La Grande Guerre de Charlie est une remarquable série historique qui retrace le parcours d’un jeune homme de seize ans, Charlie Bourne qui, séduit par les affiches de recrutement, triche sur son âge afin d’être engagé dans l’armée britannique.
Initialement publiée de 1979 à 1986 dans la revue BD hebdomadaire anglaise Battle, elle comprend 239 épisodes de 3 à 4 pages en noir et blanc. Exceptionnelle par sa rigueur historique, elle se démarque surtout par la dénonciation des nombreuses exactions commises par leur hiérarchie envers les hommes de troupe. Ce que les livres officiels ne nous ont pas transmis.
Toutes les souffrances endurées par les Tommies (soldats anglais) sont décrites sans concession. La discipline au sein de l’armée est appliquée d’une main de fer. Des ordres insensés conduisent des hommes à un massacre aussi inéluctable qu’inutile. Le dessin minutieux de Joe Colquhoun traduit parfaitement l’angoisse des malheureux qui subissaient l’enfer dans les tranchées. C’est parfois la gorge serrée que le lecteur revit, dans ces planches réalistes, l’attente avant l’assaut précédé d’un pilonnage d’artillerie intensif.
Ce troisième et dernier volume de l’édition intégrale de La Grande Guerre de Charlie commence avec la bataille de Passchendaele (Belgique) en septembre 1917. Un immonde cloaque où les soldats meurent noyés, littéralement absorbés par la boue dont ils ne parviennent pas à se dégager. Le récit se termine par la bataille de Mons (Belgique) là où la guerre avait débuté pour les Anglais. Elle se prolonge avec quelques épisodes sur la guerre civile russe en 1919, les Anglais y ayant participé auprès des Russes blancs favorables au Tsar.
Même si certains faits sont extrapolés pour les besoins de la fiction, la série se base sur de nombreux témoignages et n’est le reflet que de la triste réalité. Comme l’explique le scénariste Pat Mills en fin d’ouvrage (chaque épisode est commenté), il s’est basé sur des documents et témoignages. De son propre aveu, il aurait souhaité aller plus loin dans la description de certaines situations mais la rédaction de la revue ne l’acceptait pas. L’intrigue progresse rapidement, sans doute un peu trop. Mais c’était la cadence hebdomadaire de trois à quatre planches qui le voulait. L’intérêt des lecteurs devait être relancé chaque semaine. Il en découle une lecture haletante et sans répit.
Les différents corps d’armée sont représentés tels la marine, l’aviation, l’artillerie, la cavalerie (encore utilisée dans ce conflit), les premiers chars d’assaut et, bien sûr, l’infanterie, aussi bien dans les tranchées que dans les combats urbains. Le ton de la série se veut résolument anti-guerre et est en même temps un poignant hommage à toutes les victimes de toutes les nationalités qui ont perdu la vie durant cette guerre terrible.
(par David SPORCQ)
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