1743. Le Marquis Charles de Valcourt sent qu’il arrive au soir de sa vie et qu’il lui faut penser à sa succession. Il met de l’ordre dans ses affaires.
L’aristocrate convoque son fils Philippe pour lui faire ses griefs : il est coupable de contrefaire sa signature pour hypothéquer le château familial. Le vieil homme désire en conséquence déshériter en grande partie son fils en faveur de Jolanne, une fille qu’il a eue avec l’une de ses gouvernantes. Philippe, lui, est prêt à tout pour la bâtarde ne mette pas le nez dans ses affaires.
En août 2008, Alcante nous présentait cette série, qui sera développée en huit albums : « c’est une histoire très “Angélique, marquise des Anges”, mais sur fond d’Inde au XVIIIe siècle, parce qu’il y a eu quelques années durant lesquelles l’Inde a failli devenir française, et non anglaise... Et ça a tenu à peu de choses. Ce serait bien d’avoir ça en arrière-plan, avec une héroïne, et puis tout le machin des feuilletons : trahison, amour, vengeance, un peu à l’ancienne... ».
Bâtarde, ce premier tome se déroule dans le Massif Central. La mécanique de l’histoire est celle évoquée par Didier Alcante. Tous les ingrédients d’un feuilleton classique sont dans ce récit. Cela fait « cliché », mais la grande force du scénario de Jean Van Hamme et de Didier Alcante réside précisément dans une lisibilité attendue qui favorise d’autant mieux et les retournements de situation à grand spectacle. Le plaisir à tourner les pages est évident.
Francis Vallès concède qu’il ne se sentait pas à son aise dans le registre contemporain qui était le sien ces derniers temps. Après avoir illustré Rafales (scénario de Desberg, au Lombard), il retrouve une certaine aisance le récit en costumes de ses débuts [1]. Il fait preuve d’une extrême minutie dans la représentation des décors. Jolanne, l’héroïne insoumise de Rani est à la fois rebelle et élégante. On regrette simplement que son dessin n’est pas mieux mis en évidence par les couleurs de Christian Favrelle. Ses tons sont chaleureux, mais leur rendu est malheureusement assez froid. En dépit de ce petit bémol, Rani possède tous les atouts pour rencontrer le succès.
(par Nicolas Anspach)
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