BD d’Asie

L’Habitant de l’infini Bakumatsu T. 1 - Par Renji Takigawa & Ryu Suenobu - D’après l’œuvre originale de Hiroaki Samura - Casterman

Par Marc Vandermeer le 13 septembre 2023                      Lien  
Quatre-vingt ans après son dernier combat contre l'école Ittôryû, Mani, le samouraï éternel, reprend du service. Mais cette fois-ci, son dessein est de venir en aide à autrui plutôt que de nuire comme il le faisait auparavant. Une fluidité scénaristique et un trait nerveux mais efficace donnent le ton pour ce 1er tome d'ouverture de L'Habitant de l'infini Bakumatsu.

En 1890, Mani dit l’Habitant de l’infini se retrouve au cœur d’une San Francisco en plein désordre. Les règlements de compte sur la place publique sont monnaies courantes et les cadavres jonchent le sol à la vue de tous.

Dans ce contexte où la vie ne vaut guère grand chose, le samouraï éternel défie cinq cowboys armés de pistolets, bien décidé à venger le capitaine John Howland qui l’aida de son vivant. Les affrontant uniquement à l’aide de ses lames pourfendant les airs, il ne lui faut que l’espace d’un instant, pour répandre les membres humains de ces criminels, qui s’éparpillent tels des confettis.

Dès cette entame, la messe est dite : L’Habitant de l’infini fait son grand retour sous l’appellation L’habitant de l’infini Bakumatsu. Mais il faut encore remonter plus loin, en l’an 1864 (soit quatre-vingt ans après l’arc originel dans lequel Mani affronta l’école du Ittôryû), au Japon. Menant une existence calme et paisible loin des combats, sa nature profonde de fier guerrier va pourtant à nouveau émerger, à la frontière d’une nouvelle ère japonaise dans un chaos sans précédent.

D’entrée de jeu, on constate que Reinji Takigawa nous balade dans plusieurs époques, mais la majeure partie de ce tome d’introduction se déroule en 1864 à Tosa au Japon. Le scénariste affiche son protagoniste central avec une grande détermination, une forte personnalité et une soif de découvrir de nouvelles joutes afin de parfaire ses techniques au sabre.

Il y a près d’un siècle, Mani prit la vie de nombreux de ses adversaires, les réduit au silence de par ses techniques hors normes de sabreur. Sa rencontre avec Yaobikuni, une nonne alors âgée de 800 ans, changea radicalement son existence : elle planta dans son corps des vers immortels, grouillant dans son organisme, lui permettant de rester en vie sans vieillir.

Il lui faudrait tuer 1000 victimes pour que les vers puissent quitter son corps, d’après les dires de la nonne, mais ceux-ci restèrent bien intégrés en lui, et ce au-delà de sa 1000ème proie.

L'Habitant de l'infini Bakumatsu T. 1 - Par Renji Takigawa & Ryu Suenobu - D'après l'œuvre originale de Hiroaki Samura - Casterman
©Ryu Suenobu / Casterman

L’originalité de ce nouvel opus repose sur une donnée de taille : au lieu de semer la mort autour de lui, un jeune samouraï du nom de Sakamoto Ryôma lui propose de venir en aide à son prochain ; sauver des vies plutôt qu’en détruire, et qu’un tel retournement de situation lui serait bénéfique à éliminer le mauvais sort, de même que les vers qui parasitent son corps. Un donné pour un rendu qui lui permettrait de guérir ou de simplement redevenir mortel.

Nous suivons également en parallèle un autre personnage : celui du commandant du Shinsen-Gumi, handicapé d’un bras suite à un combat violent. Ne parvenant plus à soulever le sabre, il opte pour le suicide sous forme de Seppuku" mais ne doit son salut qu’à l’intervention d’une jeune fille, "Dame Ayame", capable d’utiliser une technique de médecine peu conventionnelle, la science de l’immortalité.

Pour la partie graphique, c’est au tour de Ryu Suenobu de s’y frotter. Une tâche difficile, voire presque insurmontable, lorsqu’on reprend le flambeau d’un maître du genre du nom de Hiroaki Samura. Notons d’ailleurs que ce dernier s’occupe de la supervision de cette nouvelle saga.

En toute honnêteté et avec un certain recul, nous constatons que le trait fournit par Ryu Suenobu répond cependant à nos attentes, livrant un travail plutôt convainquant. Certes, il ne possède pas, du moins à ce jour, la précision du maître de cérémonie, mais il offre une touche artistique qui ne passe pas inaperçue, loin de là. Les combats rapprochés affichent des planches de haute teneur, bien qu’on les compte sur les doigts d’une main. À l’instar du créateur de L’Habitant de l’infini, sa grande force repose sur une maitrise des jeux d’ombre et de lumière, ainsi que d’un encrage épais. Un trait idéalement calibré pour son concept.

Une entame rondement menée, notamment par des protagonistes à fière allure et un trait soigné. A voir maintenant pour les prochains tomes à paraître.

(par Marc Vandermeer)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN : 9782203251137

L’Habitant de l’infini Bakumatsu T.1. Scénario : Renji Takigawa. Dessin : Ryu Suenobu. Supervision : Hiroaki Samura. D’après l’œuvre originale de Hiroaki Samura. Editeur : Casterman. 192 pages. Sortie : le 13 septembre 2023. Prix : 9,45 euros.

- Lire la chronique Emerald et autres récits - Par Hiroaki Samura - Casterman/Sakka

Casterman Sakka ✍ Renji Takigawa ✏️ Ryu Suenobu ✏️ Hiroaki Samura à partir de 17 ans Arts martiaux, Combats Japon
 
CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Marc Vandermeer  
A LIRE AUSSI  
BD d’Asie  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD