Un été sous le signe du manga à la Cité d’Angoulême

Celui-ci n’est d’ailleurs pas nouveau, puisque le sillon se creuse vraiment en France depuis plus de vingt ans, suite à la traduction par Glénat d’une édition américaine d’Akira de Katsuhiro Ôtomo, en 1990. Le manga a même fini par susciter un tel engouement que l’Hexagone est devenu aujourd’hui le premier pays importateur (36,11 % des nouveautés publiées en 2011), devant les États-Unis.

Ces derniers ont, en ce domaine, vite oublié un vieux ressentiment de fond pour un antagoniste de la Deuxième Guerre mondiale afin de mieux succomber aux joies plus pacifiques de l’attractive culture populaire et du Soft Power
nippons.

Séquence autour de Katsuhiro Ôtomo et « Akira »

© 2012 Florian Rubis

Mangapolis : la cité japonaise à la Cité

Pour ce qui concerne les événements angoumoisins, le plat de résistance sera constitué par une exposition traitant du paysage urbain et de Tôkyô, en tant que décor ou « personnage à part entière » de la bande dessinée japonaise. Mangapolis, la ville japonaise contemporaine dans le manga, découle d’un partenariat entre la Maison de l’Architecture de Poitou-Charentes, dirigée par Stéphane Duval, également éditeur de mangas (Le Lézard Noir), la Maison de l’Architecture et de la Ville du Nord-Pas-de-Calais de Lille et la Cité. Où elle sera visible du 30 juin au 7 octobre 2012.

Un choix esthétique reposant sur la symbolique de l’échafaudage en bambou, omniprésent sur les chantiers de construction en Asie, dû à Ludovic Smagghe (agence Nouvelle Dimension)

© 2012 Stéphane Duval

Le Commissaire de l’exposition, Xavier Guilbert, rédacteur en chef de du9.org, qui a vécu cinq ans au Japon, communique l’envie de la découvrir dans un entretien accordé à notre site.

Elle est conçue afin de s’adresser à un large public. Plus d’une trentaine d’auteurs et titres relatifs au thème traité, de façon variée, sont concernés, quelques Occidentaux connus pour des parcours liés à l’Archipel.

Photo d’une statue géante au Japon de Tetsujin 28, robot de Mitsuteru Yokoyama

© 2012 Florian Rubis

Autres expositions présentées

Parmi les autres expositions, Jirô Taniguchi, éloge du détour revient sur ses récits tournant autour du thème du marcheur contemplatif (L’homme qui marche, Le Promeneur et autres, chez Casterman). S’il tend à en abuser parfois, cet auteur nippon présente, on le sait, le mérite d’avoir amené beaucoup de lecteurs de franco-belge au manga.

Dreamland (Pika), de Reno Lemaire, attire l’attention sur une série vedette du manfra, le manga « made in France », puisant ses éléments constitutifs à leur croisée.

Une autre exposition sera consacrée au film d’animation Tatsumi, d’Éric Khoo, cinéaste singapourien fasciné par l’un des initiateurs du gekiga, à l’origine du manga actuel dans sa forme la plus adulte : Yoshihiro Tatsumi.

S’y ajoutera une sélection de portraits d’artistes japonais du photographe Nicolas Guérin.

Par contre, une exposition initialement prévue concernant Dragon Ball (Glénat) d’Akira Toriyama ne pourra être vue, pour cause de gros dommages subis lors d’un récent transport.

Atelier avec des enfants

© 2012 Stéphane Duval

Université d’été

Du 2 au 4 juillet, une Université d’été au programme très complet (Mangaphilie, mangafolie ?) analyse le « phénomène manga » : aspects éditoriaux ou économiques, en Occident et au Japon, manga d’auteur, bande dessinée franco-belge au pays du Soleil levant, les lecteurs ou les ados et le manga, manga numérique, scantrad, évolution vers une bande dessinée globale.

L’occasion de « poursuivre le voyage » sera offerte par des rencontres et une programmation de films, des ateliers ou des stages pour enfants et adultes.