Elle n’en veut pas de l’amour éperdu de son collègue. Femme-flic solitaire, mal dans sa peau, elle court, sans cesse, dès qu’elle peut. Une respiration, un soulagement indispensable. Et l’enquête en cours qui piétine avec tout ça. Une joggeuse, justement, disparue dans la forêt. Pas d’indices, pas de suspects. Juste deux autres solitudes qui se côtoient au milieu des arbres : un preneur de sons de la nature, toujours coiffé de son casque, et la mère de la victime, qui tente de faire de son deuil une union avec la nature.
Pour son premier album en tant que scénariste -sans être auteur complet- Anthony Pastor reste dans son inspiration roman noir/polar/social. L’atmosphère mystérieuse ne quitte pas la moindre planche, et nous sommes volontairement perturbés par ces allers-retours entre le travail policier inefficace et les troubles de la jeune policière. Dont on ne connaîtra le prénom qu’à la dernière case... Mais est-ce le bon ?
Tout en ambiances aquarellées, Par la Forêt balaie l’intrigue policière pour se pencher sur plusieurs personnages terriblement seuls. Le commissariat apparaît aussi froid et tendu que le lotissement en bord de forêt dans lequel notre enquêtrice loge tristement. Incapable de supporter les sentiments profonds de son collègue, elle ne pressent pas le drame à venir.
Les auteurs ménagent de nombreux silences dans le récit, centrés sur le malaise des relations sociales. Pour y trouver finalement une esquisse de dialogue. On avance ainsi vers un peu de lumière, qui tente de percer dans le brouillard.
(par David TAUGIS)
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