Un biopic écrit par un adorateur sans réserve, mais qui sait s’adresser au grand public. C’est l’un des mérites incontestables de cet album, consacré à l’un des plus grands artistes francophones. On pouvait avoir des doutes à la lecture d’un avant-propos béat, mais la narration, à la première personne, entre dans le vif du sujet du début à la fin, avec une réelle efficacité narrative.
Volontairement ou non, le récit ne lésine pas sur les paradoxes du chanteur anarchiste : une jeunesse dorée à Monaco, des études sérieuses (malgré l’amour pour la musique contrarié) mais... Des années de vaches maigres. Comme la plupart des artistes, solistes ou groupes, rien n’est facile dans le monde de la musique, et on voit bien ici à quel point Ferré a du batailler pour s’imposer enfin, à l’âge de 45 ans.
Les épisodes connus ponctuent cette riche vie, mélange de militance (plutôt intellectuelle que politique) et de confort. On y apprend aussi qu’après Mai 68, Ferré a été contesté par une partie de la jeunesse gauchiste, et que son appétence pour la musique classique a rarement trouvé écho, notamment auprès de la critique.
Précis et documenté, en dépit d’un dessin un peu radical qui durcit les traits de tous les personnages, cet album met en lumière toutes les facettes d’un créateur majeur, dont on oublie parfois qu’il a aussi beaucoup écrit pour les autres, et que sa poésie se lit également en recueil.
(par David TAUGIS)
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