Le roi affamé - Par Léa Roch - Ed. Panthera

Il était une fois un jeune roi dévoré par la faim. Colérique, tyrannique, il sème le chaos dans son royaume. En quête permanente de nourriture, les vivres commencent à manquer dans le château. Les sujets de ce monde imaginaire sont dépassés : comment parvenir à calmer leur souverain ? Les réserves s’amenuisent et le roi s’affaiblit. Au royaume, on s’inquiète, il est temps de faire appel au grand mage du château. Celui-ci est formel, le roi doit partir explorer son propre corps pour comprendre ce qui cloche. Rétréci comme par magie, notre petit héros est plongé dans les tréfonds de son estomac.

Avec des couleurs douces et un tracé précis et arrondis, Léa Roch parvient à aborder des questions lourdes à travers des illustrations appropriées au monde des enfants. Le roi affamé est une bonne manière d’aborder un grand nombre de sujets de manière métaphorique et pédagogique, comme la gestion des émotions, la confiance en soi et certains maux plus enfouis.

Notre héros évolue dans un décor inspiré de l’appareil digestif, nous rappelant non sans nostalgie la série animée Il était une fois la vie qui n’a pas fini de bercer les plus petits. Contrairement à la série d’Albert Barillé, pas de terme technique chez Léa Roch, mais une belle manière de parler intériorité et compréhension du corps. Il est par ailleurs intéressant d’ailleurs fait le choix de ce voyage organique lorsqu’on sait que l’estomac est notre deuxième cerveau.

Le roi affamé - Extrait

© Léa Roch

La question de la quête intérieure, du somatique est alors amenée avec finesse à travers la difficulté à dormir, les crises de colère ou les maux de ventre. Avec la faim et le rapport compensatoire pris par la nourriture dans l’ouvrage, on peut s’interroger sur l’existence d’une potentielle mise en garde de l’autrice contre les TCA (troubles des conduites alimentaires) et plus particulièrement la boulimie, une pathologie en augmentation depuis une vingtaine d’années chez les enfants de moins de 15 ans.

Le roi est un enfant couronné. La gestuelle et son vocabulaire sont facilement assimilables et donc identifiables pour le jeune public. Présenté comme tyrannique, le traitement du personnage rappelle le fameux mythe de l’enfant roi, grincheux, pourri, gâté, mais notre autrice en a fini avec cette idée, s’attaquant au fond du problème. Tout est bien qui finit bien, le jeune roi apprend le pardon, l’importance d’une deuxième chance. Avec pédagogie, écoute et bienveillance, notre héros finit par grandir au sens propre comme au figuré.

Le roi affamé est une BD jeunesse d’une qualité certaine. Son petit format et son esthétique sont tout à fait adaptés au grand public. Si l’ouvrage contient une grande quantité de textes, ceux-ci sont équilibrés par la présence de grandes pages contemplatives. Un contenu à lire aux plus jeunes, idéal pour les conteurs qui aiment adapter leur voix aux personnages.

Avec Le roi affamé, Léa Roch nous offre un voyage immersif touchant, une lecture importante pour les enfants, mais aussi pour les plus grands.