Nous vous avions parlé de Big Girls de Jason Howard, sorties en français chez 404 Comics et 404 Éditions (Groupe Editis / Edi8 : First, Gründ, Plon, Perrin, Belfond, Hors Collection, etc.). Ceux-ci proposent d’une part des comic books « traditionnels », anglophones et issus en majorité du marché américain. D’autre part, ils entendent susciter la création de titres s’inspirant de leurs registres, produits par des auteurs d’autres contrées.
La ligne éditoriale souhaite de plus se focaliser sur des sujets comme les "questions de société ou de transmission", auxquelles ses responsables se disent sensibles. Par ailleurs, un soin particulier est accordé à la forme et à la fabrication de chaque titre.
Les premiers mois de 2021 ont ainsi vu paraître le comic strip norvégien Dunce de Jens K. Styve, publié dans quinze journaux dans son pays d’origine. La Fleur de la sorcière, conte initiatique fantasy et roman d’apprentissage de l’Italien Enrico Orlandi a suivi.
Avec Jonna (Jonna and the Unpossible Monsters), le couple Samnee annonce clairement la couleur dès le début, puisqu’il fait de ses filles les dédicataires de la série et les modèles des personnages. Et il précise ses intentions à la fin de ce premier recueil des quatre épisodes originels, parus très récemment en version originale chez Oni Press.
Laura et Chris Samnee poursuivent le but d’obtenir à la fois la faveur des enfants et de leurs parents. Sans doute est-il un peu prématuré pour tirer des conclusions définitives sur le scénario en refermant ce premier volume. Mais nous y reviendrons avec plaisir lors de la parution de la suite.
En tout cas, le dessin de Chris Samnee, ce prodige qui a commencé tôt à dessiner en professionnel, et déjà un vétéran de l’illustration de super-héros, nous épate une fois encore ! Ici, il adopte un nouveau style, dont la simplification des morphologies des acteurs de cette histoire et le recours à un trait épuré facilitant la lisibilité contribuent effectivement à emporter l’adhésion de tous.
À sa lecture, la présence d’un deuxième niveau plus élevé ou implicite de références montre combien il a fait de ces dernières une partie constitutive de son mode de création. Rien d’étonnant à cela, puisqu’il s’y est immergé depuis l’enfance.
Il va sans dire qu’il a été amené ensuite à les cultiver tout au long de sa carrière. En particulier, ses diverses collaborations marquantes avec Mark Waid, "encyclopédie vivante" des univers Marvel et DC, ont dû beaucoup y contribuer.
Et pour ceux qui voudraient réduire Chris Samnee à n’être qu’un (très grand) dessinateur de super-héros, rappelons qu’il aborda tôt dans son parcours le roman graphique, avec Capote in Kansas (2005).
Chez 404 Comics, en octobre 2021, se profile également The Automnal de Daniel Kraus et Chris Shehan. S’y mêlerait histoire de famille et « folk horror », lorgnant du côté de Stephen King. Les premières pages entrevues attirent indéniablement l’œil.
Notez que la publication de la première création française de l’éditeur, Big Under, du notamment traducteur de comics Virgile Iscan et d’Alex Nieto, annoncée à l’origine pour ce même mois, est décalée à début 2022. 404 la présente comme mettant en scène un « looser club » parisien en proie à l’univers des catacombes. On y sent sourdre l’ombre de Belphégor.
Pour le moment reste toujours programmé pour janvier 2022 Mundus de Laurent Queyssi, spécialiste et traducteur de Philip K. Dick et d’Oriol Roig. Son récit relèvera un défi que l’on n’hésitera pas à qualifier d’audacieux.
En effet, il tentera apparemment de remettre au goût du jour un genre plutôt rebattu, marqué par l’écrasante figure tutélaire de C. S. Lewis. Car des ados y découvrent un portail vers un univers parallèle, où ils vont vivre de trépidantes aventures.
Tandis que 404 Comics annonce encore pour l’année prochaine le retour de ZombieWorld : Le Champion des Vers de Mike Mignola et Pat Mc Eown. Cette référence patrimoniale était indisponible depuis très longtemps en français. Dans la lignée de son thème, sa réédition enrichie confinera donc, comme qui dirait, à une véritable résurrection…
(par Florian Rubis)
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