Une rencontre, puis une découverte, pour aboutir à une volonté de partage. Lelio se lance sur les pas de Fabio, installé en Égypte, à la découverte des Bédouins. Un périple d’une tribu à l’autre, avec une volonté de connaître les valeurs profondes de cette communauté. Transmission, culture orale, rôle des femmes, rapport au temps : autant de thèmes essentiels qui questionnent les obsessions occidentales modernes.
Présenté sous la forme d’un reportage dessiné, dans lequel les deux protagonistes se mettent en scène, Sinaï creuse son sujet avec une passion teintée d’émerveillement presque naïve. On y découvre des bédouins pleins de sagesse, ouverts, et surtout accueillants. Une vertu érigée en obligation morale dans cette région.
Dans la plongée hors du temps qui se déploie sur plus de 160 pages, on prend une véritable leçon de philosophie. Avec si peu, les Bédouins conservent leur richesse, leurs valeurs, bannissant la violence et vantant la tolérance. D’autant plus pertinent que leur histoire leur fait croiser les trois religions monothéistes.
Si le récit frôle parfois l’admiration béate, il ne dévie jamais de son point de vue humaniste, et en cela s’adresse à un public qui n’exclut pas les jeunes lecteurs et lectrices. Le dessin moderne, tout en légèreté précise, met bien en valeur les paysages et les personnalités. Un petit bémol pour les couleurs pas toujours convaincantes, en particulier pour les extérieurs.
Sinaï se referme avec le sentiment bienfaisant d’avoir rencontré des gens biens, qui résistent aux sirènes du pouvoir et de la consommation. Les proverbes et histoires qui parsèment les planches ont le goût de sucreries intemporelles. Une parmi d’autres :
un vendeur de machines à café tente de convaincre un bédouin :
Elle peut faire un café en une minute !
Et tout le reste du temps, je fais quoi ? Répond-t-il...
(par David TAUGIS)
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