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Les webtoons coréens se placent en pôle-position pour Japan Expo 2022

Par Kelian NGUYEN le 11 juillet 2022                      Lien  
Le salon « K-Comics in Europe », événement coréen interprofessionnel qui a eu lieu la semaine dernière (6 et 7 juillet 2022) au Centre Culturel Coréen de Paris s’est placé en amont du Festival Japan Expo 2022. Pour la première fois, la plupart des principaux producteurs coréens de webtoons étaient là en présentiel, et ce n’est pas par hasard : le webtoon coréen y a fait la démonstration de sa puissance. Désormais installé en France grâce à la présence en force de Piccoma (sponsor de Japan Expo 2022) et de Webtoon Naver (sponsor de son événement-jumeau Amazing), le webtoon a fait une percée significative en France et, comme pour le manga, il est là pour longtemps. Fait nouveau qui le différencie de l’attitude du pays du Soleil Levant : ses acteurs sont ouverts à une coopération avec la bande dessinée française. Petit tour d’horizon.

Ce genre d’événement interprofessionnel laisse peu de résultats apparents. Quelques-uns des plus importants acteurs du webtoon en France mais aussi en Europe étaient présents, entr’autres : Piccoma, Delcourt / Verytoon, Dupuis / Webtoon Factory, Ankama, Kana, Glénat, Izneo, Edi8 le pôle jeunesse d’Editis, Kurokawa, Michel Lafon, Ototo, Nazca, Kotoon, Chatto Chatto, Koyohan, l’Allemand Papertoon, l’Italien Panini, les Espagnols Norma éditorial et Babylon, le prestataire de services éditoriaux Makma ou l’éditeur de jeux vidéo Ubisoft. La plupart venaient y faire leur marché, d’autres pour se renseigner sur le succès grandissant des webtoons en France, tant sur les écrans qu’en librairie.

Les webtoons coréens se placent en pôle-position pour Japan Expo 2022
Les "Speed Dating" ont permis la rencontre entre Européens et Coréens dans un très beau cadre de travail, celui du Centre culturel coréen.
Photo : Kelian Nguyen

Une chose qui a frappé lors des conférences du mercredi 6 juillet : les Coréens ne raisonnent pas en termes d’éditeurs, de webtoons ou de livres-papier comme nous avons tendance à le faire trop souvent. Ils raisonnent en « IP », en Intellectual Properties, soit les créations de l’esprit comme les inventions, les créations littéraires et artistiques, le design, les symboles et plus généralement les images de marque. Et ceci d’une manière globale. Cela induit qu’ils sont intéressés par le marché français parce qu’il est le seul au monde à faire un succès à la « version papier » de leurs productions. Cela est dû à la solidité de notre réseau de librairies et à l’attachement du public français au livre. Chez nous, le numérique constitue moins de 10% du chiffre d’affaires de la bande dessinée ; en Corée, c’est exactement l’inverse. Les Coréens sont donc attentifs à notre savoir-faire éditorial et découvrent notre écosystème (Loi Lang, etc.). C’est un sujet pour eux, c’est pourquoi ils seront présents à la prochaine Japan Expo : Piccoma est sponsor du Festival des loisirs japonais tandis que son concurrent Naver/Webtoon est celui, ironie suprême, de l’événement-jumeau Amazing consacré à la pop culture non-japonaise.

Noh Eun Jung, directrice de Jaedam, arrive en France avec le plus gros catalogue de Corée. Son objectif : exporter mais aussi importer des titres.

