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Pour son troisième numéro, le nouveau Métal Hurlant fait la fête

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 3 juin 2022                      Lien  
C’était hier soir au Point Éphémère à Paris. Jerry Frissen, le nouveau rédac-chef du Métal Hurlant du XXIe siècle, était venu spécialement de Los Angeles pour lancer le troisième numéro. Un enjeu important pour « la machine à rêver » qui a eu des débuts heureux mais quelque peu chaotiques. Comme toujours dans l’histoire de Métal. Hier, on a pu voir le verre à la main un étrange mélange de personnalités du Métal « Canal historique », Jean-Pierre Dionnet en tête, et toute une nouvelle génération de jeunes auteurs qui retrouvent dans cette publication une vibration que l’on avait un peu oubliée, un halo diffus du journal des Humanoïdes Associés créé en 1975 par un quarteron d’artistes d’exception qui rayonne encore jusqu’à aujourd’hui. Pari en passe d’être réussi pour Frissen : nous avons eu le 3e numéro en mains et la magie agit encore.

Rétroactes : en avril 2021, alors que la pandémie de la Covid fait rage, paraissait le premier numéro de Métal Hurlant que le talentueux éditeur des Cahiers de la bande dessinée, Vincent Bernière, avait eu l’idée de ressusciter à l’aide d’un financement participatif réussi..

Ce n’était pas la première fois que le mag des Humanoïdes Associés refaisait surface. Une version « comics » avait brièvement vu le jour en 2002. Mais là, Bernière avait réussi à fédérer une nouvelle génération d’auteurs de SF, avec Ugo Bienvenu en tête d’affiche, derrière son projet. Le nombre d’abonnés était suffisant pour envisager une poursuite profitable.

Pour son troisième numéro, le nouveau Métal Hurlant fait la fête
Jean-Pierre Dionnet, cofondateur et "ange tutélaire" de Métal, avec le réalisateur Jan Kounen.

Hélas, la relation entre Bernière et les Humanoïdes Associés, pour des raisons que l’Histoire relatera un jour, a tourné court : la société de Fabrice Giger a décidé de reprendre la main et dès le 2e numéro, c’est le scénariste et graphiste Jerry Frissen qui dirige le paquebot depuis Los Angeles. La société de Vincent Bernière, Vagator, devant transférer les abonnés vers le nouvel éditeur, l’opération s’est faite de façon laborieuse et plusieurs de nos lecteurs s’en sont plaints.

Jerry Frissen, rédacteur en chef de Métal Hurlant et Jean-Michel Nicollet, l’un des auteurs les plus iconiques du Métal "canal historique"

Le second numéro, constitué pour l’essentiel de replacements de planches mythiques des années d’or de Métal, avec quelques très bons textes, avait rencontré un vrai succès de vente. Le principe est d’ailleurs conservé : un numéro sur deux sera anthologique, l’autre étant constitué de créations inédites. C’est le cas de ce 3e numéro dont le thème semble soufflé par Elon Musk himself puisque qu’il s’agit du voyage sur Mars. Frissen a-t-il obtenu un financement de Space X qui permettra de placer Métal Hurlant sur orbite ? Tout est possible dans la dingue Amérique…

Un numéro 3 plutôt réussi

Toujours est-il que nous avons là un joli numéro qui, visuellement, s’inscrit dans l’héritage du Métal historique. Le sommaire est bluffant : il y a la génération historique avec Marc Caro, mais aussi celle d’autrices confirmées comme Virginie Augustin, Elene Usdin et Aimée De Jongh, les signatures prestigieuses de Frederik Peeters et Mark Waid, les talents de la nouvelle génération comme Richard Guérineau et même le Japonais Toru Terada. Un habile mélange entre les têtes d’affiche et les découvertes, de jeunes auteurs qui publient ici pour la première fois. On reconnaît là le travail de « tête chercheuse » de Jean-Pierre Dionnet, « ange tutélaire » du journal, mais aussi la détermination et la finesse de Jerry Frissen, qui est, nous l’avons dit, un vrai punk sous ses dehors placides.

Tonino Liberatore et Beb Deum découvrent le nouveau numéro de Métal.

