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L’île sans sourire - Par Enrique Fernandez - Drugstore

Par Charles-Louis Detournay le 23 juin 2009                      Lien  
Profondément blessé par la vie, un géologue débarque sur une île balayée par les flots. Il fait la rencontre d'une charmante petite fille, la gaieté incarnée. Sur une thématique classique, on déploie les ailes de l'imagination pour être entrainé par ce superbe conte fantastique : une splendeur !

Yulkukany, l’île aux baleiniers. Un morceau de terre battu par les embruns, majoritairement occupé par une nature sauvage et grandiose, et ponctué de masures éparses habitées par des autochtones taciturnes et méfiants. Car nombreux sont les marins que la mer n’a pas rendus à leurs foyers…

Milander Dean, géologue, débarque à Yulkukany en mission de recherche. Mais Dean cherche aussi et surtout un havre de tranquillité pour passer le temps. Seul. Un temps devenu abominablement long depuis la perte d’êtres chers. Elianor, native de l’île, est au contraire la joie de vie incarnée. Une petite fille rêveuse, sensible, adorable comme tout, à l’imagination vive et sans limite, à la bonne humeur contagieuse. Si ce n’est que pour Dean la bonne humeur est justement une maladie. Et qu’il n’a pas l’intention de se laisser contaminer…

L'île sans sourire - Par Enrique Fernandez - Drugstore
Expressions et émotions pour un graphisme éclairé !

Que cela soit accompagné par David Chauvel pour la trilogie du Magicien d’Oz, ou seul aux commandes dans la Mère des Victoires, nous avions déjà souligné le caractère remarquable du travail d’Enrique Fernandez. Le jeune auteur espagnol confirme une fois de plus sa maestria du graphisme, dans un superbe conte, empreint de sensibilité et d’intelligence.

Pour ce troisième scénario, il évoque l’opposition classique entre d’une part le bonheur, l’imagination et le merveilleux contre, de l’autre côté, le monde réel, son ennui et sa mélancolie. Incarné par les deux personnages principaux du récit, le fantastique point à mi-parcours, ne surprenant pas le lecteur qui a pu intégrer progressivement l’imaginaire de l’île. Sans réellement bouleverser le genre, Fernandez nous offre une vision onirique et poétique qui ne peut pas laisser insensible, une solution à tous ceux qui ont traversé un moment difficile dans leur vie.

La grande innovation provient sans conteste du dessin qui se plie aux valeurs de ce conte : provenant en droite ligne de l’animation, dont il a pu conserver le mouvement et le cadrage, le graphisme de Fernandez sert habilement l’esprit du récit fantastique et poétique. Il est tout en nuance et en beauté. En particulier, dans les jeux de lumières qui permettent de créer toutes les ambiances nécessaires aux sentiments : la joie, la tristesse, la peur, la colère, l’angoisse et la délivrance. Enfin, les mimiques des personnages communiquent directement avec le cœur du lecteur.

Comme pour les quarante découvertes à l’occasion des quarante ans de Glénat, la première édition de l’album est rehaussé d’une jaquette, dont le verso représente Elianor courant dans les champs de fleurs ...

Un très bon conte, doté superbe dessin rehaussé par de très beaux effets de couleurs et servi par une belle construction générale : on tombe rapidement sous son charme de cette miraculeuse solution aux peines et aux souffrances de la vie.

(par Charles-Louis Detournay)

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2 Messages :
  • La quatrième de couverture m’a fait penser à l’indicatif de Capitaine Flamme. Je ne sais pas si la référence est voulue.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Gib le 29 juin 2009 à  11:41 :

      Craquant immédiatement pour le graphisme éblouissant de cette BD, je l’ai achetée pour la savourer tranquillement à la maison...
      Le choc : quelle maestria extraordinaire. On s’arrête régulièrement, littéralement scotché par une case aux contrastes poétiques, sans pour autant perdre le fil de cette paisible narration.
      On est embarqué dans l’imaginaire de l’auteur, gentiment, par vaguelettes... L’île sans sourire ? Peut-être. Mais certainement pas "lecteur sans sourire" ! La banane va rester accrochée à ma figure au moins deux jours.

      Un remède à prescrire à toutes les victimes de la désillusion ambiante.

      Enorme bravo à l’auteur. Parfois je me demande pourquoi mes BD ne sont pas encore publiées : un auteur aussi doué remet tout le monde à sa place, et je redeviens lecteur avec le plus grand plaisir.

      Répondre à ce message

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