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Not All Robots - Par Mark Russell, Mike Deodato Jr et Lee Loughridge- Delcourt

Par Damien Boone le 17 juin 2023                      Lien  
Nous sommes en 2056 : les êtres humains ont été remplacés par des robots sur le marché du travail et chaque famille humaine dispose d'un robot dont elle dépend entièrement. Or, le robot des Walter passe une grande partie de son temps libre isolé dans le garage, à construire des machines conçues pour tuer sa famille d'accueil. Inquiétant, non ?

Voilà un ouvrage à la couverture alléchante : d’abord, le célèbre tableau de Grant Wood, American Gothic, est détourné : on y trouve, en lieu et place du couple de paysans américains, des robots. Le message semble clair : ces derniers ont "grand-remplacé" celle et celui qui symbolisaient l’humanité dans ce qu’elle a de très banal. Ensuite, le titre interpelle car il apparaît être une référence au maladroit - pour le moins - #notallmen ayant suivi le mouvement #metoo. De quoi s’agit-il alors ?

La scène introductive nous plonge dans un univers dystopique : sur le plateau d’une chaîne d’informations en continu, l’émission "mots de robots" propose un débat sur le thème de l’obsolescence humaine. Il met aux prises Megan, une femme représentant les humains, à un robot, convaincu de l’inutilité des humains, ces êtres émotifs et paresseux. Les échanges sont animés par… un robot. On l’aura compris : les relations entre les humains et les robots est désastreuse : les premiers craignent les bugs des seconds, et les seconds se savent condamnés par la prochaine génération d’androïds qui les rendra obsolètes.

Not All Robots - Par Mark Russell, Mike Deodato Jr et Lee Loughridge- Delcourt

Dans ce futur, les villes sont devenues des bulles, dans lesquelles les humains respirent un mélange gazeux contrôlé par les robots. Or, une "erreur" robotique sur ce gaz crée une asphyxie et entraîne la mort de 200 000 humains. La famille Walter, déjà divisée, se déchire, entre un père un peu naïf et une mère et ses enfants qui s’inquiètent de l’évolution de la situation et s’engagent dans un mouvement de résistance.

On comprend dès lors quels thèmes son abordés ici : notre dépendance voire notre asservissement à la technologie, mais aussi la capacité des robots à adopter, du fait de leur supériorité, un comportement dominant et toxique, assimilé au "masculin". Si la métaphore est intéressante, elle est cependant assez peu explicite : heureusement qu’une postface de Mark Russel, que l’on a connu plus inspiré pour se projeter dans l’avenir, permet de comprendre leurs intentions et de donner, a posteriori, un peu plus de sens à cet ensemble brouillon.

Si on comprend bien l’état du rapport de forces entre robots et humains, il reste difficile de comprendre sur quel registre les événements sont traités : s’agit-il de parodie, de philosophie, d’humour potache… ? La société dystopique qui leur sert de cadre est trop peu détaillée, et les personnages eux-mêmes manquent de profondeur et de crédibilité.

Le dessin de Mike Deodato Jr est réaliste (pour les humains, du moins) et paraît avoir été calqué sur des photographies, ensuite colorisées, ce qui donne la curieuse impression de lire un roman-photo d’un autre âge (passé, pour le coup) dans lequel les personnages ont des attitudes qui ne correspondent pas à leurs propos. La colorisation de Lee Loughridge apporte quant à elle des contrastes intéressants qui apporte par moments une ambiance très inquiétante.

(par Damien Boone)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782413047926

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