Dans son édito, il fait le constat que Métal est « bien plus qu’un simple magazine » et il fait confiance aux auteurs et aux lecteurs qui savent où leur journal peut aller : « Ils pensent savoir ce qu’il faut faire et ils ont raison, tous, même celui qui me traite d’enculé » conclut-il en faisant allusion aux lettres d’insultes qu’il a reçues depuis la prise en charge de son poste de rédacteur-en-chef.

Chantal Montellier et Jerry Frissen. Le féminisme retrouvera-t-il le chemin des Humanoïdes Associés ?

En feuilletant les pages, l’idée nous vient que tout cela est éminemment créatif, beau parfois, comme dans le Métal des origines, mais… manque un peu de subversion. Où sont les éditos de Dionnet parlant de ses masturbations devant les vidéos porno, les vociférations à l’emporte-pièce de Joë Staline (pseudo commun de la rédaction), les séquences torrides à la The Long Tomorrow ? «  On ne peut plus se permettre aujourd’hui la subversion d’hier » nous dit Richard Marazano, présent hier soir. « Moi, je n’ai rien contre, cela s’est présenté comme cela », nous dit Jerry Frissen. À bon entendeur…

Le journaliste Christophe Quillien, co-auteur de "Mes Moires" de Jean-Pierre Dionnet (au centre) et Marlène Agius, d’ActuaBD.com

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782731629477

Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Métal Hurlant Les Humanoïdes Associés à partir de 13 ans France Marché de la BD : Faits & chiffres
 
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9 Messages :
  • Ça ne sent pas la jeunesse tout ça !

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    • Répondu par jeune le 3 juin 2022 à  21:15 :

      Si : les jeunes sont là mais comment ne pas être éclipsé par le casting original ? Il faudra être patient et les surpasser

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      • Répondu le 3 juin 2022 à  22:17 :

        Quel contraste avec la fête de lancement du numéro 1, qui avait lieu au même endroit… il est clair que les Humanos ont utilisé Vincent Berniére pour le jeter ensuite et essayer de le plumer au passage… tout ça n’est pas très joli, je vais plutôt me relire un vieil album de Moebius…

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        • Répondu par chantal Montellier le 4 juin 2022 à  10:29 :

          Des vieux, des voleurs, des salauds, contrairement aux jeunes gens angéliques qui sévissent dans ces lieux d’une propreté et d’une jeunesse éblouissantes.

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          • Répondu le 4 juin 2022 à  13:50 :

            Ben c’est pareil partout et à tout âge, y a pas spécialement d’illusions à se faire sur l’espèce humaine. C’est d’ailleurs un thème de science-fiction maintes fois rebattu.

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    • Répondu par Marazano le 5 juin 2022 à  01:38 :

      Il y avait de très jeunes autrices et auteurs présents, qui travaillent déjà à la réalisation d’histoires pour les prochains numéros, et la rédaction les y encourage beaucoup. C’est quelque chose que je n’avais pas vu dans la profession depuis assez longtemps, du moins de manière aussi volontaire de la part d’une rédaction. il y a la volonté de créer une nouvelle vague de jeunes auteurs de science fiction et de fantastique et c’est assez enthousiasmant...

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  • Pas à la hauteur
    9 juin 2022 21:47, par Fabien

    Ambience terne, maquette froide, rédac sans passion, bref on s’ennuie. On dirait une version amateur de Metal Hurlant. On est loin, très loin, des Moeb, Bilal, Druillet etc.. Que des nouveaux jeunes avec des influences médiocres. A part une ou deux histoires réalistes plutôt bien dessinées, le reste c’est du niveau "roman graphique" au faible dessin. On voit que ces nouveaux ne connaissent rien à la SF. Ca va se planter comme pour les deux dernières tentatives. C’est pas pour rien que Bilal, Margerin et les autres ont quitté les Humanos... Quelle débâcle. Le rêve est fini

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    • Répondu par Lola le 15 juin 2022 à  07:14 :

      Ambiance géniale, maquette de "vacances sur mars" d’une grande diversité ( Froide sur mars ??? ), une rédaction qui trouve de nouvelles plumes magnifiques... on ne doit pas lire la même revue 😂

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      • Répondu le 15 juin 2022 à  10:18 :

        On ne doit surtout pas avoir la même arrière-pensée avant de poster son commentaire.

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