L’Habitant de l’Infini T. 1, Nouvelle Edition - Par Hiroaki Samura - Ed. Casterman Sakka

L’œuvre-phare de Hiroaki Samura nous revient pour une énième édition, avec pour particularité un album au format double, comprenant donc les deux premiers tomes de la saga. Une réédition plus volumineuse en terme de pages certes, mais de dimensions nettement plus petites, en comparaison avec les précédentes versions du catalogue de Casterman.

Comprenant un total de 30 tomes pour sa parution d’origine, publiés entre 1993 et 2012 au Japon, L’Habitant de l’Infini fait figure de pilier incontournable en matière de Seinen de sabre, presque au même statut que Vagabond de Takehiko Inoue et Lone Wolf & Cub de Kazuo Koike.

Trois œuvres mettant au premier rang les meilleurs samouraïs de leur génération, possédant chacun leur marque de fabrique personnelle, puisque Vagabond énumère le récit palpitant de Myamoto Musashi dans un tourbillon de violence sans précédent, tandis que Lone Wolf and Cub joue la carte de la dramaturgie et de l’insolite avec pour héros centraux Ogami Ittô, l’exécuteur du Shogun, emmenant avec lui son chérubin Omagi Daigoro dans une spirale de vengeance terrifiante.

Quant à L’Habitant de l’Infini, subtil mélange de poésie et de barbarie, l’action se déroule à l’ère Edo en 1770, où l’on suit le chemin de Manji, le samouraï éternel, destiné à assassiner 1000 ennemis au sabre s’il espère survivre aux vers éternels implantés par la nonne Yaobikuni.

L’Habitant de L’infini se veut tout d’abord être un chef-d’œuvre visuel par son trait graphique élégant et savoureux bien que prônant une violence quasiment omniprésente. Rien ne sera réellement épargné au lecteur, entre séances de viols, découpages d’organes et autres décapitations, ainsi qu’une tribulation morale récurrente soumise aux parias et laissés-pour-compte. Toutefois, cette avalanche cruelle prendra tout son sens avec ce côté sensoriel, cette finesse des détails, les échanges simples mais tonitruants avec la jeune Lin, désireuse de venger sa famille massacrée.

©Hiroaki Samura / Casterman

Hiroaki Samura y peint une désolation totale, où la vie, l’existence, ne vaut guère plus qu’un clou. Une survie de tous les instants et une adresse au maniement du sabre semblent indiscutables. C’est le plus fort qui gagne et qui demeure vivant et debout après un duel, la faiblesse n’ayant pas sa place dans ce monde impitoyable de samouraïs et fiers guerriers.

Cette nouvelle édition dispose d’un prix relativement correct et paraîtra à raison d’un tome tous les deux mois, simultanément avec un titre du second arc, à savoir L’Habitant de l’Infini Bakumastu, faisant suite au récit original.

Dommage donc pour ce format qui aurait pu bénéficier d’une version grand format comme Lone Wolf and Cub chez Panini ou Shirugui, de Norio Nanjo chez Meian, (autre série phénomène évoluant dans le même registre) mais de manière générale, cette édition se respecte avec une somptueuse couverture en 1er plat et un papier de qualité. Les nouvelles vagues de lecteurs néophytes à l’œuvre devraient s’y retrouver !

©Hiroaki Samura / Casterman