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Zep fait sa rentrée rue de Sèvres

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 3 septembre 2013                      Lien  
Cette année, Zep fait sa rentrée avec un album aussi inattendu que personnel : "Une histoire d'hommes". Et c'est le tout nouvel label du Groupe École des Loisirs, Rue de Sèvres, qui en est l'éditeur.
Zep fait sa rentrée rue de Sèvres
« Une Histoire d’hommes »
Ed. Rue de Sèvres, parution le 11 septembre 2013.

Zep se lance dans une nouvelle aventure éditoriale sans ce qui a fait son succès : le dessin d’humour, et sans sa martingale nommée Titeuf. Prise de risque ? Sans doute. Le dessinateur suisse peut se le permettre, à l’âge qu’il a et avec la carrière qui est la sienne. Cela donne un album réaliste aux couleurs sobres, élégant et sensible, qui s’ouvre sur une guitare électrique et sur une dédicace : "à tous mes groupes : Cap lib, Titi et les Raw Minets, Zeo ’n Greg, Bluk Bluk, Alice in the Kernerland... et à Mélanie.". On comprend que l’album sera un hymne nostalgique au Rock et à l’amour. Mais la couverture nous donne la couleur : ce sera une chanson triste.

Dans le huis-clos d’un manoir du Wiltshire, un groupe de Rock se reforme vingt ans après sa dissolution. Son leader, Sandro, a fait une carrière à succès, solo. Les autres membres ont fait leur bonhomme de chemin, plus ou moins dans l’ombre. À la demande de Sandro, ils se retrouvent... Qu’a-t-il à leur révéler ? Tout au long d’une intrigue parfaitement construite, Zep soulève des interrogations aux frontières de l’autofiction : que doit-on sacrifier de l’amitié, de l’amour ou de la famille pour accéder au succès ? Faut-il un drame comme la perte d’un enfant pour en prendre conscience ?

Zep, « Une Histoire d’hommes », Ed. Rue de Sèvres

Comment un album aussi personnel a-t-il pu arriver chez un nouvel éditeur, Rue de Sèvres ? "À la base, c’est Louis Delas qui est venu vers moi parce qu’il a en a entendu parler à la radio", nous explique le dessinateur suisse. Louis Delas, ancien éditeur de Vents d’Ouest (groupe Glénat) devenu PDG de Casterman avant de prendre la direction de son groupe familial, L’École des Loisirs.

Le journaliste Vincent Josse fait sur France Inter une émission intitulée L’Atelier où il interviewe des artistes sur leur lieu de travail. Ce jour-là, il rend visite à Zep : "J’étais en train de bosser sur les toutes premières pages d’Une Histoire d’hommes. J’en étais au stade du croquis de premières pages. Il est là à me demander ce que je fais et je lui parle de ce que je vais raconter, comment on reste bloqué dans l’adolescence quand on écoute du Rock, que cela en devient comme une religion... Ça dure trois heures, je ne sais pas ce qu’il va en faire au montage... Le lendemain, l’émission passe et Louis Delas l’entend. Il adore l’idée du bouquin, appelle mon agent Jean-Claude Camano et lui dit : "Je veux faire ce bouquin avec lui." Il est tellement enthousiaste qu’on se met d’accord."

Zep, « Une Histoire d’hommes », Ed. Rue de Sèvres
La galerie Barbier et Mathon expose les planches originales et les travaux préparatoires d’ « Une histoire d’hommes » (esquisses, story-boards, premières versions dessinées) du 12 septembre au 2 octobre 2013, de 14h à 19h 30.

Il aurait aussi bien pu apporter ce bouquin à Glénat, l’éditeur de Titeuf : "Chacun de mes projets a son éditeur. Si Glénat est l’éditeur qu’il faut pour Titeuf, il n’est pas sûr qu’il soit celui pour Une Histoire d’hommes. Louis était vraiment très convaincant pour faire ce livre avec moi. Il a quelque chose d’assez drôle à le retrouver : Je l’avais connu à mes débuts, alors qu’il était chez Vents d’Ouest. On a tous les deux fait du chemin et puis là, on se retrouve tous les deux sur un nouveau départ. Cette idée-là m’a plu."

Cela donne l’un des livres les plus marquants de la rentrée. Le créateur de Titeuf, comme son héros, est un grand sentimental.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

Zep, « Une Histoire d’hommes », Rue de Sèvres, 2013, 64 p., parution le 11 septembre 2013.

- Lire l’interview de Zep sur ActuaBD.com

Galerie Barbier et Mathon,
10, rue Choron, 75009 Paris,
métro Notre-Dame-de-Lorette.

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9 Messages :
  • Zep fait sa rentrée rue de Sèvres
    3 septembre 2013 13:59

    Comment un album aussi personnel a-t-il pu arriver chez un nouvel éditeur, Rue de Sèvres ?

    Facile, c’est Zep, celui qui a déjà vendu des millions d’albums. Il pourrait sortir un livre de cuisine ou un guide du tricot qu’il trouverait des tas d’éditeurs à ses pieds.

    Sinon ça me fait penser aux bouquins de Jim.

