Gisèle Halimi l’insoumise - Par J-Y Le Naour & Marko - Dunod (...)

Gisèle Halimi l’insoumise - Par J-Y Le Naour & Marko - Dunod Graphic

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Troisième album consacré à la figure incontournable de la lutte pour les droits des femmes, et non des moindres, car cet album de 126 pages en grand format retrace toute la vie et les combats de l'avocate. Une gageure relevée avec talent par ses auteurs, qui réalisent un album aussi fort qu'abordable.

Gisèle Halimi est l’incarnation de nombreux combats qui ont marqué la seconde moitié du XXe siècle. De par ses origines, jeune femme juive au cœur de la société tunisienne, elle s’est élevée contre le patriarcat ainsi qu’à l’imposition de coutumes sectaires au nom de la religion. Avocate, ses premiers clients qui s’opposaient au "protectorat" que maintenait la France l’ont poussée dans les débats de la décolonisation, tout d’abord en Tunisie, puis pendant la Guerre d’Algérie.

Notre génération la connaît mieux pour ses prises de position décisives pour les droits des femmes. Amie de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir, gagnante du Procès de Bobigny et militante pour le droit à l’IVG finalement légiféré grâce à Simone Veil, signataire du manifeste des 343 qui assume publiquement avoir avorté, de nouveau à la une des médias pour dénoncer les viols impunis, députée indépendante, etc. Sa vie serait à un roman si elle ne concernait de luttes aussi importantes pour l’évolution de notre société. Heureusement, ce roman graphique de 126 pages en grand format vient nous rappeler sa lutte constante pour l’égalité ainsi les droits de toutes et tous.

Gisèle Halimi l'insoumise - Par J-Y Le Naour & Marko - Dunod Graphic

En moins d’un an, Gisèle Hamili l’insoumise est donc le troisième album revenant sur la vie d’une femme dont les combats ont profondément modifié la société française. Il se distingue par la volonté de traiter toute la vie de l’avocate, avec un portrait plein d’épaisseur. Un défi uniquement réalisable grâce à la clarté du trait de Marko. Le dessinateur travaille non seulement avec soin ses mises en page, mais garde en permanence le souci de la lisibilité afin de s’adapter au scénario pour transmettre au mieux les émotions de ce récit écrit à la première personne. Les couleurs éminemment narratives de Marko participent également à la réussite de cette évocation graphique. En un clin d’œil, on saisit les émotions qui devaient assaillir l’avocate. Quelle réussite en matière de bande dessinée !

Il faut dire que le scénariste Jean-Yves Le Naour et Marko maîtrisent maintenant bien leurs points forts respectifs. Gisèle Halimi l’insoumise est leur quatrième album en commun, et le troisième qu’on peut qualifier de politique. L’utilisation d’aplats noirs pour les épisodes les plus dramatiques, comme le mois d’enfermement pendant le putsch d’Alger en témoignent.

Même si l’on sent un petit coup de mou dans la séquence du Procès de Bobigny, lorsque l’abondance d’informations (pas toujours essentielles) diminue un peu, la lisibilité reste le point fort de ce roman graphique en grand format. Il permet non seulement de se replonger dans les grands combats sociaux qui ont marqué la France, mais il met en exergue l’incroyable personnalité d’une femme qui doit rester un exemple à nos yeux.