L’Été du vertige - Par Adlynn Fischer - Editions La ville brûle

Adlynn Fischer nous présente une histoire criante de vérité sur la période de l’adolescence. Les personnages sont en pleine détresse émotionnelle et en quête d’identité.

Louise est dans un mal être contenu en silence depuis qu’elle est enfant. Le père projette sur Louise ses attentes de ce que devrait être une fille, une femme, une mère, belle, aux cheveux longs. La projection d’un parent sur son enfant confère souvent une immense frustration.

Aurora est, au moment du récit, dans une fuite d’abus qu’elle a subi par un homme. Elle se bat pour ne plus être une victime.
Elles sont toutes les deux dans une recherche de liberté. Louise se laisse porter par l’élan de vie et d’énergie qu’apporte Aurora. Une vie qui n’est pas exactement le stéréotype rêvé. Aurora montre à Louise qu’elle peut tout faire.

Chacun écrit quelque chose qu’il n’aurait jamais osé faire. Le but du jeu d’Aurora, c’est de faire ces actions impossibles à réaliser, en principe, dans le quotidien. Elles découvrent de quoi elles sont capables à travers cette sorte de « cap’ ou pas cap’ » sans qu’il y ait le choix de ne pas le faire.

Aurora et Louise brûlent des talons, des magazines dit “féminin”. Une manière de renier l’idée d’être le fantasme d’un homme et les sous-entendus que cela implique. Le feu revient à plusieurs reprises et montre bien la colère et l’angoisse qui brûle dans leurs cœurs. Plus la fête avance, plus la maison devient l’antre du chaos. L’esprit des personnages y est finement représenté. Nos héroïnes font tout pour fuir leur situation initiale. Elles vont de plus en plus loin dans les défis, tout devient possible. Marcher au plafond ? Aurora le fait. Brûler la maison ? Malheureusement, ça se fait. L’entrain est tel que Louise en oublie que sa petite sœur est dans la bâtisse au moment de l’incendie.

C’est précisément Marion, sa petite soeur, qui est la narratrice de cette histoire. Elle porte un regard sur cet épisode un regard sans jugement. Juste constate-t-elle que sa soeur a changé...

Pour accompagner son trait, Adlynn Fischer utilise peu de couleurs pour représenter les ambiances des lieux où se passent l’histoire. Les couleurs sont éclatantes et flamboyantes lorsque les héroines reprennent le pouvoir. Ces flammes, à la fois dangereuses et puissantes, tout comme leurs actions, l’incarnent. Le graphisme est efficace et rend les actions et les émotions limpides, sans ambiguïté.

Voici un album qui se veutune pierre à l’édifice dans la lutte contre la vision hétéronormée et patriarcale qu’impose la société.