1941. L’armée allemande assiège Leningrad (aujourd’hui Saint Petersburg), sans doute le plus long encerclement de toute l’Histoire : du 8 septembre 1941 au 18 janvier 1944, soit 900 jours ! Il fera 1 800 000 morts, mais jamais la ville ne tombera…
Lutte Majeure évoque un épisode presque dérisoire mais néanmoins hautement symbolique survenu en 1942 : l’ordre formel donné par Staline de reformer l’orchestre symphonique de la ville et de lui faire interpréter publiquement la 7e symphonie de Chostakovitch dans la ville assiégée, le jour annoncé par Hitler pour revendiquer sa chute.
Malgré une couverture dont il faudrait sérieusement revoir la typographie, Lutte Majeure interroge puis interpelle. Ce morceau choisi de l’Histoire (la plume contre l’épée) est une formidable ode à l’espoir, tout en proposant une chronique criante de vérité des atroces souffrances subies par les assiégées. Le choix d’avoir animé des personnages animaliers retire presque leur nationalité. Peut-on d’ailleurs parler de bons, entre les Russes ou les Allemands, car Staline est aussi décrié qu’Hitler ? On perçoit seulement des hommes et femmes qui veulent survivre et se raccrocher au moindre espoir, aussi ténu soit-il.
En opposition à sa thématique, Lutte Majeure souffre néanmoins d’un manque de tempo. Cela ne diminue que partiellement l’intérêt de l’album, car l’évocation de cette résistance, absurde face aux conditions et aux pertes effroyables qu’elle occasionna, ne peut que susciter la compassion, voire le respect.
(par Charles-Louis Detournay)
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