Romans Graphiques

« Les Veilleurs » : une leçon de tolérance

Par Oussama KARFA le 12 avril 2023                      Lien  
Les troubles du spectre autistique (dits TSA), dur dur de s'y accommoder lorsqu'on n'y est pas sensibilisé. C'était le cas de Yann Dégruel, dessinateur de BD, avant qu'il se retrouve contraint de prendre un nouvel emploi pour assurer ses fins de mois : veilleur de nuit dans une maison hébergeant des personnes autistes. Dans ce roman graphique, il raconte cette expérience ponctuée de joies, de mésaventures et surtout de vives remises en question.

Veilleur de nuit, en quoi ça consiste ? De 22 heures à 7 heures du matin, Yann Dégrel était chargé de s’occuper des pensionnaires de la maison (jouer avec eux, les nourrir, gérer leurs crises et parfois changer les couches de certains), les surveiller, s’assurer qu’ils soient en sécurité. L’éducateur a le devoir de lui établir un compte-rendu des événements de la journée. En cas de problème, il a accès à une liste de numéros d’urgence.

« Les Veilleurs » : une leçon de tolérance

Durant son séjour de trois ans et demi au sein de cette structure de l’association Passerelle, le dessinateur a fait de belles rencontres. Outre la petite équipe, supervisée par Lola, la cheffe de service, nous comptons parmi les pensionnaires : Alice, dotée de « la force d’un sumo », qui déambule jambes pliées avec sa fidèle cuillère dans la bouche. Nelson, le seul résident qui a la capacité de parler (et qui surnomme Yann « Samy », en rapport avec le personnage de Scooby Doo). Momo, qui ne se déplace qu’en sautillant. Clémence, recroquevillée sur son fauteuil roulant. Pierre et son regard fixant.

La patience (qui n’était, au départ, pas son point fort) et la tolérance sont des valeurs que Yann Dégruel cherche à transmettre, que ce soit dans cet album ou dans les ateliers qu’il anime dans les écoles, où il n’hésite pas à reprendre les garnements riant à gorge déployée à l’écoute du mot « mongol ». Mettre en scène la vision étriquée de certaines personnes sur les handicaps est intéressant pour comprendre comment la différence peut être abordée par chacun.

Même si ses aventures dans la maison d’accueil occupent la majorité des pages du roman graphique, le dessinateur nous montre comment il parvient à faire cohabiter ce mode de vie avec la bande dessinée. Une vie à 200 km/h où la passion est maîtresse.

L’émotion est au rendez-vous, avec une fin déchirante. Les adieux de Yann aux pensionnaires sont furtivement présentés... mais suffisamment impactants pour nous émouvoir. L’amour porté aux résidents et la tendresse émanent d’un album où les teintes douces dominent.

Les quelques bémols qui subsistent : des fautes d’accord ici ou là, certaines planches comme le pitch sur l’histoire de la télécommande qui semblent meubler plus qu’autre chose et le retour sur l’une des éditions du Festival d’Angoulême un poil longuet, ne suffisent pas à effacer les sensations bienfaisantes que l’on peut éprouver à la lecture et les leçons de vie qu’on gagne en lisant l’ouvrage.

(par Oussama KARFA)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782413039891

Les Veilleurs - Par Yann Dégruel - Éd. Delcourt/Encrages

Delcourt ✏️ Yann Dégruel Tranche de vie France
 
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