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New Cherbourg Stories : « On a voulu réinvestir le circuit de la presse, des journaux... »

Par Jaime Bonkowski de Passos le 10 mars 2020                      Lien  
"New Cherbourg Stories" la nouvelle série de Pierre Gabus et Romuald Reutimann est d'abord née dans les relais presse de Cherbourg sous la forme d'un comics, où elle a rencontré l'engouement des cherbourgeois. Quelques mois plus tard, l'ensemble est publié en album chez Casterman. À l'occasion de la sortie du livre, nous avons rencontré les deux auteurs pour qu'ils nous parlent de leur aventure.
New Cherbourg Stories : « On a voulu réinvestir le circuit de la presse, des journaux... »
Pierre Gabus.
Photos : Jaime Bonkowski De Passos.

Votre album est né d’un concept un peu original, disons participatif ou collaboratif, pourriez-vous nous en dire plus ?

Reutimann : Le participatif est intervenu dans la distribution. C’est à dire que de mon point de vue, la bande dessinée n’a pas forcément sa place dans un magasin spécialisé. On a voulu la remettre dans les anciens circuits, les kiosques à journaux notamment, comme ça pouvait se faire avant. C’est là qu’est le collaboratif, on ne s’est pas à la base appuyé sur un réseau de distribution type boutiques spécialisées, mais on a voulu réinvestir le circuit de la presse, des journaux. On a d’abord été prépublié dans le journal La Manche par exemple.

Gabus : Tout à fait, et c’est aussi pour ça qu’on a choisi à la base de faire quelque chose sous forme de comics, de fascicules, plus courts, dans un format plus réduit avec ces couvertures qui sont reproduites ensuite dans l’album. On allait les déposer dans les relais-presse et les vendeurs ont décidé de jouer le jeu, à la manière des fanzines de l’époque sur lesquels les libraires ne prenaient pas forcément de marge. On arrivait avec notre pile de bouquins et on revenait plus tard récupérer l’argent gagné avec ce qui avait été vendu. En fait, les autres acteurs du circuit ont vite joué le jeu, et c’est comme ça que la sauce a pu prendre. Les Cherbourgeois étaient ravis de voir leur ville dans une BD. Le public a été au rendez-vous, et voilà…

Photos : Jaime Bonkowski De Passos.
Romuald Reutimann.
Photos : Jaime Bonkowski De Passos.

Justement, pouvez-vous nous parler de votre univers ? Un peu Belle-Époque, une uchronie tranquille, comment c’est né ?

R : C’est né de notre observation de la ville de Cherbourg et de notre volonté de lui rendre un peu de sa grandeur. Quand on dit Cherbourg, on pense souvent à la guerre, aux casernes, aux canons, à l’industrie lourde et à la fermeture des usines qui entraîne du chômage… Pour New Cherbourg Stories, j’ai décidé de remplacer l’ancienne caserne par un hôtel de luxe et les baraquements par une volière. Ça veut dire que d’emblée, dans notre monde imaginaire, la guerre n’a pas eu lieu. Aujourd’hui, dans ce bâtiment, il y a un musée de la Résistance, des uniformes et des armes ; nous on a mis des lustres et du velours.

G : On a décidé de faire une Cherbourg un peu fantasmée, idéalisée, face à laquelle les Cherbourgeois reconnaitront des détails, des clins d’œils, et dans laquelle les gens qui ne connaissent pas la ville pourront quand même s’émerveiller un peu.

R : Oui, à propos de clin d’œil, les Grondins, le peuple aquatique de notre univers est directement inspiré d’une sculpture qu’on retrouve sur une fontaine de la ville, ça les Cherbourgeois le remarquent. Pareil avec notre histoire d’échouage de monstre marin, ça fait référence à un vrai fait divers arrivé dans les années 1930 qui a fait le tour de l’Europe. Ça a plu aux lecteurs de voir des références à l’histoire de leur ville dans une BD d’aventure.

© Casterman

Les Cherbourgeois ont donc très bien accueilli votre projet.

G : Tout à fait. Ça les a rendus fiers de voir leur ville être au cœur d’une bande dessinée. En plus, comme on a vendu au départ nos comics dans la presse, c’était prestigieux, il y avait les quotidiens régionaux et nationaux, l’actualité, et puis nous juste en dessous. Alors ils se sont emparés de notre univers, ils l’ont dérivé vers d’autres médias, d’où l’importance du cross-média.

R : Par exemple, une équipe de jeu-vidéo a reproduit le Roule Palace, l’hôtel au centre de notre univers, dans un jeu en réalité virtuelle. Il y a aussi un projet de pièce de théâtre qui est en route, et puis l’exposition qu’on a faite à Cherbourg et qui a rencontré un grand succès. Ça a été notre tremplin : on a eu un énorme succès à l’échelle locale, ça a intéressé Casterman qui nous a signé pour deux albums, et voilà…

Photos : Jaime Bonkowski De Passos.

À la fin du premier volume, on sent à la fois qu’une histoire est terminée et qu’en même temps, vous laissez beaucoup de questions ouvertes. Quelle est la suite de vos projets ?

R : On a pas vraiment d’idée précise encore. Pour New Cherbourg on a toujours fonctionné à court terme. C’est pour ça que même au sein de l’album, la première partie constitue une histoire en soi, avec un début et une fin, prolongée par un autre chapitre lui même avec un début et une fin. C’était pour coller au format fascicule et comics. Donc on pourrait continuer comme ça encore longtemps. Comme vous l’avez dit, on a laissé des portes ouvertes pour continuer, mais on pourrait aussi s’arrêter comme ça et on aurait quand même quelque chose de cohérent. Évidemment on a envie de continuer, de voir jusqu’où tout ça va nous mener…

© Casterman.

(par Jaime Bonkowski de Passos)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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