Une coopération avec les acteurs coréens est-elle possible se demandaient les observateurs présents ? Oui, semble-t-il. L’un des studios majeurs du secteur, Jaedam Media, par exemple, est une entreprise qui édite, produit, planifie, distribue et exporte les webtoons. Elle exploite ses IP non seulement sous forme de webtoons mais aussi pour la production audiovisuelle comme les séries TV, les dramas par exemple. 21 de leurs titres ont été créés directement pour ces supports. « Nous avons plus de 500 séries au catalogue de différents auteurs et de différents genres, nous dit son président M. Namyong Hwang, c’est le plus gros catalogue de Corée ! Nous sommes venus en France pour présenter notre production aux éditeurs français mais aussi pour trouver des créations françaises susceptibles d’intéresser les Coréens. Le but est de trouver des partenaires qui peuvent collaborer avec nous, ce qui est déjà le cas avec différents acteurs français comme Moi, fille du roi ! de Bichu et Kim Rekna chez Delitoon ou Horizon chez Izneo. Parmi les titres que l’on verra bientôt traduits en France, Le Faiseur de rois (King’s Maker) de Haga et Kang Jiyoung.. »

Le talentueux Kim Jung Gi a fait le déplacement depuis Séoul pour exposer et promouvoir son travail ainsi que celui des dessinateurs coréens. Pendant deux jours, il a offert au curieux une séance de dessin en live dans la sublime cour du Centre culturel coréen.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

On est plus pragmatique chez C & C Revolution qui cherche surtout un débouché pour ses produits : « Nous sommes là pour promouvoir nos bandes dessinées, confient-ils à ActuaBD.com. Nous sommes déjà traduits en France sur des plateformes françaises et nous venons présenter nos bandes dessinées pour les éditeurs français mais aussi pour vendre des licences de produits dérivés. Certes nous nous intéressons aux talents français, mais notre focus est aujourd’hui de vendre les droits de traduction de nos productions coréennes. En revanche, nous sommes intéressés à transposer les œuvres littéraires françaises sous la forme de webtoons. C’est plutôt là qu’il est en ce moment notre intérêt. La plupart de nos webtoons sont d’abord de courtes nouvelles. »

Leurs points forts : des graphismes originaux et surtout une production d’œuvres en couleurs aux remarquables qualités et une stratégie de mix-média, tant pour la librairie que pour les autres supports.

Durant ces deux jours de rencontre, outre les meetings, le networking était de mise. L’accueil était irréprochable et le bâtiment du Centre culturel coréen très agréable.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

La rencontre a surtout fait l’objet de « pitchings » où les producteurs de Webtoons venaient montrer leurs catalogues à leurs partenaires européens. Les conférences nous ont également fait connaître le studio ToYou’s Dream, créé par des créateurs, dont le métier est de « webtoniser » les différents univers existants sur les autres supports, par exemple les univers européens. On a même vu son président M. Taekgeun Yu imaginer en direct, face au public amusé, un webtoon adapté des Schtroumpfs où ils seraient les entités extraterrestres vivant sur terre sous couvert de l’apparence des petits lutins bleus…

Taekgeun Yu, directeur de ToYou’s Dream, imagine, devant la foule amusée, un Webtoon inspiré des Schtroumpfs © Didier Pasamonik

Le débat qui a suivi a permis aux acteurs européens : les éditeurs Delcourt / Verytoon, Ankama, le prestataire de traduction et de lettrage Makma et l’éditeur espagnol Normal Editorial d’exprimer la singularité du marché européen et dresser l’état des lieux du marché du webtoon dans leurs pays respectifs.

Une rencontre préalable à d’autres, notamment à Angoulême 2023.

Retrouvez notre interview exclusive de l’illustrateur Kim Jun Gi

(par Kelian NGUYEN)

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tout public Corée du Sud France Marché de la BD : Faits & chiffres
 
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3 Messages :
  • Bongour,
    Votre site envisage t-il de modifier son nom pour s’appeler "actuaMANGA bd" ? Ce serait pertinent d’autant que la FNAC a déjà rebaptisé son rayon BD en MANGA bd. Il paraît aussi évident que MANGA doit apparaître en grand et bd en petit, les droits de l’industrie doivent l’emporter avant la culture, c’est normal.
    Sayonara noble actuaMANGA bd.

    Répondre à ce message

    • Répondu le 11 juillet 2022 à  14:46 :

      Calmez-vous. Le Manga, c’est de la Bd.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Lolipops le 29 juillet 2022 à  12:44 :

        Finalement, Mille Sabords avait raison, la déferlante Coréenne pour remplacer le Manga est en route ! Il ne manque plus que la BD Chinoise...

        Répondre à ce message

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