Klaus Barbie : itinéraire d’un salaud

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Le 11 mai 1987 s’ouvrait à Lyon un procès historique : pour la première fois un criminel, Klaus Barbie, le chef de la Gestapo surnommé « le boucher de Lyon », était jugé en France pour un crime contre l’humanité. Dans un album commémoratif, « Klaus Barbie, la route du rat », Frédéric Brrémaud et Jean-Claude Bauer, nous racontent avec minutie le parcours du criminel jusqu’à sa comparution aux Assises de Lyon. C’est un remarquable travail que cet album, bien écrit, bien raconté, précisément documenté et surtout mis en images par Jean-Claude Bauer, dessinateur judiciaire pour Antenne 2 en 1987 qui est parti de ses croquis d’audience pour faire sa bande dessinée. Préfacée par Serge Klarsfeld, avocat des parties civiles et grand mémorialiste des Juifs de France et postfacé par Jean-Olivier Viout, substitut général pendant le procès, voici un album qui atteint une rare perfection dans le travail de mémoire. Pour nous, c’est un coup de cœur !

Pour les plus jeunes il convient de rappeler qui était Klaus Barbie. Un soldat allemand, un nazi fanatisé dès les années 1920, qui a sévi aussi bien en Pologne, que sur le front de l’Union soviétique, en Hollande puis en France à Lyon.

Cruel et sanguinaire, il a torturé et envoyé à la mort des centaines de gens, des résistants et des juifs, notamment les Enfants d’Izieu. Plus tard, en cavale en Amérique du Sud, il poursuit sa carrière criminelle au service de dictateurs sud-américains, en toute impunité.

Croit-il, car Beate et Serge Klarsfeld sont sur ses traces et grâce notamment à leur opiniâtreté, ils le localisent et obtiennent qu’il soit extradé -dans des circonstances un rien rocambolesques- et jugé devant un tribunal français.

L’événement est d’importance, c’est la première fois que l’on juge un homme en France pour « crime contre l’humanité ». C’est la première fois aussi qu’un procès est filmé de bout en bout, servant de témoignage pour l’Histoire afin de lutter contre toute dérive négationniste.

Klaus Barbie : itinéraire d'un salaud

C’est un petit bijou que ce livre. D’abord parce que le récit est appuyé sur une documentation remarquablement précise, alimentée par les récits de nombreux témoins. Ensuite parce que les portraits sont d’une incroyable fidélité. Ils ne sont pas « photographiques » bien qu’ils soient très ressemblants. Ils sont l’œuvre d’un dessinateur extrêmement doué qui a su mettre son ressenti dans chacun d’eux.

Barbie est ce qu’il est, un voyou aux lèvres minces, sans affect, sans foi ni loi. Serge Klarsfeld est quasiment effacé, mais diablement efficace, sortant ses preuves au bon moment, attaché à donner un nom et son identité à chacun des disparus que la barbarie a voulu effacer. Vergès, l’avocat de Barbie, nous apparaît énigmatique et retors… C’est remarquable.

C’est sans conteste un des meilleurs ouvrages jamais réalisés sur le sujet et qui a l’intérêt de nous enseigner l’Histoire sans assommer le lecteur, chose éminemment appréciable.