceux qui ne me payaient pas.

Vous avez fait trois albums qui empruntent leurs thèmes aux contes et légendes traditionnels européens. Vous avez un intérêt particulier pour ce genre de littérature ?

Pure Trance (1998)
Editions IMHO

Non. Premièrement, c’était une commande de mes éditeurs qui ne me croyaient pas encore assez assurée pour développer mon propre univers. L’autre raison, c’est que ces contes de fées sont très répandus et populaires au Japon. Ils font presque partie de notre foklore traditionnel.

Mais vous les revisitez d’une façon plutôt personnelle…

Oui, parce que j’ai besoin d’imprimer ma marque, d’en faire quelque chose de différent.

Ce n’est pas la première fois que vous venez en France. Comment ressentez-vous la façon dont les gens reçoivent votre travail ici ?

Je suis à la fois heureuse et surprise. Habituellement, je suis rivée à ma table de travail. Quand je viens en France ou aux États-Unis, c’est un peu comme une récréation pour moi. Je suis surprise par la pertinence du regard que les gens jetent sur mon travail.

Vous êtes d’une nature plutôt renfermée ?

Non, je suis plutôt sociable, mais en fait, je n’ai pas le temps de socialiser avec quiconque.

Junko Mizuno à Paris
Photo : D. Pasamonik

La bande dessinée est-elle votre principale activité ou c’est plutôt votre travail d’illustratrice et de designer qui prend le dessus ?

Les deux occupent une égale importance.

Quels sont vos projets ?

Hansel et Gretel (2000)
Editions IMHO

Je viens de terminer un graphic-novel qui est en train d’être traduit aux États-Unis et qui va sans doute être publié en France. Il a pour titre « Pelu » en japonais (je n’ai pas encore trouvé le titre définitif en anglais). C’est un petit être fantasque, une sorte d’esprit.

Vous êtes en général publiée par de petits éditeurs.

Au Japon, les éditeurs qui me publient sont ni de gros éditeurs, ni des éditeurs confidentiels ou underground, du genre qui ne vous paient pas un centime. Je suis entre les deux. Aux États-Unis comme en France, c’est un peu la même chose, et ça me convient très bien comme cela.

Pas d’adaptation audiovisuelle en vue ? Votre univers s’y prêterait plutôt bien.

Si. J’ai eu des contacts avec un producteur français. Ce n’est pas un énorme projet, mais ils essaient de voir ce qu’ils peuvent en faire.

Propos recueillis par Didier Pasamonik, le 4 juillet 2007.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Japan Expo 8ème Impact sera ouvert aux visiteurs du 6 au 8 Juillet 2007 entre 11h00 et 19h00. Nous vous conseillons d’acheter les billets à l’avance.

Le site de Japan Expo

Parc d’Expositions de Paris-Nord Villepinte.
Le Festival bénéficie d’une station RER dédiée, à 25 minutes du Centre de Paris, 10 minutes de Charles de Gaulle (aéroport et gare TGV).

 
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