Celle qui, parmi les siens, se brise le plus facilement, Phos, est aussi celle qui a pour vocation d’explorer un monde comme figé depuis des millénaires déjà, bégayant sans cesse les mêmes rituels. Et, paradoxalement, ce sont les cassures qu’elle subit qui la font progresser. L’oubli lui permet ainsi d’apprendre ce que les autres ignorent, tandis que la perte de certains membres l’invite à assimiler de nouvelles matières pour s’en approprier les propriétés et palier son handicap.
La "leçon" qui se dégage, subtilement et poétiquement, de cette fable, se double de l’élaboration d’un univers mystérieux et envoûtant. Un charme opère, indéniablement, d’autant que la galerie de personnages déployée par Haruko Ichikawa s’avère convaincante, jouant bien entendu d’archétypes, que la dimension mythologique de l’aventure rend cependant naturels et bienvenus.
À présent, on a hâte d’en apprendre davantage sur les Séléniens, cette fameuse menace à laquelle les cristaux doivent faire face mais à laquelle ils se trouvent en fait irrémédiablement liés par une ascendance commune. D’autant que leurs apparitions sont toujours l’occasion de planches de toute beauté.
(par Aurélien Pigeat)
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