Naturellement - Par Yannis La Macchia - L’Atrabile

Si vous recherchez une BD OVNI, vous allez être servis avec cette nouvelle création de Yannis La Macchia. Le dessinateur genevois nous avait déjà surpris avec Des Bâtisseurs , sa première publication également éditée par Atrabile en 2017 qui se concentrait sur la passion de bâtir de l’homme.

Dans Naturellement, exit le cadre urbain et les lignes géométriques. Le trait est beaucoup plus diffus et tordu, comme le montre déjà la couverture qui reprend les codes graphiques de l’ouvrage. Le dessin simple en noir et blanc court sur les 264 pages jaunes, roses, bleues ou vertes de ce broché, formant un camaïeu original sur la tranche.

Les personnages humains ont des formes assez grossières, voire ridicules pour celui qui a subi des implants. Qu’on adhère ou pas, l’œil s’y fait assez vite. C’est un roman graphique peu bavard, avec très peu de texte et parfois même peu de dessins ! L’absence de cases est fréquente. Si le côté épuré du dessin et du texte peut lasser, il permet aussi de tourner très vite les pages, rendant la lecture de ce volume plutôt rapide.

Planche extraite de "Naturellement" de Yannis La Macchia

Une œuvre concept déstructurée

Chapeau bas à Yannis La Macchia pour avoir réussi l’exploit de synthétiser et d’organiser une matière aussi variée. Cette œuvre est en effet le résultat d’un agglomérat d’environ 2000 idées de scénarios, idées, pubs, déchets et autres racontars récoltés par l’auteur depuis 2014 auprès du grand public.

Pour ce faire, il a disséminé des boîtes aux lettres roses dans différents endroits de Genève et a créé un équivalent numérique sur le site racontars.com. Il a ensuite promis qu’il utiliserait tous les écrits qui seraient postés dans ces boîtes pour en faire une BD.

Il a doublement tenu sa promesse car une version numérique de Naturellement, parue dans la collection RVB, est sortie en parallèle de la version papier et comporte des personnages et des lieux qui ne figurent pas dans l’exemplaire physique, pourtant déjà bien fourni.

L’ensemble est atypique, autant par la forme que par le fond, et c’est là que le bât blesse. On peut saluer la performance consistant à trouver une logique d’organisation à plusieurs histoires n’ayant aucun lien entre elles mais cela laisse malgré tout une impression de confusion, d’inachevé et d’incomplétude qui nuit à l’ensemble.

Plus que le fond, c’est la déstructuration du concept de bande dessinée qui pourra intriguer un lectorat adepte des surprises. Les inconditionnels du travail et de la vision décalée de Yannis La Macchia y trouveront leur compte. Pour les autres, gardez l’esprit ouvert !