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  • Zep fait sa rentrée rue de Sèvres
    3 septembre 2013 14:49, par Sergio Salma

    Pardon de couper les cheveux en quatre, cher Didier , mais ne faudrait-il pas trouver un autre qualificatif quand on parle d’un ouvrage écrit dans une veine plus dramatique ? Qualifier Une histoire d’hommes d’album personnel revient à dire que Titeuf ou l’enfer des concerts ne le seraient pas, personnels ? Ce serait plutôt un récit intimiste ? On ne peut même pas dire qu’il s’agit là d’autobiographie puisque c’est romancé ; Zep puise dans un autre terreau mais sans pour autant travailler dans une voie plus élitiste, sa démarche "personnelle" pourrait très bien rencontrer un énorme succès.

    Je trouve Titeuf très personnel et il y a sans doute exposé aussi toute une série de souvenirs ou autres expériences. Mais l’humeur générale est évidemment diamétralement opposée. Je vous sais gré de n’avoir en tout cas pas utilisé la formule " œuvre d’auteur" , je vous aurais illico envoyé le même genre de commentaire.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 3 septembre 2013 à  15:57 :

      Pardon de couper les cheveux en quatre, cher Didier , mais ne faudrait-il pas trouver un autre qualificatif quand on parle d’un ouvrage écrit dans une veine plus dramatique ? Qualifier Une histoire d’hommes d’album personnel revient à dire que Titeuf ou l’enfer des concerts ne le seraient pas, personnels ?

      Bah, j’entends "personnel" dans le sens : "Qui est propre à une personne, qui lui appartient en particulier." Dans l’entretien qu’il nous a accordé, à Charles-Louis et à moi, il décrit combien cela rejoint des préoccupations personnelles qui ne sauraient trouver leur place ailleurs. Donc oui, c’est un poil capillotracté en ce qui te concerne...

      Ce serait plutôt un récit intimiste ? On ne peut même pas dire qu’il s’agit là d’autobiographie puisque c’est romancé ; Zep puise dans un autre terreau mais sans pour autant travailler dans une voie plus élitiste, sa démarche "personnelle" pourrait très bien rencontrer un énorme succès.

      Dans mon article, j’évoque un album "aux frontières de l’autofiction". Je ne peux être plus clair. L’éditeur met 100.000 ex en place, quand même.

      Je trouve Titeuf très personnel et il y a sans doute exposé aussi toute une série de souvenirs ou autres expériences. Mais l’humeur générale est évidemment diamétralement opposée. Je vous sais gré de n’avoir en tout cas pas utilisé la formule " œuvre d’auteur" , je vous aurais illico envoyé le même genre de commentaire.

      Toujours les bienvenus, cher Sergio.

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      • Répondu par Sergio Salma le 4 septembre 2013 à  12:07 :

        Cela dit, ce "reproche" ne s’adressait pas vraiment à vous directement mais disons à tous ceux qui relatent ce genre de démarche. En tant qu’auteur, j’y ai eu droit et j’ai dû maintes fois expliquer que l’une et l’autre démarche sont éminemment personnelles. On peut dire qu’un auteur verse dans l’impersonnel quand on lui commande un travail de com ou de publicité ( et encore). Il y a là une hiérarchie qui mine de rien est insidieuse et qui tend à dénigrer, dans le pays du droit d’Auteur du moins, le talent dans ce qu’il a de plus quotidien. Il y a des frontières très floues quant à la notion de travail d’auteur. La bande dessinée n’a jamais su les établir ; la faute parfois à de simples habitudes de langage.

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  • Zep fait sa rentrée rue de Sèvres
    20 septembre 2013 23:43, par Dom

    J’ai trouvé cet album magnifique.Une histoire de quadras faisant le bilan de leurs vies sur fond de rock’n’roll (Led-Zep, Bowie, Nick Cave).C’est touchant,plein d’humanité et de sincérité.
    Le dessin réaliste de Zep est très beau et accompagne parfaitement cette plongée dans l’intime. Je suis toujours admirative des dessinateurs d’humour qui se mettent en danger en s’attaquant au dessin réaliste, comme Clarke, Colonnier ou un peu moins réaliste comme Fournier ou Salma, aujourd’hui c’est au tour de Zep qui s’en sort très bien, ça rappelle ses carnets de croquis sortis il y a 2 ans.Le seul reproche qu’on pourrait lui faire, c’est que ça se lit trop vite, on voudrait rester plus longtemps en compagnie de ces personnages qu’on a appris à connaitre et qui sont devenus comme des amis.

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    • Répondu par Ben Jamin le 21 septembre 2013 à  17:01 :

      Mes collègues et amis qui l’ont lu l’ont tous apprécié, je vais donc me l’offrir la semaine prochaine. Un coup d’essai magistral pour l’éditeur qui n’aura aucun mal à régler ses premières dépenses.
      Et qui sait, peut-etre nominé à Angoulême ?

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    • Répondu le 21 septembre 2013 à  21:40 :

      Je suis toujours admirative des dessinateurs d’humour qui se mettent en danger en s’attaquant au dessin réaliste

      L’inverse existe plus souvent mais ça n’épate personne.

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  • Zep fait sa rentrée rue de Sèvres
    27 septembre 2013 16:16, par Puissereux

    Un style Gipi, Le Local 20 ans après. Très réussi cet album.

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